Mai 1972. « Qui saura ? », demande Mike Brandt sur toutes les radios, relayant, sans doute sans vraiment le savoir, les interrogations des intellectuels médiatiques du moment, effrayés par les transformations de l’école de leur temps. Les polémistes réactionnaires ont alors un cheval de bataille, que l’on a pris depuis l’habitude de nommer le « plan Rouchette ». Cette commission, réunie entre 1963 et 1966 sous la présidence de l’inspecteur général Maurice Rouchette, avait produit un « projet d’instructions pour la rénovation de l’enseignement du français » qui visait à permettre « à tous les élèves » d’accéder à la maitrise de la langue et de sa lecture. De reports en reports, d’expérimentations en rapports, de projets de programmes en projets de circulaires, le « plan Rouchette » fut finalement publié en janvier 1971 et une version édulcorée votée par une nouvelle commission en décembre 1970, suivie d’une version dite « d’apaisement » en 1972. Entretemps, la « guerre du français » avait fait rage. Les Cahiers pédagogiques y ont participé. Ainsi, tandis que le dossier du mois « Lire » propose des façons de faire aux enseignants, la rubrique « Question à suivre » publie le texte dont je vous propose des extraits. Il s’agit d’une réponse à deux articles de l’inénarrable Revue des deux mondes, dont le numéro de septembre 1971 avait fait grand bruit, notamment parce que deux des principaux agitateurs de l’opposition au changement (Raymond Picard, qui titrait son article « Pédagogite », et Frédéric Deloffre) s’y étaient déchainés, étalant leur ignorance de la question et étalant leur mépris social. Mais si, il s’agit bien d’un texte qui a 45 ans, le style en témoigne, le fond est, hélas, tellement d’actualité qu’on pourrait s’y tromper ! Qui saura ?
Yannick Mével