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Quand le jeu en vaut la chandelle

Découvrir la cité des sciences de la Villette avant son ouverture, c’est déjà une surprise, un étonnement. Et la matinée de poursuivre sur ce ton, de découverte en découverte.

Marc Berthou et Dominique Natanson

Marc Berthou et Dominique Natanson

C’est Dominique Natanson qui ouvre le jeu. Le temps de jeu doit être bien limité, donner lieu à un espace particulier, avec le professeur garant des règles mais en retrait. C’est un temps de frivolité, au second degré : « On pourra déclarer une guerre, tuer des oiseaux ou tomber amoureux, ça comptera pour du beurre. » Pour autant on n’est pas dans n’importe quoi. On y apprend, on s’y apprend, on se projette dans un personnage qui n’est pas soi, on apprivoise des peurs, peur de l’autre, ou peur d’apprendre. Dominique Natanson manie lui aussi la frivolité et l’humour, évitant l’écueil dans lequel d’autres, et des malins, sont déjà tombés : le trop de sérieux pour compenser la défiance devant la légèreté à l’école.
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Mais pas trop de mots, c’est l’heure de jouer. De jouer à déclencher la guerre. Deux équipes. « Les Américains se mettent ici, les soviétiques là-bas ». Chacun lit son personnage sur la carte reçue : « Je suis Che Guevara », « Ah, moi, le représentant de l’ONU. ». Les groupes s’échauffent, parlementent. Des éclats de voix et de rires montent des équipes. Le maitre du jeu, Marc Berthou, demande au groupe des sociétique une première action : « Alliance militaire avec Cuba ». Et c’est Khrouchtchev qui l’annonce. Les Américains de répliquer. Missiles et ambassadeurs volent… avant la reprise de la réunion… La guerre nucléaire est évitée sur le fil.
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Destiné à entrer dans une notion, à accompagner une leçon ou à vérifier des connaissances, le jeu trouve sa place dans les apprentissages. Un sujet difficile, des représentations figées ? Alors jouer. Lorsque l’on a défini l’objectif, la durée, la place des savoirs souhaitée alors il devient possible de choisir le jeu adapté. Ensuite ? Tester, corriger, refaire, en famille, avec des amis. Et puis… « Et puis se lancer, connaître la hâte de faire jouer les élèves, se faire plaisir. Et les élèves verront que vous vous faites plaisir ! », lance Marc Berthou qui a l’air de s’y connaître, en plaisir d’enseigner, et plaisir de jouer.
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François Taddéi et Antoine Taly, du Centre de recherches interdisciplinaires, le CRI, interviennent ensuite. François Taddéi, en entretien, avait déjà rapporté aux Cahiers pédagogiques combien jouer avait été et était toujours important pour lui, et si proche de la recherche, son métier. https://cahiers-pedagogiques.com/Des-racines-et-des-ailes Oui, on peut jouer en licence, même si les élèves sont parfois réticents. Oui, le cerveau est fait pour le jeu, pour gagner à tous les coups ou perdre sans conséquences, pour s’amuser… et produire de la dopamine. « Plaisir et jeu, plaisir et apprentissage : les même centres neuronaux s’allument lorsque l’on joue et lorsque l’on apprend », rappelle François Taddéi. Et en cas de handicap, quel apport du jeu ? « L’avantage, c’est de pouvoir rejouer autant que l’on veut, pour progresser peu à peu, et c’est aussi que l’échec n’est pas puni. » rappelle Antoine Taly. « À une condition cependant : il faudra partir d’un niveau adapté, ni trop élevé, ni trop bas. », précise François Taddéi. Autant utiliser au mieux cette donnée, à l’école, mais finalement dans la vie aussi, la vie comme un jeu, où perdre une bataille n’est pas perdre la guerre. Dédramatiser, voilà peut-être le maitre-mot.
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Et le serious game ? Les auteurs du livre et d’autres personnes dans la salle se montrent réticents, en raison de l’aspect individuel. « On n’est pas obligés d’en passer par là. D’ailleurs, les jeux de plateau ont du succès, un grand succès. » ajoute Marc Berthou.

La matinée se termine par la présentation de « J’apprends l’énergie » projet de GDF Suez développé pour les enseignants. http://www.japprends-lenergie.fr/ Jeux, forums pour les enseignants, il s’agit d’alimenter une ville complexe et d’apprendre par là à se rendre familier des sciences.

Un grand merci à la Cité des sciences de la Villette, notamment à Claudie Haigneré, présidente d’Universcience, d’avoir reçu le CRAP-Cahiers pédagogiques durant cette matinée, et aux intervenants pour avoir su présenter le jeu de manière… ludique !