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On n’attire pas les futurs professeurs avec du vinaigre

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Peut-on compter sur la vocation pour recruter les futurs enseignants exerçant en France ? Il semblerait que oui, selon le rapport du Cnesco (Conseil national de l’évaluation du système scolaire) rendu public le 7 novembre dernier. Peut-être vaudrait-il mieux compter aussi sur une solide formation, initiale puis continue.

C’est plutôt une bonne nouvelle : « En 2016, le métier d’enseignant attire toujours les jeunes, non pas en raison de la sécurité de l’emploi, des vacances ou par défaut en temps de crise économique, mais parce qu’il fait sens et suscite un désir d’engagement auprès des enfants et des adolescents », assure Nathalie Mons, présidente du Cnesco. Il est même pour certains « vécu comme une vocation », car « envisagé dès l’enfance par une partie des étudiants qui se destineraient à ce métier ». Pour autant, le métier « n’est pas idéalisé, les niveaux de salaires et les heures de travail sont évalués assez justement par les étudiants ». Tout le paradoxe est dans cette attractivité maintenue (ou retrouvée) d’un métier pourtant perçu comme dévalorisé ou, en tout cas, peu prestigieux.

Ces observations s’appuient sur le rapport rendu public par le Conseil le 7 novembre dernier, intitulé Attractivité du métier d’enseignant, état des lieux et perspectives, et auquel ont contribué Pierre Périer, professeur en sciences de l’éducation à l’université de Rennes 2, et Marc Gurgand, directeur de recherche au CNRS, chercheur à l’École d’économie de Paris, membre du Cnesco.

de nouveaux publics

D’après l’enquête exploratoire du Cnesco, plus de quatre étudiants sur dix en mathématiques (46 %), en anglais (41 %) et en histoire (40 %), et 36 % en sciences de la vie et de la Terre, ont indiqué envisager passer l’un des concours de l’enseignement. Le rapport souligne aussi que les concours sont de plus en plus ouverts à de nouveaux publics, et observe en particulier « un fort développement des secondes carrières vers l’enseignement », avec, en 2015, 25 % des admis au concours de professeur des écoles qui étaient salariés du public et du privé ou demandeurs d’emploi.

Cependant, ces constats «ne doivent pas occulter des difficultés réelles sur le front de l’emploi enseignant», alerte le Cnesco. Certaines académies présentent des difficultés jugées « sévères » en matière d’attractivité. Ainsi, en 2015, 4,9 candidats se sont présentés pour un poste au concours externe de professeur des écoles dans l’académie de Rennes, contre 1,3 dans l’académie de Créteil, qui est aussi une de celles qui ont le plus besoin de recruter. Et dans le secondaire, des disciplines comme les mathématiques, les lettres ou l’anglais demeurent déficitaires. La proportion de postes non pourvus aux CAPES externes de 2016 était ainsi de 21% en mathématiques, de 18% en lettres modernes et de 13% en anglais.

Pour le Cnesco, « une baisse durable suivie d’une augmentation soudaine des recrutements contribue à alimenter, mécaniquement, l’effet de crise du recrutement ». À bon entendeur…

Cécile Blanchard