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Permettre une bonne scolarité à un enfant rom
1. Habitation. La première est la stabilité (même relative) de son habitation. Pour que les parents commencent à imaginer une scolarité, ils ne doivent pas craindre chaque jour d’être expulsés et d’être séparés des enfants au moment de l’expulsion si ceux-ci sont à l’école.
2. Inscription. Ensuite, ils doivent avoir les papiers (vaccinations, passeport, etc.) et parfois les municipalités exigent des documents qu’ils ne peuvent pas fournir (certificat de domicile, quittance de loyer, etc.).
3. Admission. Après, il faut trouver une école qui a de la place en UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants), qui accepte de les prendre sans l’aide d’un dispositif, qui applique avec détermination la loi qui dit que de 3 à 16 ans, tout enfant doit être à l’école, chaque jour et dès qu’il s’y présente avec une inscription.
4. Médiation. Une fois les trois étapes franchies, tout reste difficile : les enfants sont non francophones et doivent apprendre la langue, leurs parents sont souvent analphabètes et ils doivent surmonter les difficultés de tous les enfants issus du quart-monde, la fréquentation scolaire n’est pas régulière en raison des troubles de santé non soignés, des expulsions, du froid. Il faut que des médiateurs passent régulièrement sur les terrains pour veiller à la stabilité de la fréquentation.
5. Bienveillance. Pour finir, le racisme à l’encontre des Roms est très fort, et doit être combattu chez les autres enfants, les personnels, et les parents d’élèves. Les représentations préalables doivent être déconstruites et les familles doivent être accompagnées pour y participer. Il ne faut pas accepter des situations où les enfants sont laissés comme cancres au fond de la classe, et des formations devraient être organisées par l’Éducation nationale, avec les associations Roms, pour aider à la prise en charge en classe.
1. Un enfant rom, c’est d’abord un enfant. Il a besoin de bien dormir, de bien manger, d’être habillé comme il faut. Comme les conditions d’habitation sont très précaires, il faut que l’école trouve des biais – montrer aux parents où sont les bains douches le plus proches (à Paris, les bains douches sont gratuits), emmener les enfants à la douche de l’école ou à la piscine chaque semaine, inscrire les enfants à la cantine, solliciter le Secours populaire ou catholique pour récupérer quelques vêtements – afin qu’ils ne puissent pas être distingués des autres.
2. Dans la classe, il n’est pas seul à avoir besoin de différentiation. L’enfant doit pouvoir travailler même partiellement dans un niveau de classe où il n’est pas seul à avoir besoin de différenciation ; lorsqu’il y a des temps supplémentaires, ou un enseignant disponible, il doit pouvoir être pris en petit groupe pour étayer et encourager ses progrès, même lorsqu’ils sont très faibles.
3. Il doit être encouragé à participer à des projets collectifs. Un réseau d’amitié doit se construire progressivement, et il doit être accompagné pour être pris en compte dans les jeux de cour de récréation, dans la partie de foot, dans les jeux de marelle. Il doit pouvoir bénéficier d’aide dans la classe venant des autres enfants, et être valorisé dans les activités où il participe à égalité avec les enfants de son âge (sport, bricolage, arts plastiques, maths parfois). Il est utile de faire régulièrement une réunion de Conseil d’élèves en classe afin de permettre aux tensions et aux conflits de s’exprimer.
4. Il doit être chaque jour confronté à des tâches scolaires à la hauteur de ses besoins. Tant pis s’il a l’âge d’être en CM2 et qu’il ne sait pas lire. Il doit apprendre à lire. Inutile de le laisser au fond de la classe pendant qu’on fait le complément du nom ou la proposition relative. Comme les autres, il devra comprendre les syllabes, les sons, le sens, les supports, etc.
5. Pour cela, avoir chaque jour un temps de travail individualisé est une aide. Le matériel Freinet (PEMF ou Odilon), qui n’indique pas le niveau de classe, et qui n’écrit pas les consignes permet une relative autonomie. La revue Jmag de l’ICEM-pédagogie Freinet, qui explore les supports de l’écrit dans toutes les directions, et n’indique pas non plus de niveau, peut servir de support pour des activités de lecture et d’écriture.
1. Loin d’une « baisse de niveau » dans la classe, les enfants de la grande pauvreté permettent une remise en question de tout le monde. Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie ? Est-ce normal d’avoir des copains de classe qui vivent dans des cabanes ? Le racisme est-il toujours tourné contre les noirs ou les musulmans ? Qui a « droit » à l’école publique ? Est-ce qu’on peut être raciste, même quand on souffre soi-même du racisme ?
2. Loin d’une école centrée sur la « performance », les enfants de la grande pauvreté permettent de réfléchir sur la place des politiques locales d’accompagnement social. Qu’attend-on de la mairie ? Du département ? Que la police municipale chasse les enfants un peu plus loin ? Qu’on retrouve des Gavroche et des Cosette lavant des parebrises à chaque carrefour ? Ou bien allons-nous défendre ensemble une école publique qui est un acquis social des enfants, de tous les enfants ?
3. Loin d’une vision d’un racisme basé sur la religion ou la « race » », les enfants roms vivent un racisme basé juste sur leur pauvreté et leur culture. Qu’ils vivent dans des bidonvilles, des caravanes, des quartiers ségrégués, pour tous et toutes, la médiation est indispensable pour que l’école soit profitable, pour l’ensemble de ses profits, qui ne se résument pas à la performance scolaire, mais aussi à la construction d’un espace social partagé.
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