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Peut-on scolariser les réseaux sociaux ?

Couverture du numéro 600, « 4 pistes pour l’école du futur »

Si vos élèves ou vos enfants échouent cette année à leurs examens, voilà un coupable tout indiqué : les réseaux sociaux.

Chez Nipédu, on est attaché à la présomption d’innocence, en atteste notre émission1. Mais avouez que les éléments à charge sont accablants. Selon un rapport de l’OMS de septembre 2024, l’utilisation problématique des réseaux sociaux chez les adolescents serait passée de 7 % en 2018 à 11 % en 2022.

Incapacité à modérer leur utilisation, sensation de manque, abandon des autres activités, comparaison sociale entrainant stress et perte d’estime de soi… Avec l’explosion de la consommation de ces espaces médiatiques, les études relèvent chez les sujets les plus exposés des comportements et des symptômes similaires à ceux de l’addiction.

Et puis il y a ces drames qui jalonnent l’actualité, effroyables, comme la disparition de la jeune Louise au bois des Templiers d’Épinay-sur-Orge en février dernier. Dans le registre fictionnel il y a aussi la glaçante série Adolescence (sur Netflix) et sa mise en lumière de l’ultraviolence que l’idéologie masculiniste sert aux jeunes garçons grâce aux réseaux.

Le smartphone et la culture en ligne, les plateformes et leurs mécaniques algorithmiques seraient donc le nouveau « poison » de l’esprit adolescent. La recherche du clash permanent, l’outrance, la réification des êtres qu’ils véhiculent les conduisent naturellement sur le banc des accusés.

Face à un tel constat, existe-t-il un monde où ces réseaux trouveraient leur place à l’école ?

Studygrameuses

Peut-être un monde dans lequel nous commencerions par rappeler les résultats de cette enquête2 qui révèlent que, juste derrière les usages récréatifs (discuter avec des amis, se détendre), les jeunes déclarent utiliser les réseaux pour suivre l’actualité et trouver des informations utiles. Utiles, comme pour préparer les examens et prolonger les apprentissages initiés en classe ?

C’est toute l’ambition de la communauté des studygrameuses, ces lycéennes et étudiantes qui, en mettant en scène leurs révisions, apportent motivation, méthode et soutien à leurs abonnés.

Mais que peut bien peser cet usage scolairement constructif des réseaux face à la cyberpanique, face à notre incompréhension d’adultes de la vie des adolescents en ligne ?

Sommes-nous prêts, nous éducatrices et éducateurs, à être les agents de la réconciliation de ces deux mondes étanches qui ne semblent plus savoir ni vouloir se parler ?

En plus de l’incontournable éducation aux médias et de ses enseignements ciblés, il s’agirait de peu de chose : faire preuve de curiosité et de réalisme pour pénétrer, avec humilité, un univers médiatique dont les rites et les codes nous échappent.

Revenons à nos studygrameuses. On pourrait en heure de vie de classe analyser leurs contenus pour identifier et adapter les pratiques de révision les plus efficaces. Et pourquoi ne pas mettre en place une veille collaborative, active et critique, pour identifier les meilleurs comptes pour réviser telle matière ou tel chapitre sur Snapchat, TikTok ou Instagram ?

On pourrait multiplier les exemples. L’important, l’urgence peut-être, c’est bien de créer du commun pour permettre aux élèves d’exercer leur sens critique et de poser eux-mêmes les bases d’un usage constructif de leurs univers médiatiques.

Régis Forgione, Fabien Hobart, Jean-Philippe Maitre

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Couverture du numéro 600, « 4 pistes pour l’école du futur »

 


Notes
  1. À écouter ici : https://nipcast.com/reviser-avec-les-reseaux-fausse-bonne-idee/.
  2. https://www.blogdumoderateur.com/etude-comment-gen-z-utilise-reseaux-sociaux-2025/.