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Issy-les-Moulineaux, village gaulois ?

Comment s’est fait le choix de maintenir la semaine scolaire de quatre jours et demi ?

En juin dernier, le comité de pilotage des rythmes éducatifs a choisi à Issy de laisser les choses en l’état, il n’y a pas eu de pression dans le sens d’un changement immédiat. L’évaluation du PEDT (projet éducatif territorial), menée auprès des enseignants, des parents et des élèves, a conclu à une satisfaction généralisée quant au fonctionnement du temps périscolaire.

Cette année, nous avons tout d’abord consulté les vingt-quatre conseils d’école, qui se sont majoritairement prononcés en faveur du retour aux quatre jours. La municipalité a en parallèle décidé de la mise en œuvre d’une large consultation des parents d’élèves. Le taux de réponse a été important (57 %), témoignant de l’intérêt réel pour cette question. À 65 %, les parents d’élèves se sont prononcés en faveur du maintien du dispositif actuel. La ville a tranché en faveur d’un maintien de l’organisation actuelle ; à la rentrée prochaine, la semaine sera toujours organisée sur quatre jours et demi à Issy-les-Moulineaux. Le contexte national et les réflexions sur une éventuelle redéfinition des périodes de vacances scolaires annoncées par le ministre de l’Éducation nationale nous ont également encouragés à prendre cette décision. Nous souhaitons vivement que puisse désormais être organisée une évaluation comparative des effets des deux organisations sur les résultats scolaires et la fatigue des enfants.

Comment fonctionne le périscolaire à Issy ?

Un effort important a été consenti pour proposer des activités longues de qualité, sur des thématiques diversifiées (plus de soixante-quinze activités différentes). Elles sont complétées par des ateliers courts, et par les études organisées par les enseignants. Les activités périscolaires sont d’un cout limité, pour une durée de prise en charge importante (1h30 à 1h45, le soir, précédées d’un temps d’étude après la classe qui se termine à 15h45). Précisons que les enfants habitent tout près de leur établissement, la ville ayant fait le choix de construire des écoles de proximité, de taille mesurée.

Ces activités vont de l’escrime au codage accompagné, en passant par le journalisme ou la cuisine. Cette dernière activité est même placée en tête par les enfants dans les enquêtes, alors qu’elle parait secondaire pour les parents. Ajoutons que nous essayons au maximum de nouer des liens entre activités scolaires et périscolaires. Il arrive d’ailleurs que des enseignants y soient impliqués, un certain nombre de professeurs utilisant en classe ce qui a pu se faire en périscolaire. Mais il nous faut parfois réajuster le fonctionnement général, en veillant à éviter une surcharge d’activités qui pourrait être contre-productive.

Les enseignants acceptent-ils bien ce maintien des quatre jours et demi ?

C’est vrai qu’ils sont un peu troublés, mais les relations restent bonnes. Certains vont demander à participer au mouvement des enseignants. L’argument de la fatigue est avancé, mais il me semble que d’autres facteurs que les rythmes scolaires peuvent expliquer une fatigue importante des enfants, à savoir l’heure de coucher parfois tardive, l’usage important des tablettes et autres outils numériques.

La ville d’Issy mène une politique éducative qui ne se limite pas à l’école primaire. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

En effet, nous menons depuis 2010 un travail de valorisation de compétences diverses chez les collégiens dans le cadre du LEXIM, livret expérimental de compétences, sous l’impulsion de Bruno Jarry, directeur du CLAVIM (Cultures, loisirs, animations de la ville d’Issy-les-Moulineaux). La plaquette de présentation de ce livret stipule que « le jeune donne souvent à voir des ressources qu’il sait mobiliser, s’étonnant parfois lui-même de ce qu’il est parvenu à réaliser ». Il lui est également possible de valoriser des engagements plus ponctuels en en faisant un retour d’expérience au sein de notre Espace jeunes Anne-Frank ou de son collège.

Ainsi, le livret expérimental d’Issy-les-Moulineaux permet-il à chaque collégien, de la 5e à la 3e, de voir recueillies, dans un même classeur, ses participations actives, à des forums d’information et d’orientation, à des activités sportives, solidaires et associatives, à des cérémonies commémoratives.

Certains CM2 sont intéressés. Ce dispositif s’inscrit dans une politique éducative forte, au budget conséquent, mais il s’agit d’un investissement dans l’avenir. Les retours par exemple sur ce livret de compétences sont positifs et encourageants en matière d’engagement des jeunes dans la vie de la Cité.

Propos recueillis par J.-M. Zakhartchouk


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