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Football, je t’aime… moi non plus – Le football : l’art ou la guerre ?

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Voilà un titre qui nous invite à découvrir cette activité sportive à travers un double regard : celui du joueur- entraîneur et celui du prof d’EPS- sociologue, à la fois amoureux et critique du football.

L’auteur explore les fondements du chauvinisme des supporters inconditionnels d’une équipe de foot. Ce sont dans des formes de spectacles proches de pratiques guerrières qu’ils s’affirment et qu’ils assouvissent leur besoin de pouvoir. La « violence ordinaire » constatée dans les stades est analysée à travers les modes de communication des publics. C’est une quête identitaire forte et une appartenance communautaire singulière et partisane qui sont ici dévoilées.

J.-C. Trotel, en tant que spécialiste du football, analyse ensuite les effets de certaines formes de pratiques susceptibles de procurer des émotions esthétiques. Pour lui, apprécier des tactiques de jeu lorsqu’elles sont basées sur la réalisation de « contre-pied » collectifs ou individuels, un peu comme à la « brésilienne », n’est pas une utopie ni l’apanage de quelques initiés. Toutes les actions de déséquilibre de l’adversaire en football emportent aisément l’adhésion et le plaisir du plus grand nombre.

La thèse de J.-C. Trotel devient donc à la fois constructive et progressiste : Réunir le maximum de supporters ordinaires et les amoureux du beau jeu autour d’une pratique résolument offensive du football. Dès lors cet enthousiasme commun pour une pratique esthétique du football ne peut-il pas contribuer à faire évoluer les mentalités de chacun ? La notion de « beau » trouverait alors sa place dans l’univers du football.

Tout l’intérêt de ce travail consiste à soutenir une pratique sportive populaire mais pas à n’importe quel prix, pour n’importe quel football.

L’auteur aime le foot et le foot qu’il aime, il me l’a fait aimer. Quand j’étais étudiant avec d’autres, nous avons généralisé cette approche dans nos démarches pédagogiques scolaires. Elle habillait de valeurs humanistes le bienfait des pratiques physiques non critiquées et rarement interrogées.

Le football : l’art ou la guerre ? Le sous-titre dévoile le parti pris par Jean-Claude Trotel et engage à la lecture tous ceux qui de près ou de loin – supporters, joueurs, entraîneurs, professeurs d’EPS, spectateurs, formateurs, présidents de clubs – aimeraient voir du « beau » football se jouer sur les terrains de sport, sur les cours d’école ou dans les rues. Mais plus encore, ce livre invite tous ceux qui aiment développer leur sens critique par la dimension artistique et émotionnelle d’un spectacle, pourquoi pas, de football.

Le propos est construit, l’écriture est belle et la philosophie éclairante. On ne peut que tomber sous le charme de ces écrits et se laisser aller à lire du « beau » football en attendant de le voir pratiquer à tous les niveaux.

À la guerre je préfère l’art. Or le football dominant actuel n’est-il tout simplement pas un « art sociologique » pour « faire une guerre symbolique » ?

Christian Frin


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