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Intelligence artificielle : trois défis pour l’école

Image générée par l’intelligence artificielle Dall-E.
Les résultats de l’enquête « Les collégiens et lycéens et l’intelligence artificielle », menée par le CRAP-Cahiers pédagogiques entre décembre 2024 et mars 2025, nous amènent à identifier trois défis auxquels l’école doit faire face pour prendre en charge l’arrivée de l’IA pour les élèves du secondaire1.
1. S’approprier l’IA pour pouvoir l’enseigner
Constat : dans les réponses, 80 % des lycéens et 57 % des collégiens ont déjà utilisé l’IA pour leur travail scolaire. Et près des deux tiers des répondants pensent savoir utiliser et comprendre le fonctionnement de l’IA.
Quoi qu’on en pense, l’IA fait désormais partie de la vie des élèves. L’école doit en tenir compte. Il ne s’agit pas de chercher à empêcher ni même à contrôler, ce qui serait illusoire, mais bien de se l’approprier pour pouvoir en enseigner les usages pertinents.
Cela demande de reconnaitre la légitimité des usages de l’IA aussi bien aux élèves qu’aux enseignants, et surtout de ne pas laisser croire aux élèves qu’ils sont les seuls à l’utiliser.
D’après les réponses obtenues dans l’enquête, les élèves qui utilisent l’IA pensent la maitriser et savoir l’utiliser. C’est à la fois un point d’appui et un obstacle aux apprentissages. L’enjeu pour l’école, c’est peut-être de bousculer cette certitude. Il lui faut réussir à apparaitre aux yeux des élèves comme ayant bel et bien des choses à leur apprendre sur le fonctionnement – en constante évolution – de l’IA et leur montrer que la maitriser n’est pas si simple !
2. Aller plus loin dans l’utilisation de l’outil
Constat : lorsque les élèves utilisent l’IA, leur premier réflexe est de réaliser des recherches sur internet, une tendance observée chez 75 % des répondants. Viennent ensuite les usages liés à la traduction et à la conversation, représentant environ deux tiers des réponses. La majorité des utilisateurs occasionnels de l’IA se limitent à ces fonctions de base, qui ne sont parfois qu’un substitut à une recherche via un moteur de recherche, plus couteuse en énergie carbonée par ailleurs.
La formation à l’IA doit viser à dépasser ce premier niveau d’utilisation pour encourager une approche plus réfléchie et efficace. Il est essentiel d’aborder « l’art de prompter », c’est-à-dire la capacité à formuler des requêtes précises et pertinentes pour obtenir des résultats optimaux. Les élèves doivent également être sensibilisés à la diversité des outils et des usages de l’IA, afin de comprendre son potentiel dans différents domaines.
Il n’est ni possible ni souhaitable de chercher à maitriser la totalité des outils existants. En revanche, l’école peut jouer un rôle crucial en fournissant aux élèves des repères et des clés leur permettant de faire le meilleur usage des outils d’intelligence artificielle dans diverses situations. Par exemple, leur faire utiliser plusieurs IA et pas seulement ChatGPT.
3. Encore et toujours former à l’esprit critique
Constat : 45 % des collégiens et 60 % des lycéens trouvent que l’IA est « quelque chose d’inquiétant ».
Les élèves expriment des préoccupations croissantes concernant l’intelligence artificielle. Leurs inquiétudes se concentrent principalement sur deux aspects : d’une part, les impacts potentiels de l’IA sur les artistes et sur le climat, et, d’autre part, le risque de développer une forme de dépendance à cette technologie. Ces préoccupations soulignent la nécessité d’aborder l’IA de manière éthique et responsable dans le cadre éducatif.
Comme pour toute production, les résultats générés par l’IA doivent être critiqués, comparés et vérifiés. Il est crucial d’éduquer les élèves à développer un esprit critique face aux documents et à identifier les travaux réalisés par l’IA. De plus, il est essentiel de les aider à discerner les moments où l’utilisation de l’IA est pertinente ou non.
Cette éducation doit également inclure une sensibilisation aux biais potentiels des algorithmes et à l’importance de la transparence dans le développement de l’IA. Il faut aussi ne jamais oublier que la question des sources est cruciale. D’autant que les fameux biais sont parfois intentionnels de la part d’acteurs malveillants. Pour autant, l’école perdrait beaucoup à cultiver la méfiance et la technophobie.
Cette démarche s’inscrit très largement dans la continuité du travail habituel des enseignants sur le développement de l’esprit critique. Toutefois, elle prend une nouvelle dimension avec l’intégration de l’IA.
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