Mars 1994. La jeunesse est dans la rue. Contre le CIP (contrat d’insertion professionnelle). Le Premier ministre Édouard Balladur n’y voit que le retour cyclique des manifs de printemps. À la fin mars, il sera contraint de renoncer au projet. Mais la droite y reviendra, c’est cyclique. Il aurait pu s’en douter : en cherchant dans le dictionnaire un synonyme de cycle, il aurait trouvé « révolution » !
Jean-Claude Fontaine, le coordonnateur du dossier des Cahiers pédagogiques du mois, « Enseigner par cycles à l’école primaire », présente ainsi la question : « L’école vit à l’heure des cycles. “Encore une réforme ? Non, une révolution.” Mettre l’enfant au centre du système éducatif dans le cadre d’un projet d’école qui tend à réaliser les objectifs nationaux en tenant compte des circonstances locales, quel programme ! » Voilà trois ans que l’école élémentaire a été réorganisée en cycles, c’est le moment de faire le point et d’engager des perspectives et des débats : à quelles conditions les cycles donnent-ils le temps d’apprendre aux élèves ? Le temps de différencier aux enseignants ? Claude Thélot, alors responsable de la Direction de l’évaluation et de la prospective, est interrogé dans le dossier : « Faut-il consacrer le maximum de temps aux connaissances de base dans la pratique de la classe ? » Il répond : « Je crois qu’il y a un aspect temps consacré à tel ou tel apprentissage, mais ce qui compte surtout, c’est la texture de ce temps. »
Le premier article du dossier, que nous reproduisons ici, situe la mise en place des cycles dans la longue durée d’un siècle d’innovation pédagogique et se termine par un rendez-vous fixé « dans trente ans ». Son auteur nous pardonnera d’être un peu en avance : nous sommes entrés dans un nouveau cycle !
YANNICK MÉVEL