À la découverte de l’Académie du climat à Paris

Comprendre les enjeux climatiques et mobiliser notamment les jeunes pour y répondre, c’est le projet de l’Académie du climat, ouverte à l’automne 2021 par la Ville de Paris. Les Cahiers pédagogiques ont ainsi été associés à des tables rondes organisées au mois de janvier. Sarah Alby, la directrice de ce nouvel établissement municipal, nous présente le projet et ses activités.

Qu’est-ce que l’Académie du climat ? Pourquoi ce nom et qu’attendez-vous de ce lieu ?

L’Académie du climat est un lieu pour s’informer, se former et agir pour le climat. Elle a été conçue pour et avec les jeunes, en coopération avec les acteurs de l’innovation pédagogique, de la recherche et de l’écologie, avec pour devise « Parlons peu, agissons climat ! ». Gratuite et ouverte à tous, et plus particulièrement aux 9-25 ans, chacun peut y trouver des outils pour apprendre à développer de nouvelles façons d’agir au quotidien pour le climat, d’où ce nom d’Académie du climat. L’objectif est d’intégrer le risque climatique dans nos vies, en comprendre les solutions, les diffuser et ensemble, passer à l’action. Cette Académie permettra ainsi, je l’espère, de se projeter collectivement et positivement vers l’avenir.

Pouvez-vous citer quelques activités à destination des classes ? Sont-elles concentrées sur Paris ou ouvertes à d’autres départements ?

Les activités à destination des classes sont réparties sur huit thématiques. Quatre thématiques concernent l’empreinte carbone (alimentation, bâtiment, mobilités et consommation), deux thématiques traitent de la vie à Paris en 2050 (adaptation au changement climatique et végétaliser la ville), et nous proposons également deux thématiques autour des grands enjeux de la transition écologique (eau et énergie).

Dans un premier temps, les élèves sont accompagnés dans leur établissement avec une sensibilisation et mise à niveau sur les grands enjeux climat, via un atelier junior de l’association La Fresque du climat ou l’activité Arbre Éduclimat, développé par l’association Avenir climatique. Ce temps est animé par les médiatrices et les médiateurs de l’Académie. Les jeunes viennent ensuite réaliser deux ateliers in situ à l’Académie sur la thématique choisie. Il s’agit d’ateliers de mise en pratique et d’expérimentation de solutions. Les classes concernées se situent à Paris mais nous accueillons aussi des classes de la région parisienne. Nous avons une convention avec Les Mureaux (Yvelines) et travaillons avec les écodélégués de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), par exemple.

Ces ateliers s’adressent pour le moment aux 9-15 ans et nous allons développer une offre pour les 15-25 ans avec des outils tant pour la prise de parole en public que pour les aider à s’orienter vers les métiers de la transition écologique.

Comment vous inscrivez-vous en articulation avec des projets d’établissement ?

Notre objectif est de progressivement mobiliser les ressources de la Ville de Paris et des territoires (associations, citoyens, entreprises) afin d’accompagner les projets des jeunes et des établissements suivis par l’Académie du climat. Il s’agit pour nous de proposer des ateliers et des interventions qui viennent compléter les enseignements plus didactiques proposés par l’Éducation nationale.

Nous construisons aussi des parcours « sur mesure » avec des établissements et des structures qui encadrent des publics à besoins spécifiques, afin de répondre au plus près aux besoins et aux centres d’intérêt des jeunes concernés.

Nous allons développer sur l’année scolaire 2022-2023 une offre de formation sur plusieurs séances à destination des écodélégués dans le but d’accompagner vingt collèges et autant de lycées.

Portes ouvertes de l’Académie du Climat, ancienne Mairie du 4e

Quelle part prenez-vous à la formation des enseignants ? Y a-t-il des accords avec l’Éducation nationale ?

Durant cette année d’ouverture, nous avons surtout élaboré des formations à la demande des enseignants. À titre d’exemples, nous avons proposé des formations pour accompagner le projet De la graine à l’oiseau porté par le rectorat de Paris et avons organisé des ateliers Fresque du climat pour des équipes choisies par les inspecteurs de l’Éducation nationale. Nous avons aussi accueilli et travaillé avec des enseignants qui se rassemblent autour de projets comme la classe dehors. Lors de la semaine de l’éducation, nous avons organisé des ateliers d’échange de bonnes pratiques auxquels des enseignants en formation ont pu assister. Nous avons aussi pour mission de former le personnel éducatif de la Ville de Paris qui propose sur les temps périscolaires une offre d’activités gratuites.

L’Éducation nationale est déjà représentée au sein même de l’Académie du climat et les enseignants de l’Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) de Paris ont pu déjà bénéficier de formations. En prévision de l’année scolaire 2022-23, nous allons formaliser le cadre de nos interventions avec le rectorat de Paris afin de contribuer à la formation initiale et continue des enseignants. Mais d’ores et déjà, les enseignants sont accueillis avec beaucoup d’enthousiasme à l’Académie.

Depuis l’ouverture de l’Académie, qu’est-ce qui vous a surpris ou donné satisfaction, que voyez-vous à améliorer ?

Surprise, je ne sais pas, mais confortée dans l’idée que chacun peut devenir un acteur de la transition écologique grâce à son comportement du quotidien, bien sûr, mais également dans le cadre de sa pratique professionnelle à venir. Par exemple, depuis l’ouverture, nous travaillons de manière très étroite avec une association qui prend en charge des décrocheurs scolaires, Impulsion 75, afin de préparer ces jeunes à passer un concours pour entrer dans une formation d’éducateur sport et santé. Ce sont des jeunes qui se sentaient davantage concernés par les sujets liés aux inégalités sociales que par le climat et nous avons pu, en partant de leurs centres d’intérêt, de leur environnement du quotidien, les amener à intégrer certains enjeux via des ateliers autour de l’alimentation du sportif, de la pollution de l’air autour des stades d’entrainement ou de la surconsommation vestimentaire. C’est un travail plus qu’enrichissant pour développer notre approche pédagogique. Dans les prochaines semaines nous allons construire avec eux des programmes de formation qui s’adresseront à leurs réseaux, leurs clubs de sport, etc.

Beaucoup de choses encore sont à améliorer, nous n’avons que cinq mois d’existence. Il faut répondre aux nombreuses demandes qui nous arrivent, car les solutions pour construire le monde de demain existent et l’Académie est là pour le faire savoir et aider à les partager.

Propos recueillis par Jean-Michel Zakhatrtchouk

Le site de l’Académie du climat.