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Le top 50 des savoirs
La hiérarchisation des savoirs, c’est un peu comme les classements musicaux : certains morceaux sont n° 1 internationaux, d’autres sont surcotés, d’autres encore passent sous le radar. Alors, pourquoi certains savoirs sont-ils élevés au rang de star académique pendant que d’autres végètent en coulisses ? C’est cette obsession pour les classements qui a été discutée dans un récent épisode de Nipédu1.
On ne va pas se mentir : dans l’univers scolaire, les mathématiques et le français occupent la tête d’affiche, tant dans les tests internationaux comme PISA que pour leur rôle fondamental dans les apprentissages. Mais, à force de les survaloriser, on finit par dénigrer des filières entières, les voies professionnelles, les arts ou les techniques, aussi riches en potentiel créatif et humain que des petits groupes de rock indépendants, qui finissent toujours par inspirer le courant mainstream.
Or, il serait dommage de passer à côté d’une symphonie de talents juste parce qu’ils ne rentrent pas dans le moule. Et n’accusons pas trop vite « le système », puisque les profs, les parents et les élèves eux-mêmes hiérarchisent les savoirs, souvent pris dans la tyrannie du coup d’après : se préparer au prochain cours, à la prochaine note, à l’année scolaire suivante, au prochain choix d’orientation.
Heureusement, certains défient les règles du jeu en choisissant des voies hors des sentiers battus d’avance pour eux. Pourquoi pas la psychologie ? La pâtisserie ? Ou le design industriel ? Ils montrent que la réussite ne se limite pas aux parcours balisés, qu’il est toujours possible de trouver sa voie et que les jeux ne sont jamais faits. La hiérarchie des savoirs serait finalement soluble dans la réussite de chacun.
Mais soyons clairs : ces choix ne sont pas sans obstacles. Il faut souvent un sacré soutien (et une bonne dose de courage) pour braver les stéréotypes sociaux, les jugements familiaux ou ses propres représentations. Et là, on ne peut pas nier que le système reste largement biaisé en faveur des familles qui, pour diverses raisons, ont les clés pour lire la partition ô combien complexe de l’orientation. Il n’y a qu’à voir le stress et les fausses notes que peut générer Parcoursup.
Au fond, le vrai problème, c’est peut-être de vouloir toujours comparer, mesurer, évaluer. Certains prônent, à la place, de mettre en avant les savoirs qui favorisent l’entraide, la réflexion ou la créativité. Ces compétences psychosociales et transversales, dites du XXIe siècle, peut-être moins techniques ou savantes, mais qui répondent à des défis bien réels.
Alors, il est peut-être temps de dépoussiérer cette hiérarchie des savoirs, de sortir des vieux standards. Les enseignants, chercheurs et décideurs, pouvoirs publics en tête, ont un rôle clé à jouer pour imaginer une école où chaque talent trouve sa place et où la voie royale est celle que l’on s’invente et pas une audition à l’aveugle.
Lors d’une récente concertation sur l’orientation portée par le ministère2, devant un public de quatre-vingt personnes, une élève, micro à la main, reprenait les mots d’ouverture du recteur, ou plutôt le prenait au mot : « J’aimerais que ce soit une réalité, que chaque jeune puisse dire “je me suis orienté” et non pas “j’ai été orienté”. » Chacun auteur et interprète de sa vie.
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