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Quelques réflexions sur l’engagement des élèves dans la lutte pour le climat et la biodiversité

Photo de Laurent Reynaud
Ilario
Une difficulté : comment réussir à « tenir tout ensemble », c’est-à-dire : mettre en relation les thèmes liés à la transition écologique avec d’autres thèmes (ex : économie, géographie, histoire, pédagogie, politique, philosophie, etc.)
Un moment de « réussite »: une colonie de vacances, où on a pu relier ce thème avec d’autres questions, comme par exemple, le temps des vacances, les lieux, les activités.
Une question : les thèmes du climat et de la biodiversité ne recouvrent pas seulement la question écologique. Comment penser à élargir le spectre de réflexion et d’action ?
Gatien
Une difficulté : quand les problèmes exposés en classe ne font pas directement sens pour le sujet qui apprend, quand les problèmes abordés ne bousculent en rien le quotidien des élèves, comment faire pour rendre tangible une réalité abstraite pour l’enfant ?
Un moment de « réussite »: le jeu de rôle du GFEN « Habiter la forêt amazonienne » qui captive les enfants. Leur donne envie d’en savoir plus, d’aller plus loin. Cette année les 6e m’ont demandé si nous pouvions réaliser un podcast sur l’Amazone pour l’envoyer aux tribus amérindiennes, à l’État brésilien, à Greenpeace, etc.).
Une question : ça veut dire quoi, « acteur » ?
Françoise
Une difficulté : aujourd’hui je suis à la retraite, et plus en contact professionnel avec les jeunes. J’observe que les trentenaires (génération de mes enfants) sont actifs et engagés sur ces sujets (achats, gestes quotidiens, modes de déplacement, transmission à leurs propres enfants, etc.). Pour la génération des ados, je n’ai pas assez de contacts avec eux pour savoir. J’héberge à l’année deux étudiants d’environ vingt ans, ils sont assez investis sur le sujet. On échange parfois des conseils (lumière, économies d’eau, tri) mais je n’ai pas de leçons à leur donner.
Un moment de « réussite »: j’ai fait passer des valeurs à mes enfants et ils sont parfois plus rigoureux et cohérents que moi.
Une question : j’ai observé que beaucoup de messages auprès des parents peuvent passer par les enfants depuis l’école. N’y a-t-il pas des actions communes (parents, enfants, enseignants) qui peuvent passer par l’école ?
Claire
Une difficulté : la mobilisation pérenne, l’engagement sur le long terme. Comment intégrer des pratiques dans leur quotidien ?
Un moment de « réussite »: l’Aire marine éducative, un projet mis en place avec les classes de 5e pour l’étude d’un milieu précis, la Baie du Guec. Étude de la flore et de la faune, avec des rencontres avec les acteurs locaux directement liés à la Baie (propriété, entretien, pêche, éolienne, associatif, fresque océane). Il y a une forte implication des jeunes.
Stéphane
Une difficulté : en tant que militant de l’éducation nouvelle, une difficulté esses peut-être de savoir « par quel bout le prendre », entre un sujet « climat biodiversité » complexe, global, riche en connexions, représentations, et une mise en œuvre pratique qui sera nécessairement segmente et partielle.. Comment construire de manière satisfaisante le lien entre compréhension des enjeux et action pratique ?
Un moment de « réussite »: les formations à l’animation d’un jardin pédagogique, partagé, collectif. Lier les questions d’aménagement de l’espace, de pratiques culturales avec des intentions et des objectifs éducatifs et pédagogiques permet d’aborder l’ensemble des enjeux.
Une question : comment travailler sur les formes d’engagement et de désengagement ?
Dominique
Une difficulté : considérer l’ensemble du vivant comme digne d’intérêt, de considération, d’importance. Rapport humains/non humains.
Un moment de « réussite »: tous les moments de « rencontre » avec la nature, en particulier le rapport aux vertébrés… Facile !
Une question : comment nos pratiques éducatives impactent la biodiversité, directement ou indirectement.
Sabine
Une difficulté : l’absence de cohésion au sein d’une école : par exemple pour le tri des déchets, il se fait en classe, mais tout est mélangé à la sortie de l’école.
Un moment de « réussite »: en classe, nommer un élève écorésponsable, chargé de veiller au non gaspillage (responsabilité tournante).
Une question : est-ce que les politiques doivent être plus coercitives pour prendre soin de la planète ?
Stéphane
Une difficulté : éviter les projets récurrents et automatiques du type « tri des déchets » qui reviennent vite, y compris lorsqu’on demande aux élèves de proposer une idée de projet à mener.
Un moment de « réussite »: lors d’ateliers organisés autour de la fresque du climat, les élèves sont l’occasion de travailler ensemble, d’expliquer les liens causaux entre des phénomènes en s’appuyant sur des faits scientifiques. Une fois cette phase passée, les échanges et débats peuvent commencer autour de propositions d’actions en s’étant assuré que tous partiront sur une base commune. Les débats sont riches et permettent de mettre à jour les conceptions des élèves par rapport aux problématiques environnementales puis d’engager des propositions d’actions à mettre en œuvre à son échelle et à l’échelle des adultes.
Une question : comment faire en sorte de faire vivre à un très grand nombre d’élèves la mise en œuvre de ces projets en dépassant la destination au groupe restreint des écodélégués ?
Fatiha
Une difficulté : comment réussir à impliquer les jeunes dans les actions de protection de l’environnement ?
Un moment de « réussite »: l’organisation des sorties « loisirs et sciences » durant lesquelles des ateliers et des activités ont été programmés. Les jeunes se retrouvent en contact direct avec la nature et ceci leur a permis de toucher de près et d’avoir des connaissances pratiques et surtout une prise de conscience.
Yannick
Une difficulté : ne pas renoncer aux « petits gestes » du quotidien tout en ouvrant à la dimension collective et politique du sujet.
Un moment de « réussite »: un cours de géographie à des jeunes futurs profs des écoles au départ très volontaires pour « transmettre les petits gestes », et me disant que « les bonnes habitudes s’apprennent au plus jeune âge »… Lecture et discussion interprétative d’un album de jeunesse Le jardin voyageur, sur un petit jardinier que met de la nature dans la ville (en fait une transposition poétique de l’aménagement de l’ancienne ligne du métro de New York). J’étais content que plusieurs reprennent avec leurs élèves de 9-11 ans la discussion que nous avions eue sur le changement d’échelle : de l’individu à la prise en compte d’un aménagement à l’échelle d’une politique urbaine.
Akli
Une difficulté : le financement des activités; le temps nécessaire pour l’organisation vu que nos militants sont des bénévoles qui ont tous les soucis quotidiens de la vie.
Un moment de « réussite »: plus ça mobilise de jeunes, plus c’est réussi ; plus c’est médiatisé, plus c’est réussi ; lorsque les autorités s’impliquent c’est réussi.
Une question : présenter une de nos pratiques.
Laurent
Une difficulté : faire coupler l’action à la réflexion. Par exemple, il me semble que la question de l’écologie est souvent choisie avec les jeunes par l’action (éteindre la lumière, faire le tri, manger moins de viande, etc.) mais rarement par une réflexion approfondie sur ces actions (pourquoi, quelles causes et conséquences, échelle d’action). Tout ne se passe pas à l’échelle individuelle. Pour résumer, agir sans penser reste à mon sens tout aussi inopérant que penser sans agir. En France, les écodélégués incarnent parfaitement cet impensé : ils font beaucoup, mais ils pensent rarement la question ensemble.
Un moment de « réussite »: difficile à trouver, mais un souvenir me revient en tête. Il y a cinq ans, alors que nous faisions le potager avec nos élèves. Certains détectent des pucerons sur les plants de fèves. Ils s’inquiètent, observent, rigolent et proposent : « Monsieur, il faut désherber. » Je leur indique de réfléchir au mot et ils conviennent que cela n’a rien à voir. En conseil d’élèves, ils réfléchissent à comment enlever les pucerons sans abimer les plantes.
Une question : comment coupler réflexion et action ?
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