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Un foisonnement de créativité qui donne envie d’essayer à son tour

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Qu’est-ce qui vous semble le plus marquant dans ce dossier ?

I. B. : Dans la difficile tâche de constituer un dossier cohérent autour de contributions variées, il est apparu que les personnes sollicitées œuvraient toutes dans un même sens, pour atteindre des objectifs communs : donner du sens aux apprentissages, faire progresser les élèves vers l’autonomie et la collaboration, favoriser la compréhension des œuvres et des styles, et pratiquer les différentes formes d’arts avec discernement.
L’outil numérique, multiforme, semble trouver naturellement sa place auprès de tous, comme une évidence. Il est le dénominateur commun de situations diverses.

A. R. : Ce qui m’a le plus marquée, c’est l’extrême diversité des usages et des productions que le numérique permet. Outil pour découvrir, pour analyser, mais aussi formidable occasion de créer soi-même, de travailler ensemble et de partager. Le foisonnement de créativité pédagogique que suscite le numérique donne envie d’essayer à son tour. J’espère que les lecteurs vont eux aussi se sentir pousser des ailes !

Est-ce que le numérique permet de renouveler profondément les enseignements artistiques ou est-ce seulement un outil supplémentaire ?

I. B. : Enseignante en éducation musicale, il m’est aisé d’évoquer ma discipline. Sous l’impulsion des corps d’inspection, les professeurs ont depuis longtemps investi le numérique. De la même manière que ces outils ont radicalement transformé la création musicale en général, l’accès aux œuvres et les pratiques sociales, le cours a aussi vécu un bouleversement.
Au-delà d’un simple outil, le numérique est devenu un maillon indispensable de mon enseignement. C’est une sorte de mise en abyme : un outil qui me permet d’utiliser davantage les autres outils et de diversifier mes pratiques.

A. R. : Il me semble évident qu’on assiste à un renouvellement profond. Le numérique ne consiste pas seulement à remplacer les ciseaux et la colle par le copier-coller. Il ouvre à de nouvelles possibilités de création : on a vu les élèves manipuler des sons, les agencer, créer leurs propres œuvres sonores, par exemple. Et ces élèves créateurs deviennent aussi de meilleurs amateurs : leur oreille s’éduque en créant. Le numérique, en tant qu’outil d’analyse de l’art ou vecteur de création, multiplie les possibilités de connaitre et de pratiquer.

Il est beaucoup questions de l’épreuve d’histoire des arts au brevet. Qu’a-t-elle apporté de spécifique au collège ?

I. B. : Au-delà de l’épreuve de fin de troisième, c’est le dispositif interdisciplinaire sur les quatre années de collège qui a initié une transformation des enseignements.
Les œuvres artistiques étaient déjà abordées dans plusieurs matières. L’histoire des arts a permis d’aller plus loin : éclairer ces œuvres sous plusieurs angles et ainsi leur donner davantage de sens. La collaboration entre disciplines, entre enseignants, devient alors nécessaire. Sa mise en place ne se fait pas sans mal, et le numérique a probablement son rôle à jouer ici : comment faciliter la communication, la mise en lien des approches, des outils et la conservation du travail en vue de l’épreuve du brevet ?

A. R. : Là je peux réagir en tant que prof d’histoire-géo : quand on a vu arriver l’enseignement de l’histoire des arts, le premier réflexe de beaucoup d’entre nous a été de dire « mais enfin, l’histoire des arts on en fait déjà, regardez, en 5e on étudie l’art roman et l’art gothique, la Renaissance, etc. » Après plusieurs années, je constate de véritables changements. D’une part pour ma discipline : l’histoire des arts a infusé, elle a orienté la façon dont on aborde beaucoup de chapitres, elle n’est plus accessoire. D’autre part, et c’est plus important, elle a créé des coopérations interdisciplinaires, elle a fait dialoguer les enseignements. Je ne me suis pas complètement défaite de mon scepticisme originel, cependant : la mise en œuvre est tellement variable d’un établissement à l’autre que ça révèle aussi des dysfonctionnements d’équipes et d’organisation dont pâtissent les élèves qui présentent l’épreuve au brevet.