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Faire corps avec les apprentissages

Couverture du numéro 597, « Apprendre avec le corps »

Mélanie Horwitz, Évelyne Clavier, coordinatrices du numéro 597Plus de dix ans se sont écoulés depuis le dossier « Le corps à l’école »1. Il mettait en lumière les questions liées aux représentations des corps des élèves comme des enseignants, revenait sur les disciplines plus précisément liées aux connaissances sur le corps et finissait par s’interroger sur le corps comme levier d’apprentissage. Aujourd’hui, c’est sur ce dernier aspect uniquement que nous avons souhaité nous interroger. Car si les politiques éducatives mettent désormais en avant la nécessité de l’exercice physique – les « trente minutes par jour » – pour habituer les élèves à faire du sport régulièrement et peut-être également pour endiguer les énergies, il n’est pas sûr que ces pratiques soient celles que la pédagogie et les didactiques visent en passant par le mouvement, le geste et l’approche corporelle pour apprendre.

Notre parti pris s’inscrit dans une tradition qui s’appuie sur la conviction que l’élève n’est pas qu’un pur esprit. « Le corps et l’esprit ne sont guère plus séparables que le recto et le verso d’une feuille de papier ! » écrit Cécile Delannoy2, enseignante et formatrice retraitée, s’inspirant du neurologue Antonio Damasio. Pourtant, quand on envisage l’école sous ses traits les plus communs, l’image qui vient à l’esprit est encore celle d’une salle de classe où les déplacements sont contraints, où le mobilier ne fait pas de place aux différentes corporéïtés, où les comportements corporels sont normés et peu souvent sollicités dans les méthodes d’enseignement.

L’ambition de ce dossier est de montrer que d’autres pratiques existent, sont nécessaires et libératrices ; que sans elles, l’institution se charge d’une violence quotidienne qui favorise l’exclusion ; et qu’elles ne sont parfois pas si compliquées à mettre en œuvre. Nous consacrons notre première partie à réfléchir sur ce que l’apprentissage par corps signifie en termes d’enjeux, pour l’institution comme pour l’élève, mais aussi pour les pratiques enseignantes : quels principes se dessinent-ils ? Quels gestes professionnels ? Pour quels effets ?

Puis nous proposons des témoignages constituant des pistes concrètes de projets et de pratiques de classe. Bouger en classe, oui, mais comment, et pour comprendre et apprendre quoi ? Pour vivre quoi ensemble ? Pour quels bénéfices ?

Plus spécifiquement encore, les enseignements artistiques, auxquels nous consacrons notre troisième partie, ont recours aux corps et aux sens, et sont des recours inclusifs pour apprendre dans toutes les disciplines, en collectif et en les rendant accessibles à tous.

Enfin, notre quatrième partie se tournera vers ce qui se pratique hors des murs de la classe, dehors ou dans les espaces moins contraints des établissements.
Cette attention accrue au corps rejoint ainsi l’idée que l’apprentissage s’ancre davantage quand il ne mobilise pas seulement les facultés intellectuelles, mais également sensorielles. Bien sûr, il faudra garder en tête les conditions nécessaires pour que cette mise en mouvement des corps ne soit ni seulement ludique, ni excluante, mais bien source d’apprentissages, formative pour tous donc.

Mélanie Horwitz
Formatrice de lettres à l’Inspé de Créteil
Évelyne Clavier
Coordinatrice ULIS

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Couverture du numéro 597, « Apprendre avec le corps »


Notes
  1. Cahiers pédagogiques n° 497, mai 2012.
  2. Dans le chapitre « Quelle place pour le corps dans l’acte pédagogique », Prendre en compte le corps et l’origine socioculturelle dans les apprentissages, Retz, coll. Fname, 2016.