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Climat : une école en première ligne

L’équipe de l’école Le Blé en herbe de Trebedan (Côtes d’Armor), réputée pour son énergie novatrice, initie du 3 au 7 juin 2019 une semaine de réflexion et d’engagement d’actions sur les enjeux climatiques, en impliquant des écoles primaires, des établissements du secondaire, des associations, des collectivités, des particuliers, des acteurs économiques, en réalité potentiellement tout acteur de société. De nombreux intervenants sont invités à participer à cette réflexion, en écho avec le travail sur le terrain mené par les associations et collectivités. La directrice de l’école nous présente cette semaine et ses ambitions.

Notre semaine de réflexion sur les enjeux climatiques s’appelle «Faites du climat!». Un des points culminants sera le mercredi 5 juin, où se rencontreront, partageront et réfléchiront ensemble tous les acteurs (des chercheurs, des militants associatifs, des défenseurs de l’environnement ; en principe, Nicolas Hulot sera de la partie) autour d’une fête du climat à laquelle les familles sont conviées, pour participer, assister ou contribuer.

On voit bien qu’il ne s’agit pas seulement là de mettre en place un projet d’éducation au développement durable au sein de sa classe ou de son école. Cela va au-delà.

Qu’est-ce qui rend légitime cette initiative ? Il s’agira en particulier de permettre aux élèves de partager ce qu’ils ont appris, d’ouvrir les classes pour mener des ateliers, d’inviter les familles à contribuer en valorisant ce qu’elles savent ou savent faire. Autant de leviers que beaucoup d’enseignants actionnent déjà. Notre objectif est en fait de rendre visible cette action, en affirmant et affichant ces liens sur des temps spécifiques, autour d’une intention partagée qui est celle d’agir sur les raisons du réchauffement climatique.

Faire vivre l’école du socle

L’objectif est aussi de faire vivre l’école du socle et la liaison entre école et collège. Une des façons de le faire peut être de mettre en œuvre des projets fédérateurs qui ont du sens pour les élèves sur l’ensemble de leur scolarité. Le développement durable en est un moyen tout-à-fait cohérent. De façon évidente, les enjeux environnementaux ne s’arrêtent pas aux murs de l’école, l’action de chacun a une incidence sur les autres et ce domaine a sa place dans les programmes de la maternelle au lycée. Là encore, les voies sont plurielles : avoir des intervenants communs, croiser des expositions de travaux d’élèves sur différents sites, prendre en compte les réflexions d’élèves d’autres classes, d’autres écoles ou d’autres niveaux pour construire sa propre compréhension, ou bien même permettre aux élèves de filières spécifiques de valoriser et éprouver ce qu’ils ont appris en le transmettant à d’autres élèves plus jeunes. Tout cela contribue à faire sens.

Enfin, il s’agit aussi d’ancrer l’action de l’école dans une dynamique de territoire et, inversement, de prendre en compte les spécificités et capacités de son territoire dans son projet pédagogique, deux leviers impératifs de la mise en œuvre. Reste que, culturellement, dans l’Éducation nationale, on n’a pas toujours l’habitude de dire ce que l’on fait ou de solliciter une labellisation, par humilité ou par peur d’être observé. C’est sans doute se priver d’une lisibilité des projets, d’une valorisation de ce qui est mené, d’une connexion avec d’autres acteurs et d’un déploiement d’impact.

La recherche de partenaires, la recherche de solutions (qui soient lisibles, visibles, évaluables, communicables et partageables), la confrontation à d’autres points de vue, le travail collaboratif, toutes ces modalités que l’on met en œuvre ici sont au service des apprentissages. À la fois fins et moyens, ces actions sont donc à la fois le lieu de l’apprentissage et celui de la mise en capacité de nos élèves à répondre aux défis auxquels ils seront confrontés à l’avenir.

Nous pouvons revendiquer notre droit, voire si l’on s’en réfère aux textes, notre devoir, à connecter, notre droit à susciter l’envie du collectif, notre capacité à provoquer l’enthousiasme. Hors de tout enjeu personnel d’intérêt, c’est là certainement ce qui rend plus forts et efficaces cet engagement et cette impulsion. De par sa structure et ses missions, l’école a certainement les moyens de lever trois freins importants à l’action sur les enjeux climatiques :
– le risque de mener des actions simultanées plutôt que conjointes
– le risque de l’entresoi
– le risque de recherche de responsables plutôt que de solutions.

Alors, puisque rien ne s’y oppose et que les apprentissages ont tout à y gagner, il n’y a plus qu’à se lancer !

Nolwenn Guillou
Directrice de l’école Le Blé en herbe

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Programme de « Faites du climat! »


À lire également sur notre site:
Éducation à l’environnement – Lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale du CRAP-Cahiers pédagogiques
Le défi du climat doit être aussi un défi pour l’école! par Marie Duru-Bellat
Pour une culture générale du climat, par Valérie Masson-Delmotte

Pour en savoir plus sur les actions menées dans cette école pas comme les autres, nous avons publié des articles de l’équipe dans notre n°542, « Bienveillants et exigeants » et dans notre hors-série numérique n°48, « Espaces et architectures scolaires ».