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«Si vous voulez améliorer les résultats des élèves, le pédagogique seul ne produira pas les effets escomptés.»
Qu’est-ce qui vous a le plus intéressés dans la constitution de ce dossier ?
Le travail sur l’établissement scolaire, avec un point de vue très particulier : celui de l’établissement considéré comme un système. Aucun élément pris isolément ne peut améliorer la qualité du climat scolaire : si vous voulez améliorer les résultats des élèves, le pédagogique seul ne produira pas les effets escomptés. Tous les domaines sont en interrelation, interagissent en chaine: l’éducatif, le pédagogique, le juridique, les relations entre les personnes.
Un exemple : dans un collège, les personnels constatent un mauvais climat dans les classes : les punitions tombent et finissent par n’avoir aucun effet. Frustration de tous devant des punitions inefficaces, voir stigmatisantes. Décision est prise d’aller vers la suppression des retenues dans le règlement intérieur. Il va falloir le négocier avec les enseignants, pour qu’ils n’aient pas l’impression qu’on bafoue leur autorité et leur marge de manœuvre. Ces derniers ont en fait intérêt à mieux travailler en équipe pour se soutenir et échanger des pratiques, à trouver une autre stratégie éducative que la coercition et responsabiliser davantage les élèves. La direction, les CPE, les professeurs principaux sont amenés à intensifier le dialogue avec les parents. La vie scolaire, moins absorbée par la surveillance des punitions, disposera de temps pour un accompagnement individualisé des élèves. L’établissement conquiert peu à peu un équilibre de fonctionnement et plus de sérénité.
Le climat scolaire, ce n’est donc pas l’affaire de la seule « vie scolaire » ?
Non, ce que nous constatons dans les témoignages développés dans les articles, c’est que tout cela demande un gros investissement de chacun, en particulier des personnels, pour s’engager dans une spirale vertueuse, investissement en temps d’abord, ensuite en activités peu habituelles et peu maitrisées: l’engagement dans une démarche systémique, un fort travail en équipe, des échanges de pratiques entre collègues, une direction experte en pédagogie, des conduites de réunions efficaces et productives, une communication non-violente, etc.
Cette méthode de travail, complexe et exigeante, nécessite accompagnement, formation et construction pour chacun d’une professionnalisation de haut niveau. Et le plein exercice de l’autonomie des établissements. L’institution de l’Éducation nationale est-elle vraiment capable de répondre à ces besoins ? Dans la perspective de la réussite de la réforme du collège, il lui serait bien utile de regarder du côté des changements produits par le travail sur le climat scolaire.