Cnesco : mettre la recherche et le consensus au centre des débats

Le Cnesco (Centre national d’étude des systèmes scolaires) a 10 ans ! L’occasion pour le Centre de rappeler sa méthode de travail, à la fois scientifique et participative, et de présenter son programme pour les mois à venir, lors d’un évènement où les intervenants ont souligné les apports de ses travaux.

Créé par la loi de refondation de l’école du 8 juillet 2013, le Cnesco, d’abord appelé Conseil national pour l’évaluation du système scolaire, est aujourd’hui coprésidé par Agnès Florin, professeure émérite de psychologie de l’enfant à l’université de Nantes, et coprésidente du Cnesco avec André Tricot, professeur de psychologie cognitive à l’université Paul-Valéry Montpellier 3. Le Cnesco est rattaché au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) depuis 2019.

Pendant dix ans, sept conférences de consensus et huit conférences de comparaisons internationales ont été organisées, et 130 rapports scientifiques et contributions de chercheurs publiés, sur des thématiques allant des « pratiques pédagogiques dans la classe et l’établissement, en passant par les politiques scolaires, jusqu’aux méthodologies des évaluations internationales Pisa et Timss », comme il le revendique sur son cite.

Pour célébrer son dixième anniversaire, les participants des tables rondes, acteurs de l’éducation, chercheurs, ou organismes partenaires du Centre (Canopé, réseau des Inspé, etc.), ont souligné à la fois l’accessibilité de ses travaux, et l’originalité de sa méthode, s’appuyant à la fois sur la recherche et sur une démarche participative associant les acteurs de terrain, afin de faire des préconisations pour l’action publique, comme l’ont rappelé Agnès Florin et Nathalie Mons, ancienne présidente du Centre.

Une démarche que l’on ne peut s’empêcher de relier à la revendication d’une Convention citoyenne sur l’éducation des parents d’élèves de la FCPE.

De son côté, André Tricot insiste sur l’objectif de faire un travail « utile, utilisable et acceptable », c’est-à-dire au plus près des besoins et des réalités du métier aujourd’hui et rendant accessible à tous les résultats des travaux des chercheurs.

Enfin, Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale a, quant à elle, souligné à quel point « la mise à disposition de la recherche est importante pour créer des dynamiques dans l’école au profit de la réussite de tous les élèves ». Elle a également insisté sur « l’importance pour l’action publique de se fonder prioritairement sur la science » et sur sa confiance dans le Cnesco pour offrir des « clés de compréhension et d’analyse ».

Par-delà cette belle unanimité, on se souviendra toutefois que l’existence-même du Cnesco avait été menacée en 2018, lorsque le projet de loi pour l’école de la confiance de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale, prévoyait de le supprimer pour le remplacer par une nouvelle instance principalement chargée d’évaluer les établissements. Les quatorze organisations membres du conseil consultatif du Cnesco avaient alors signé une lettre commune au ministre de l’Éducation nationale pour demander son maintien, et une pétition avait été lancée.

Du côté des enseignants, la valeur des ressources du Cnesco a été soulignée par Guislaine David, porte-parole du SNUIPP-FSU, et Mickaël Bertrand, enseignant en histoire-géographie et formateur dans l’académie de Dijon. Ce dernier notamment apprécie les « publications gratuites, en ligne, accessibles, pensées pour être prises en compte par les enseignants », des « rapports devenus indispensables ».

Il retient en particulier la conférence de consensus sur l’évaluation en classe, dont la recommandation « Expliciter des critères de réussite compréhensibles par tous les élèves », qu’il a trouvée « assez large pour que tout le monde puisse s’en emparer, mais assez précise pour la mettre en œuvre », et qui lui a permis de travailler sur des grilles critériées.

Quant à Guislaine David, elle met en avant « l’importance de l’indépendance du Cnesco par rapport au politique », dans une période où « le sens du métier est très questionné par les enseignants ».

Une enquête réalisée par le Cnesco(Questionnaire mis en ligne sur le site du Cnesco en juin 2023 et qui a recueilli 807 réponses (issus de l’enseignement, de la formation, du pilotage du système éducatif, de la recherche).) indique que les ressources sont utilisées en premier lieu dans un objectif d’autoformation (70 %) ou de formation continue (46 %). Ils nourrissent aussi les échanges ou le travail avec des collègues (41 %). Les ressources les plus consultées sont les dossiers de synthèse et les recommandations ou préconisations issues des conférences de consensus ou de comparaisons internationales. Et neuf répondants sur dix estiment les ressources « faciles à lire ».

Mais les enseignants sont-ils nombreux à s’emparer des ressources ainsi mises à leur disposition ? Avec 300 à 400 000 consultations du site par an, dont des personnes qui viennent plusieurs fois, André Tricot a souligné que ces travaux sont bien sûr loin de toucher tous les enseignants et personnels de l’Éducation nationale. « Irriguer le terrain par la recherche n’est pas une mince affaire », comme l’a relevé la journaliste Louise Tourret, animatrice de l’évènement.

La huitième conférence de consensus organisée par le Cnesco aura lieu les 5 et 6 novembre 2024, sur le thème « Nouveaux savoirs et nouvelles compétences des jeunes : quelle construction dans et hors de l’école ? ». Les inscriptions ouvriront début octobre. Agnès Florin a présenté les « chantiers importants » qu’abordera cette conférence : les temps de l’enfant, l’intégration des pratiques extrascolaires dans l’école pour améliorer les apprentissages, et les nouveaux contenus d’apprentissages que sont les compétences psychosociales et les savoirs numériques et environnementaux.

En 2025, aura lieu une conférence de comparaisons internationales sur le métier enseignant, qui devrait traiter de l’attractivité, du temps de l’enseignant, de la place du collectif. Ce sera aussi l’occasion d’actualiser l’enquête menée par le Cnesco en 2015 sur l’image des métiers de l’enseignement auprès des étudiants de licence. Et en 2026, ce sera une nouvelle conférence de consensus, sur « le collège, continuités et ruptures ».

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Le bienêtre à l’école, un enjeu de société, par Francine Gauffeny

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De l’utilité d’un débat international sur la mixité sociale, par Cécile Blanchard

À quoi sert l’évaluation ? Conclusions de la conférence de consensus sur le thème « L’évaluation en classe, au service de l’apprentissage des élèves », par Cécile Blanchard (accès réservé aux abonnés)

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