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Aborder l’histoire à travers l’intime
Le projet est né du désir de l’enseignante de mieux parler de la Commune, période dont l’étude est surtout limitée au rôle de Louise Michel dans les programmes scolaires, et de sa découverte des ressources d’Educ’ARTE avec notamment le travail de Raphaël Meyssan1. Parmi les ressources figurait la proposition d’un échange en visioconférence avec l’auteur, et Cécile Touche a sauté sur l’occasion.
Les élèves ont découvert sur le site Educ’ARTE des extraits du film ainsi que la chronologie détaillée. Ils ont aussi pu lire la bande dessinée au CDI (centre de documentation et d’information) de leur lycée. La rencontre en visioconférence a été organisée par l’équipe d’Educ’ARTE, avec également une classe des Hauts-de-France, pour échanger sur le travail de Raphaël Meyssan, notamment sur la mise en scène de parcours biographiques marqués par la Commune à partir de documents originaux (textes ou gravures). Les élèves avaient préparé des questions et ont été vivement intéressés par cette rencontre, même s’ils ont été un peu intimidés.
Il a fallu trouver un prolongement qui permette de réactiver les connaissances des élèves et de les impliquer, et ce dans un temps limité car l’année scolaire était déjà presque à moitié écoulée. L’idée de travailler sur le même principe en suivant un personnage réel à partir de documents d’archives a rapidement émergé.
Grâce au Maitron, dictionnaire biographie du mouvement ouvrier, Cécile Touche a trouvé un personnage avec lequel ses élèves bretons pouvaient se sentir reliés : Émile Giffault, géographe, élève d’Élisée Reclus, âgé de 22 ans au moment de la Commune et emprisonné à Port-Louis (dans la rade de Lorient) sur un bateau amarré à l’un des pontons qui servaient de point de départ aux déportés. Il y a écrit une lettre conservée aux archives départementales de Vannes, que l’enseignante a pu consulter. Il a ensuite été déporté en Nouvelle-Calédonie, où il a amassé de nombreuses observations géographiques et cartographiques. Après son retour en 1880, il a aidé Louise Michel à écrire son livre sur les Kanaks, puis est devenu journaliste à L’Intransigeant, mais aussi dessinateur-cartographe pour le journal Le Temps. Il est mort en 1906, à 56 ans.
Ce corpus documentaire réuni, l’enseignante a estimé que ses élèves avaient suffisamment de matériau pour écrire, collectivement, le journal intime d’Émile Giffault. Avec un objectif : « Mener un travail mettant en valeur le rôle des évènements historiques du XIXe siècle sur la vie d’un homme engagé. Les documents existent, il faut les utiliser pour les rendre vivants pour le temps présent. » Et une consigne de travail : « Vous êtes tous individuellement Émile Giffault à différentes périodes de sa vie mouvementée. Il n’a pas eu le temps de le faire lui-même, alors vous allez rédiger un journal intime contextualisé couvrant ses cinquante-six années de vie. Chacun dispose d’un document écrit ou dessiné par Émile Giffault. Vous-même cartographe, dessinateur et journaliste, vous êtes doté d’une grande qualité d’écriture. Écrivez à la plume sur un petit carnet (format A5, un demi A4), recto-verso. On est au XIXe siècle, tout est fait à la main. Insérez des gravures de l’époque pour illustrer le texte. En imitant son écriture, écrivez à la première personne et contextualisez les évènements de sa vie. »
Les élèves ont rendu une première version après les vacances de février. Après correction, un deuxième rendu a eu lieu avant les vacances de Pâques et le projet a été finalisé en mai. La réalisation finale, dont la forme a été simplifiée faute de temps, est un cahier de quarante-deux pages qui contient tous les épisodes de la vie d’Émile Giffault, rédigés par les groupes d’élèves, accompagnées de gravures avec des incrustations de phrases rédigées par les élèves.
Pour Cécile Touche, le bilan est très positif. Dans cette classe de 1re hétérogène, tous les élèves ont très bien participé. Même les élèves les moins scolaires ont fini par être entrainés dans le travail. Les échanges entre élèves ont été riches, y compris en dehors des séances de travail. La dernière heure de cours a été une séance de lecture : quelques-uns ont lu leurs pages du journal. C’était la première fois qu’ils avaient le projet fini entre les mains et le moment a été émouvant. L’enseignante retient le rôle déterminant de la rencontre avec Raphaël Meyssan. Selon elle, avec les seules ressources du site, les élèves auraient eu beaucoup plus de mal à se lancer dans le projet.
Extraits du journal d’Émile Giffault rédigé par les élèves
professeure d’histoire-géographie en collège à Paris
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