Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !
Rencontres internationales de la classe dehors : essai transformé !

Benjamin Gentils : Il y a eu 230 ateliers et tables rondes, plus de 200 partenaires présents, 2 200 participants en formation professionnelle (soit 10 % de plus par rapport aux rencontres de 2023 à Poitiers), 400 enfants sur le terrain d’aventure installé dans le parc du 26e Centenaire et 1 000 enfants environ au total dans les activités proposées sur place, et 7 000 enfants dehors (entre le 14 et le 21 mai) dans le cadre du projet Les enfants enchantent Marseille (et nous savons que beaucoup d’enfants sont sortis sans que les enseignantes et enseignants se soient manifestés auprès de nous).
Laure Pillot : J’ajouterai que la Librairie dehors de ces rencontres, tenue par la librairie marseillaise Le Poisson Lune a très bien marché. Il y avait 350 références, dans différentes thématiques (construction de cabanes, pédagogie du dehors, droits des enfants, etc.), et la liste a été élaborée avec les recommandations des participants et la production des partenaires. C’était une proposition très construite, au service des valeurs de l’événement.
Il faut aussi parler du symposium qui s’est tenu à l’Inspé d’Aix-Marseille le jeudi 15 mai, en partenariat avec la Haute École pédagogique de Vaud et La Fabrique des communs pédagogiques. Dans la matinée a eu lieu une formation de formateurs réunissant soixante-dix formateurs francophones de six pays (Autriche, Belgique, France, Italie, Québec, Suisse), avec une conférence scientifique de Robert Nehfort, professeur à la Haute école pédagogique du Burgenland, en Autriche, puis un travail en groupe pour commencer à réflechir à des contenus de formation. Cela a un impact énorme, car tout le monde retourne ensuite dans son institut de formation pour diffuser ces contenus. Et nous allons continuer à travailler ensemble.
B. G. : Oui, entre ce symposium, les ateliers et les tables rondes, ces rencontres ont été un moment important de formation professionnelle de haut niveau. Tous les acteurs mobilisés ont envie de donner suite, malgré quelques difficultés logistiques inévitables dans ce genre d’événement.
Nous avons aussi lancé Les Voix de l’éducation avec les Cahiers pédagogiques et le Café pédagogique, enregistré près de 50 vidéos. Il reste à financer et consolider ce média.
Le premier essai de 2023 à Poitiers a été confirmé à Marseille en 2025. La Fabrique des communs pédagogiques a ainsi démontré qu’elle est un acteur en mesure d’accompagner des politiques publiques transversales, un acteur ancré dans le paysage éducatif.
L. P. : Avec ces rencontres, nous avons beaucoup d’expériences et de contenus à capitaliser pour les années qui viennent.
B. G. : Outre la capacité de l’équipe de la Fabrique des communs pédagogiques à s’adapter à un cadre très complexe, j’ai envie de parler des banderoles réalisées par les enfants. Il y avait cette année beaucoup de formes d’expression créative.
L. P. : Oui, l’éducation artistique et culturelle (EAC) a été une spécificité cette année, davantage qu’à Poitiers, parce que nous avons bénéficié d’une mise en réseau préexistante des structures municipales (notamment les bibliothèques) et associatives qui font de l’EAC avec les enfants marseillais, grâce notamment au chargé de mission à l’éducation artistique et culturelle de la ville de Marseille, Cédric Fabre. Au-delà des ateliers qui ont été proposés dans le parc du 26e Centenaire, des sorties dans le cadre des Enfants enchantent Marseille ont eu lieu dans des lieux artistiques.
Il y a notamment à Marseille un important tissu associatif autour de la lecture qui a permis que la lecture dehors soit un axe important et nouveau pour ces rencontres.
Nous avons été très sensibles à ce que nous avait dit un IEN de la Sarthe, Éric Fleurat, décédé l’été dernier, à qui étaient dédiées ces rencontres : pour lui, la classe dehors, c’était avant tout pour enseigner les fondamentaux. Or, la lecture fait partie des fondamentaux scolaires mais aussi dans l’éducation populaire : on rejoint la dimension de la coéducation. Comme c’est une pratique très familière pour les enseignants, c’est une porte très intéressante pour entrer en classe dehors, avec peu de moyens. En sortant pour une séance de lecture, un enseignant peut être sûr d’être dans ses missions, et il ou elle pourra s’accrocher à cette pratique très rassurante pour mettre en place plein d’autres choses. Je compare souvent ça à la pratique du compostage : un petit geste dans la cuisine, mais qui peut contribuer à rétablir la fertilité des sols à une vaste échelle si on le massifie et qu’on le fait en ayant conscience du processus.
Nous avons d’ailleurs fait un gros travail sur les ressources autour de la lecture dehors, qui se prolongera au-delà de l’événement.
Et pour ce qui est des adultes, le livre est un support de conversation et de rencontre entre des professionnels de l’accompagnement des enfants issus de différents corps et métiers. Pendant ces quatre jours, grâce à la librairie, il y avait les livres, les gens qui avaient écrit les livres, ceux qui les avaient lus et qui en parlaient.
Enfin, un dernier axe important cette année a été l’accueil d’une délégation de Mayotte, avec des temps consacrés à la situation dans l’ile après le passage du cyclone Chido. Il y aura surement une proposition autour de la lecture dehors pour contribuer à la reconstruction de l’éducation à Mayotte.
B. G. : C’est une proposition de loi transpartisane des députées Florence Hérouin Léautey (PS-NFP) et Graziella Melchior (Renaissance), et leur collègue Jérémie Iordanoff (Les Écologistes-NFP), qui devrait être déposée en fin de semaine. L’objectif est d’inscrire l’éducation dehors et au contact nature dans le Code de l’éducation, afin qu’elle devienne « un pilier fondamental de l’école pour former des citoyens conscients, résilients et engagés » – je cite le texte. Elle ne concerne pas uniquement la classe mais aussi le périscolaire, et les députés se sont mis d’accord le jour même aux Rencontres pour ajouter un article sur la petite enfance. Cette loi, si elle est votée, incitera à inscrire l’éducation dehors dans les projets éducatifs territoriaux (PEDT) et les projets d’école et d’établissement, ainsi qu’à la création d’un réseau national de formateurs.
Mais déposer une loi, ce n’est pas voter une loi, il y a encore du chemin. Et pour le cas où il y aurait une nouvelle dissolution de l’Assemblée prochainement, la même proposition de loi va également être déposée au Sénat, dans les mêmes termes et avec la même alliance transpartisane. D’après nos contacts auprès des différents groupes, cela semble faire consensus sur l’échiquier politique.
B. G. : Ce sera la surprise, nous n’avons rien à annoncer pour le moment. Mais nous allons continuer les webinaires mensuels et les quatre saisons de la classe dehors pour aider les enseignantes et les enseignants au quotidien.
L. P. : S’il y a un événement dans deux ans, ce sera en mai 2027, au moment de l’élection présidentielle. Ce serait un moment important à partager entre professionnels de l’enfance avant une telle échéance !
À lire également sur notre site
La classe dehors pour faire évoluer la société par Céline Cael et Jeanne-Claude Mori
Enseigner dehors : le métier d’enseignant en question, par Aurélie Zwang
13 photos pour vivre une balade sociologique, par Céline Cael et Laurent Reynaud
Un bilan enthousiasmant pour les Rencontres internationales de la classe dehors, par Jean-Michel Zakhartchouk
« La classe dehors, c’est aussi une question de santé ! », entretien avec Moïna Fauchier-Delavigne
La classe dehors, une respiration collective, par Monique Royer