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Ma première rentrée de perdir
Comment appréhende-t-on la rentrée lorsque l’on débute comme personnel de direction (perdir) ? Pour cette principale adjointe, c’est une vague qui l’emporte plutôt qu’elle ne la submerge. Jusqu’à une certitude tranquille.
À chaque fois que l’on me demande de décrire ma toute première rentrée de personnel de direction (perdir), je prends l’image de la vague. Le 17 aout, après emménagement dans le logement de fonction, la vague est visible, à l’horizon, la mer est calme. Les bâtiments sont vides, je les arpente. Je m’imprègne des lieux. C’est ma première rentrée.
La deuxième rentrée commence le 23 aout, la nouvelle cheffe d’établissement s’installe aussi et prend ses marques. Je salue chaque personne que je croise, nous échangeons quelques mots. C’est aussi le début de la formation académique, la vague s’approche, je sens déjà des gouttelettes.
31 aout, la vague est là, juste au-dessus de moi. Demain, c’est le grand jour. La vraie rentrée. La vraie rentrée, pour un perdir, c’est celle que l’on fait devant les professeurs et les personnels qui, eux, font leur prérentrée. Je ne dors pas beaucoup cette nuit-là, mais je suis prête, je le sens, je le sais.
Jour J ! La vague m’emporte, c’est parti. Je suis cheffe d’établissement adjointe. Je m’affirme dans cette posture qui est désormais la mienne. J’écoute beaucoup. Je négocie avec certains pour qu’ils acceptent d’être professeur principal, cela me coute une plaque de chocolat. Malgré la vague, je reste moi. Des sourires, une touche d’humour et des valeurs.
L’arrivée des élèves
Jour J bis. C’est la rentrée des élèves. Je suis chargée de la rentrée des 6e, la proviseure fait celle des 2de. Ils sont cent, cent paires de yeux qui me regardent, les parents sont là aussi. Je me rends compte que perdir est un métier où l’on est beaucoup observé. Heureusement, je peux compter sur la super CPE (conseillère principale d’éducation) du collège qui m’épaule sur certaines questions.
Jour J ter. Toutes les autres classes rentrent et cette fois-ci, je me retrouve sous la vague. Les demandes pleuvent de partout : hiérarchie, parents, professeurs, élèves. Et les mails… Tu en traites un, trois nouveaux arrivent. J’ai l’impression d’être Sisyphe avec son rocher.
Les jours s’enchaînent, chaque jour est différent. Je travaille beaucoup, ce métier est grisant. Je gère à côté mes enfants que je ne dois pas oublier. On s’adapte. Dix jours après le jour J, j’ai une certitude : je ne me suis pas trompée. J’aime ce que je fais et j’espère le faire au mieux, longtemps, surfant sur la vague qui toujours nous porte. Celle de nos convictions, de nos espoirs, pour nos élèves, pour nos équipes.
Amélie Canton-Kowalski
Principale adjointe dans l’académie de Reims
Sur notre librairie :
N° 539, « Pouvoir d’agir et autonomie, de l’école au lycée »
Coordonné par Michèle Amiel et Gwenaël Le Guevel
Prendre des initiatives, engager un processus de décision, animer une équipe, mettre en place une innovation, etc. Est-ce le domaine réservé du directeur d’école, de l’IEN, du chef d’établissement ? Au bout du compte, l’augmentation du pouvoir dans un établissement autonome, c’est celle du chef ou celle des personnels ?