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Les établissements expérimentaux de l’Éducation nationale fragilisés
Incompréhensions et inquiétudes. Alors que le projet de loi «Pour une école de la confiance» est en cours d’adoption au Parlement, les établissements publics expérimentaux souhaitent alerter sur l’écart entre les décisions prises localement et une politique nationale qui se dit favorable à l’innovation et à l’expérimentation.
La Fespi réunit des écoles, collèges et lycées dans lesquels les enseignants travaillent en équipe et en lien avec des chercheurs pour construire des propositions pédagogiques adaptées aux jeunes. Ces établissements innovants publics fournissent à l’institution de nombreux indicateurs d’évaluation, les enseignants qui y sont engagés expérimentent et diffusent les pratiques qui améliorent le bienêtre à l’école, qui donnent sens à l’apprentissage de la citoyenneté. Ils accueillent un public scolaire souvent fragile et réconcilient des élèves susceptibles de décrocher ou qui ont décroché avec les adultes et les savoirs.
Ces établissements sont des lieux d’expérimentation indispensables à l’Éducation nationale. Or, expérimenter et analyser les effets requièrent du temps et de la stabilité. Pourtant, l’Éducation nationale supprime des postes ou des heures d’enseignement dans certains de ces établissements, met en péril leurs projets soit en tentant d’imposer un déménagement dans des locaux inadaptés, soit en cherchant à normaliser ou nier leurs pratiques pédagogiques innovantes. Par ailleurs, leurs équipes offrent une expertise à laquelle l’Éducation nationale fait trop peu de place.
L’écart entre les réalités vécues sur le terrain et les objectifs de la politique éducative est source d’incompréhensions et d’inquiétudes. Incompréhensions lorsque ces établissements, dont l’efficacité est avérée, sont directement menacés. Inquiétudes lorsque les moyens qui leur sont alloués, baissent et remettent fondamentalement en cause leur fonctionnement pédagogique innovant.
La Fespi
21 mai 2019
L’application de la réforme du lycée a conduit à la suppression de l’équivalent d’un poste d’enseignant au CLE. Cette réduction des moyens humains alloués à l’établissement a des effets importants sur le caractère innovant de ce collège-lycée.
Depuis 2011, les temps de décloisonnement disciplinaire organisés en parallèle au collège et au lycée, à raison de deux fois une heure et demie par semaine, permettent le traitement de contenus disciplinaires à deux ou trois enseignants en face d’un groupe d’élèves, mais aussi la construction par les élèves d’un parcours citoyen (réflexion sur l’orientation et sur l’engagement accompagnée de stages en entreprise et en association ; participation à des actions solidaires). Ces pratiques interdisciplinaires pourront-elles rester structurelles et donc concerner les élèves de la 6ème à la Terminale ?
Le groupe de tutorat (quinze élèves maximum) est un des fondamentaux du CLE. Il permet l’accompagnement de chaque élève par un adulte de l’équipe et constitue la structure de référence. Actuellement, tout enseignant à temps plein est soit tuteur d’un groupe d’élèves soit membre de l’équipe de direction, c’est-à-dire l’instance collégiale élue par l’équipe qui prend en charge les tâches administratives et de fonctionnement. La suppression d’un poste a un impact sur cette organisation. Faudra-t-il choisir qui parmi les élèves pourra bénéficier de l’accompagnement d’un tuteur ou bien songer à augmenter la taille des groupes de tutorat ?
L’application de la réforme du lycée se traduit par la suppression d’une classe en première et va de fait remettre en cause un choix de l’équipe pédagogique de longue date : privilégier une taille «raisonnable» des classes (inférieure à 27-28 élèves en lycée).