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Le temps de devenir personnel de direction
Il y a maintenant presque deux ans, je me suis lancée dans une aventure unique, sans savoir exactement où celle-ci me mènerait. Quasiment sur un coup de tête, je m’inscrivais au concours de personnel de direction de l’Éducation nationale et me retrouvais, un matin froid de janvier en direction du SIEC1 pour cinq heures de note de synthèse avec, comme bagage à main, un stylo plume, un effaceur et la montre Pat Patrouille de ma fille.
Après quelques semaines et mois semés d’embuches et le concours en poche, je me suis retrouvée dans un collège parisien en poste pour ma première année de principale adjointe.
Issue du premier degré, avec quelques années de décharge syndicale derrière moi, autant dire que l’atterrissage a été un peu dur. Éloignée des codes du second degré, je découvrais tout en même temps : le collège, la fonction, les acronymes et… Pronote.
Ce premier mois de septembre-là m’a fait pleurer des larmes de sang devant mon écran, regrettant qu’aucune formation préalable à la prise de poste ne soit organisée. Pronote et EDT2, ces applications indispensables et qui semblent impossibles à apprivoiser, mais aussi sources de petites victoires quotidiennes, à chaque nouvelle fonctionnalité maitrisée.
Ma plus grande inquiétude était celle d’une profession trop administrative, déconnectée des élèves et des collègues enseignants et personnels éducatifs.
C’est peut-être un des écueils à éviter : il serait facile, dans la fonction d’adjoint, de s’enfermer dans une gestion administrative du collège, les emplois du temps, l’organisation des examens, les plannings divers et variés pour la multitude des épreuves à faire passer aux élèves : PIX, Ev@lang, ASSR (attestation scolaire de sécurité routière), etc. Mais j’ai appris à travailler la porte ouverte, à disposition des enseignants, à l’écoute des élèves qui en ont besoin et à l’accompagnement des parcours multiples que peuvent être ceux de nos élèves.
Souvent, les adjoints ont dans leurs missions la gestion des emplois du temps, le suivi des élèves à besoins particuliers, les ESS (équipes de suivi de scolarisation, chargées du suivi des décisions de la maison départementale des personnes handicapées), les épreuves communes et l’organisation du Brevet, l’animation du CESCE (Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté) et le lien avec la vie scolaire. De nombreuses missions qui peuvent être chronophages.
La gestion de notre agenda, s’astreindre à suivre un emploi du temps personnel de manière parfois stricte, sont aussi des éléments qui doivent nous permettre de garder la tête hors de l’eau et de prendre du recul sur certaines demandes qui, bien souvent, peuvent attendre le lendemain. Arriver plus tard un matin (pour emmener ses enfants à l’école par exemple) ou se promettre de ne jamais quitter l’établissement après une certaine heure, cela ne fait pas de nous de mauvais professionnels mais, bien au contraire, des personnels qui savent concilier vie privée et vie professionnelle.
En fait, j’ai été étonnée par la multitude des tâches qui jalonnent nos journées, du temps qui passe si vite que je n’ai plus besoin de recharger mon téléphone au cours d’une journée, tant je n’ai pas le temps de l’utiliser, et de cette proximité avec les élèves, que j’avais craint de perdre.
Je me suis promis, en cette deuxième rentrée, de gérer l’année avec un rétroplanning mieux appréhendé, sans avoir la sensation perpétuelle qu’à chaque tâche terminée, une nouvelle se tenait en embuscade, sans m’avoir prévenue.
Ç’a été une année bien chargée, d’autant plus que l’année de stage nous fait cumuler le poste et les temps de formation, et si ces temps-là nous donnent parfois la sensation de « prendre du retard » sur nos missions au collège, ils sont aussi ceux, indispensables, qui nous permettent de prendre du recul sur notre entrée en fonction, sur notre positionnement en tant que chef d’établissement et qui nous font partager nos expériences avec les collègues de notre promo qui devraient rester, à l’avenir, des relations privilégiées.
Pas une seule seconde je n’ai regretté ce choix et cette nouvelle aventure professionnelle qui s’est offerte à moi, sauf peut-être les premiers jours, quand on arrive au collège à l’heure où, préalablement, sonnait notre réveil. Mais ça, on ne s’y fera jamais, si ?
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