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La revue de presse reflète les inquiétudes liées à l’actualité. A commencer par la guerre en Ukraine sur laquelle elle a glané quelques ressources et conseils pour en parler avec les élèves. Ensuite, elle fait un tour des programmes et projets des candidats à l’élection présidentielle et en premier lieu du président-candidat. Enfin, elle évoque le rapport du Giec.
Guerre en Ukraine, des mots et des ressources pour en parler

Les sources d’angoisse s’amoncellent pour élèves, parents et enseignants. Après la pandémie, la guerre à trois heures de vol de la France, déroule son flot d’horreurs et d’angoisses. Comment en parler, comment mettre des mots rationnels sur une réalité dramatique qui nous dépasse ? L’Unicef donne quelques conseils.

« Les doigts se lèvent et les questions fusent. Beaucoup d’élèves affirment avoir mal dormi après la profération des menaces nucléaires de Vladimir Poutine. Les images en boucle des premiers bombardements, associées aux déclarations brutales du président russe, les ont stupéfiés. Quelque chose de très grave s’est produit : la conscience que la guerre est soudain entrée à distance dans leurs vies. » Gabriel Kleszewski témoigne sur le rôle d’un professeur d’histoire-géographie pour répondre aux angoisses des élèves.

Sur son blog, Charivari partage les ressources qu’elle mobilise pour trouver les réponses aux questions de ses élèves de primaire. « J’ai recherché aujourd’hui quelques ressources pour parler de la guerre en Ukraine, en classe, à des écoliers. Je n’ai rien dit jeudi, ni vendredi, parce que je ne me sentais pas du tout compétente sur le sujet et que les enfants ne m’ont rien demandé, mais j’ai appris, depuis, qu’ils en avaient beaucoup parlé pendant la pause méridienne. Dans mon école, nos élèves les plus jeunes sont au CE2 alors je pense qu’il faut répondre à leurs questions. Comment ? Quelques pistes. »

Bayard Presse a mis en ligne un dossier « Pourquoi la guerre en Ukraine » avec une perspective historique de 1949 à nos jours. Phosphore publie un « vrai-faux de la Russie ».

Eduscol liste des ressources pour « Évoquer la crise ukrainienne avec les élèves ». Vousnousils a également repéré des sites intéressants.

Le portail CDI de Canopé donne accès à des supports sur le sujet tout comme Gallica ou Géoconfluences.

L’émission « Le Dessous des cartes » d’Arte apporte de multiples éclairages sur la guerre en Ukraine, en particulier « Poutine, l’Ukraine et après ? ».

AOC relaie l’exposé de l’historien Timothy Snyder sur « un peu d’histoire (en lieu et place des mythes). » « De l’intérieur comme à l’extérieur, on a souvent tendance à présenter l’histoire de l’Ukraine comme exceptionnelle. Elle ne l’est pourtant que dans la mesure où elle épouse les principales évolutions avec une intensité inhabituelle. » 

Agir, réagir par la solidarité, plusieurs exemples dans l’enseignement supérieur sont relayés par la presse. « Quatre jours après le début du conflit en Ukraine, l’Université d’Angers (Maine-et-Loire), qui compte trois établissements partenaires dans le pays, se mobilise pour la communauté enseignante et étudiante. » relate Ouest-France. « À Paris, la solidarité des étudiants face aux ombres de la guerre en Ukraine » explique RFI.

« L’université de Bordeaux accueille une trentaine d’étudiants ukrainiens. Elle reste en alerte quant à la situation de ses élèves russes et biélorusses » raconte Sud-Ouest .

Illustration de Fabien Crégut

La course à l’Élysée

Dans sa lettre aux Français le président et candidat Emmanuel Macron place l’école dans ses priorités. « Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés. » lit-on dans sa missive publiée par les quotidiens régionaux. De quoi adoucir la colère des enseignants et alléger leur fatigue ? Rien n’est moins sûr.

Pour Jean-Pierre Veran, « En quelques lignes de sa lettre du 3 mars 2022, le candidat Macron recycle les propos de ses prédécesseurs de droite comme de gauche, et il n’est pas inutile d’aller à la source sarkozienne pour éclairer les ombres de la pensée  macronienne. » Rien de nouveau donc dans les propos. Et l’on attend la traduction en mesures concrètes confirmant ou non les fuites sur les intentions éducatives d’Emmanuel Macron.

Assistera-t-on à la fin du collège unique ? Le Centre Henri Aigueperse s’interroge et relève « C’est en tout cas la volonté de Valérie Pécresse, les préconisations de l’Institut Montaigne comme les propositions de la députée LREM Anne-Christine Lang que semble soutenir Jean-Michel Blanquer, celui-là même qui a débuté les 5 années de son ministère par la suppression de la réforme du collège voulu par celle qui l’a précédé rue de Grenelle. » Dans Alternatives Économiques, François Dubet revient sur l’histoire du collège unique et souligne : « Aujourd’hui, tout se passe comme si nous avions renoncé au projet même du collège unique, à l’idée de scolariser ensemble tous les élèves jusqu’à l’âge de 16 ans. À droite et à l’extrême droite, les choses sont claires : retour de l’examen d’entrée en sixième, classes de niveau pour les autres. »

Dans les succincts résumés proposés par La Manche Libre sur les propositions des candidats concernant l’éducation et la jeunesse, la suppression du collège unique est clairement énoncée par les représentants de l’extrême-droite. Valérie Pécresse préconise un examen d’entrée en sixième, ce qui sans doute revient au même. Autre sujet de débat : la suppression des concours d’enseignants. Dans Politis, « Francis Daspe s’insurge contre la suppression envisagée par Macron, du CAPES, ce concours de recrutement des enseignants des collèges et lycées. Ce serait une régression de grande ampleur, explique-t-il. »

Une chose est sûre, en cas de deuxième mandat, de nouveaux chamboulements se produiront dans le système éducatif. « Sur LCI ce matin, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, en poste depuis le début du mandat de Macron, confirmait l’intention du président de continuer de réformer l’éducation. » explique Vousnousils. Est-ce que ce sera ce même ministre qui portera les réformes, lui qui « s’effondre comme un château de cartes en janvier dernier. Il est en mauvaise posture. Mais il n’est pas politiquement mort. » selon les propos de Luc Cédelle dans le Café Pédagogique à l’occasion de la sortie de son livre « Le système Blanquer. Analyse d’un discours sur l’école et la société. » Peu de perspective de participation au deuxième mandat pour la secrétaire d’État chargée de l’éducation prioritaire qui vient d’être débarquée du gouvernement. « Mme Elimas faisait l’objet d’une enquête administrative depuis janvier, après avoir été accusée de harcèlement moral par des collaborateurs au sein de son cabinet. » précise Le Monde.

A la loupe, les réformes déjà menées et celles qui ont manqué

Dans la Croix, le Service National Universel est décrit comme « une fausse piste pour renforcer l’engagement de la jeunesse ». « Alors que le premier « séjour de cohésion » du SNU en 2022 s’achève cette semaine, Marlène Giol, chercheuse associée à l’Institut Thomas-More, propose dans ce texte une critique argumentée de ce dispositif, à partir des retours d’expérience des premières sessions. » (article réservé aux abonnés).

« Moi, prof en lycée : « La réforme va poser un problème durable sur le suivi des élèves », l’OBS a recueilli le témoignage d’Alain Leluc, enseignant de SVT. « On a eu beau dire que c’était incohérent, trop chargé, notre expérience du terrain n’y a rien fait. En SVT, en chimie, le programme est dément. Il y a une partie génétique en bio, difficile, théorique, et là où on pouvait la traiter en dix exercices, aujourd’hui ce n’est que deux ou trois ». Une tribune publiée par le Monde semble faire écho à ce témoignage. « A la suite de la réforme du lycée, et selon les chiffres du ministère de l’éducation, les mathématiques ont perdu 37 % de leurs élèves en terminale. Mais ce constat vaut tout autant pour les sciences physiques et chimiques, où la diminution est de 36 %, et encore davantage pour les sciences de la vie et de la Terre (SVT), qui chutent de 50 % ! » (article réservé aux abonnés)

« En matière d’orientation, « la mise en œuvre des dispositions de la loi Avenir professionnel est inégale et engendre à ce jour des disparités territoriales, même si certains dispositifs commencent à porter leurs fruits ». C’est la conclusion des députés Sylvie Charrière (Saint-Saint-Denis, LREM) et Frédéric Reiss (Bas-Rhin, LR), à l’issue d’une mission flash sur la mise en œuvre des récentes réformes de l’orientation – la loi Avenir professionnel de septembre 2018, la loi pour l’orientation et la réussite des étudiants dite « loi ORE » de mars 2018 et le volet orientation de la réforme du lycée. », rapporte la Banque des Territoires. Dans son blog, Bernard Desclaux analyse « L’éblouissement de la Mission « flash » sur l’orientation ».

Le Figaro Etudiant se penche sur Parcoursup. « Depuis sa création, Parcoursup est la cible régulière de critiques. Manque de transparence des critères d’admission, sélection obscure opérée par des algorithmes, importance donnée au lycée d’origine, quotas de boursiers… De nombreux élèves s’inquiètent de la manière dont leurs dossiers vont être évalués par les établissements du supérieur. Et ils ne sont pas les seuls. »

A l’occasion des rencontres nationales de l’éducation populaire qui auront lieu du 17 au 19 mars à Poitiers, Laure Moncond’huy, maire de cette ville, publie une tribune dans Libération. « Il ne s’agit pas de défendre une vision «nostalgisante» de l’«éducpop’». Encore moins d’opposer les espaces éducatifs entre eux. L’éducation populaire est complémentaire de l’école, chacune ayant ses finalités, unies par l’aspiration à une éducation équilibrée offerte à chacun. Chacune mérite le respect de l’Etat, chacune en manque aujourd’hui cruellement. Il s’agit d’alerter sur une vision émancipatrice de l’éducation qui disparaît. », écrit-elle.

Marie Gaussel propose un dossier de l’ifé sur le thème de « Le sexe, le genre et l’égalité (à l’école » « En 2001, la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception adoptée rend obligatoires une information et une éducation à la sexualité auprès des élèves dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogènes. Où en sommes-nous 20 après ? Comment cette éducation est-elle dispensée et surtout, quels en sont les contenus ? »

Carnets Rouges, la revue du réseau école du Parti Communiste Français, se penche sur : «l’ élitisation du système éducatif français se caractérise par une forte surreprésentation des enfants des catégories aisées scolarisés dans les « très grandes écoles ». Cette élitisation résulte d’un double processus : la prégnance des idéologies du don et du mérite ; une organisation scolaire qui donne plus à ceux qui ont plus. ». La définition est de Pierre Merle, contributeur pour ce numéro aux côtés de Agnès van Zanten, Jean-Yves Rochex, Marie-Aleth Grard (entre autres).

Le CEDEFOP publie un rapport qui « présente en 101 pages le système d’enseignement et de formation professionnels (EFP) en France et les politiques qui y sont liées. Ses principales articulations sont entre autres : l’offre de l’EFP, le système de financement, la gouvernance, la formation des enseignants, les mesures incitatives pour les apprenants. »

Enseigner le changement climatique

Le deuxième volet du rapport du GIEC a été publié le 28 février dans la quasi indifférence. Pourtant, « Ce rapport lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction », a déclaré Hoesung Lee, président du GIEC. « Il montre que le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète. Les mesures prises aujourd’hui façonneront l’adaptation de l’humanité et la réponse de la nature aux risques climatiques croissants. »

« Les spécialistes du climat ont publié lundi 28 février un nouveau volet du sixième rapport du Giec. Celui-ci pointe l’impact du changement climatique sur la société humaine et l’écosystème de la planète. Graphiques à l’appui, on fait un point sur ces analyses. » explique Ouest-France.

« Pour Jean Jouzel, climatologue et professeur émérite au CEA (laboratoire des sciences du climat et de l’environnement), former la totalité des étudiants jusqu’à bac+2 aux enjeux de la transition écologique fait partie des solutions d’adaptation. ». Avec Avec Luc Abbadie, professeur d’écologie à Sorbonne Université et co-auteur du rapport «Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur », il répond aux questions de Thibaut Cojean pour l’Etudiant.

Sur ce sujet, le Shift Project a publié en 2019 un rapport sur « Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat » en préconisant : « l’enseignement supérieur doit réviser en profondeur les formations qu’il propose afin de former tous les étudiants aux enjeux climat-énergie. »

Certaines formations ont toutefois commencé à intégrer la question de la transition écologique dans leur cursus. C’est le cas par exemple du master parisien « mode et matière » comme le raconte le Monde (réservé aux abonnés). « Ce programme interdisciplinaire, créé par trois établissements (les Mines, Dauphine et les Arts déco) rattachés à l’université Paris Sciences et lettres (PSL), accueille une vingtaine d’étudiants aux profils très différents : diplômés d’écoles de commerce, d’instituts d’études politiques, d’écoles d’ingénieurs, de masters scientifiques, d’écoles d’art… Tous planchent sur la transition écologique, sociale et technologique de la mode. »

L’enseignement agricole affiche également cette volonté d’intégrer une orientation « transitions » dans ses formations. « Souveraineté alimentaire, renouvellement des générations, accompagnement des transitions, notamment agroécologique, attractivité, reconnaissance, réponse aux besoins des professionnels et des territoires… Face à ces défis, l’enseignement agricole est porteur de réponses avec sa grande capacité à s’adapter aux changements. », lit-on dans le portrait annuel de l’enseignement agricole.

L’académie du climat ouverte à l’automne 2021 par la ville de Paris a pour objectif de « comprendre les enjeux climatiques et mobiliser notamment les jeunes pour y répondre ». Sarah Alby, la directrice de ce nouvel établissement municipal, présente le projet et ses activités sur le site des Cahiers Pédagogiques.

La revue de presse a été concoctée par Monique Royer, illustrée par Fabien Crégut,
avec les ingrédients collectés par Bernard Desclaux.

Sur la librairie des Cahiers pédagogiques

N° 560- Urgence écologique : un défi pour l’école

Ce dossier nous invite à aller plus loin que l’éducation à l’environnement ou au développement durable. Comment permettre à nos élèves de prendre conscience des enjeux de cette indispensable transition écologique : apport de connaissances, actions locales, formation à l’éco-citoyenneté…

N° 574 – Ce qui s’apprend en EPS

Mal reconnue, bien qu’obligatoire à tous les niveaux, l’EPS contribue à l’acquisition du socle commun, donne accès à des pratiques motrices et à la culture physique, sportive et artistique, tient une place de choix dans l’entretien de la santé et du bienêtre, contribue à l’égalité entre les filles et les garçons et à l’inclusion.

N° 573 – Les maths, est-ce que ça compte ?

Tous les acteurs de l’enseignement se trouvent confrontés à la question des « bases » ou des « fondamentaux » : pour effectuer des choix dans les programmations, pour remédier aux difficultés d’élèves, pour proposer des évaluations. Quelles sont les mathématiques que l’on doit enseigner aujourd’hui ?