Mai 1953. Le dossier des Cahiers pédagogiques pour l’enseignement du second degré associe des articles sur l’enseignement de la philosophie et sur l’instruction civique, dans un rapprochement plus provocateur que fortuit. B. Guillemain, professeur à Saint-Maur, y proclame son socratisme et conclue ainsi : « Et je m’assure de n’avoir d’unité que stylistique. Faire la classe en ami, non en maitre ; ne rien sacrifier pourtant de la tradition et des problèmes : tel est le but que je me suis assigné. Je crois ouvrir par mon exemple quelques voies possibles. J’ai trop le respect de l’originalité de chacun pour encourager quelqu’un à m’imiter. » Unité stylistique et respect de l’originalité de chacun, n’est-ce pas la ligne éditoriale des Cahiers pédagogiques ? Le texte de ce mois paraitra peut-être un peu décousu. J’ai coupé l’introduction trop générale, pour entrer d’emblée dans la classe ; j’ai fait quelques coupes et rajouté des transitions entre les paragraphes, supposant le lecteur suffisamment habitué à combler les ellipses pour reconstituer la pensée de l’auteur. J’ai surtout tenu à en conserver le style : c’est celui des Cahiers pédagogiques. C’est un style où alternent les niveaux de langue et les lexiques, passant de la langue savante qui multiplie les références à la langue fleurie de métaphores les plus surprenantes en passant par la langue quotidienne (faussement quotidienne bien sûr) de la salle des professeurs. Le style des Cahiers pédagogiques, c’est l’emploi du présent : tout à la fois celui de la théorie, par définition atemporelle, et celui du récit qui immerge le lecteur par l’effet de réel. Le style des Cahiers pédagogiques, c’est le sérieux de celui qui défend des principes, des valeurs et cherche à convaincre, allié à l’humour de celui qui refuse le dogmatisme et cherche davantage à ouvrir le débat qu’à imposer sa façon de faire.