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Une forme d’accompagnement personnalisé, avec le «cours à deux»
À la suite d’une formation académique, une équipe d’une vingtaine d’enseignants de ce collège de 580 élèves a proposé de nouveaux dispositifs pour redonner confiance aux élèves en difficulté. Diverses expérimentations se sont mises en place. Dans deux classes de sixième, on a choisi un travail continu dans une salle unique, la formation d’ilots, des formats de séance communs aux enseignants, avec rituels de début et de fin, des moments de co-enseignement, la mise en place de « sas d’entrée dans la tâche ».
Auparavant, toutes les classes avaient des heures de soutien inscrites à leur emploi du temps. Les élèves désignés (stigmatisés ?), déjà souvent saturés par des semaines trop chargées pour eux, y allaient à reculons, étaient même parfois absents. Les progrès individuels n’étaient pas significatifs.
Cohérence d’un dispositif
Les enseignants qui ont testé le co-enseignement en parlent avec enthousiasme entre eux et autour d’eux. Et au moment de préparer la rentrée 2015, il est décidé sur la base de ce projet d’équipe de remplacer les heures de soutien en petits groupes pour élèves désignés par des heures de co-enseignement dans les disciplines dites « fondamentales » sur tous les niveaux, dans toutes les classes. Avec la volonté évidente d’étendre les expérimentations qui fonctionnent avec des volontaires à l’ensemble des enseignants du collège. Nous n’avions pas alors connaissance des textes de la réforme du collège. Cela s’est traduit, après d’intenses moments de discussion et de réflexion entre tous les acteurs, puis une journée de formation offerte à tous en juin 2015, par l’organisation suivante, dont le principe est que tous les cours en co-enseignement se pratiquent avec des enseignants de l’équipe pédagogique de la classe, sur vingt-sept semaines (soit 3-4 h par semaine sur l’année) : une heure en français et en mathématiques pour chaque niveau, plus en anglais en sixième et en quatrième et en histoire-géographie en troisième.
Pour accompagner ces nouveaux dispositifs, on prévoit : un stage de formation d’établissement sur le co-enseignement ; l’ouverture sur Pronote d’un espace de discussion entre les acteurs ; des réunions informelles mensuelles, espace de parole permettant les retour d’expériences et la mutualisation des bonnes pratiques ; des interviews régulières d’un échantillon d’élèves suite à des séances de co-enseignement (3 questions posées : qu’as-tu fait pendant ce cours ? qu’as-tu appris ? à quoi ça va te servir ?) et analyse de l’évolution de chacun d’entre eux ; et la préparation de la réforme : comment relier ce dispositif à l’accompagnement personnalisé ?
Premiers bénéfices
Chez les enseignants : une réflexion constante sur les pratiques pédagogiques, grâce notamment à des échanges riches entre collègues ; des modifications de pratiques mises en place par des enseignants visant à utiliser au mieux le co-enseignant dans l’intérêt de l’élève.
Pour les élèves, un regain de confiance grâce à une prise en compte plus individuelle de la difficulté à l’intérieur de la classe. Le co-enseignant adopte une posture d’aide très bien vécue par l’élève.
Au niveau du collège, on note un climat apaisé, les élèves les plus en marge ont l’impression qu’on s’occupe davantage d’eux et se sentent rassurés. Ajoutons un bénéfice très matériel et annexe : lorsqu’un professeur est absent, le co-enseignant prend les élèves dans sa discipline.
Donnons deux exemples.
Un cours de maths avec un collègue de SVT en tant que co-enseignant. Le professeur de maths a identifié, suite à une évaluation, un groupe d’élèves en grande difficulté sur une série de compétences. Il décide de s’occuper uniquement d’eux dans une partie de la salle et reprend à leurs côtés les points importants de l’évaluation, leur permettant ainsi d’améliorer leur note. Pendant ce temps, une activité est proposée au reste de la classe qui est prise en charge par l’autre professeur.
Un cours de français avec un enseignant d’histoire-géographie en co-enseignement. On travaille sur une chanson liée à l’étude de la première Guerre mondiale et liée également à l’histoire des arts. La classe est divisée en deux groupes dont l’un tourne le dos au tableau et travaille sur le texte avec la collègue de français, tandis que l’autre groupe regarde le clip mais sans le son. Les élèves répondent aux questions avec l’aide des profs (soit dix élèves pour chacun) puis au bout de vingt minutes, la classe « se retrouve » et ensemble on découvre le texte, les images et la musique (le professeur de musique doit la travailler avec eux). La surprise est de taille pour ceux qui pensaient que le document était un poème et l’intérêt est alors de partager les différents points de vue. Chaque groupe donne sa correction à l’autre. Les élèves tout comme les deux professeurs ont beaucoup aimé.
Projection vers la réforme 2016
Pour la mise en place des EPI et de l’AP à la rentrée 2016 nous allons nous appuyer sur cette expérience. C’est-à-dire proposer le plus souvent possible des séances à deux enseignants en diversifiant la spécificité des binômes en fonction des nivaux en AP et de l’interdisciplinarité en EPI.
On peut imaginer, pour l’AP en sixième et cinquième, des cours à deux où le co-enseignant fait partie de l’équipe pédagogique quelle que soit sa discipline et en incluant au moins sur une heure le professeur principal. Pour l’AP en quatrième et troisième, des cours à deux où le co-enseignant enseigne dans le domaine du cours (scientifique, littéraire) voire est un enseignant de même discipline. Pour les EPI, des cours à deux d’enseignants de disciplines différentes et intervenant sur le projet ou des dédoublements de classe en fonction des projets.
Yannick Renaut
Professeur de maths et coordonateur REP, collège Europa, Montélimar
Bernard Bardet
Principal adjoint