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Quatre livres pour changer l’école

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Le rapport à l’école des élèves de milieux populaires

Jacques Bernardin, éditions De Bœck
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Jacques Bernardin est un des responsables du GFEN (Groupe français d’éducation nouvelle) et il fait ici état de recherches, dont les siennes, propres à alimenter notre réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour une réelle « mobilisation cognitive » chez les enfants des classes populaires. Il s’agit bien en effet d’aller au-delà d’une pédagogie active qui a pour ambition de davantage motiver, mais qui ne permet pas de les faire entrer pleinement dans les savoirs scolaires et culturels indispensables.
Comprendre et mettre au jour la construction sociale des difficultés d’une partie de la population scolaire, montrer ce qui, dans les pratiques de classe, creuse encore les écarts liés aux caractéristiques des élèves éloignés de la culture scolaire, notamment dans ce domaine de l’écrit. Sont mis au jour les malentendus à propos de l’apprentissage qui règnent entre les enseignants et les élèves, entre les familles et l’école. Des élèves se retrouvent en difficulté quand les pratiques enseignantes et le travail scolaire reposent sur un cadrage flou, ou sollicitent la quotidienneté des élèves. En difficulté aussi, lorsque dans les pratiques de lecture, les enseignants segmentent le texte et font passer les élèves à côté de ce qu’en est la compréhension.
Un petit livre clair et incisif, qui se termine par des propositions pratiques et des exemples d’activités souhaitables.

 

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Pour une école qui aime le monde

Denis Meuret, Presses Universitaires de Rennes
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Il ne faudrait pas que la publication de ce livre dans une édition universitaire, avec une mise en pages un peu austère, éloigne de la lecture tous ceux qui s’intéressent à l’école, à ce qui peut la transformer dans le sens de la réussite du plus grand nombre. En effet, l’ouvrage de Denis Meuret est passionnant, écrit de manière souvent agréable et vivante, avec le recours assumé à la subjectivité et l’expression de convictions fortes qui n’empêchent pas la rigueur et la qualité des informations qui sont données sur le sujet qu’aborde l’auteur, chercheur à l’Iredu (Institut de recherche sur l’éducation, sociologie et économie de l’éducation) et grand connaisseur des systèmes éducatifs nord-américains.
Le livre montre que le Québec était en retard sur la France en matière d’apprentissages et de démocratisation. Or, aujourd’hui, qu’en est-il ? Citons cette phrase de la conclusion, qui s’appuie à la fois sur diverses observations et sur les résultats PISA : « La qualité de l’école québécoise est aujourd’hui meilleure que celle de l’école française. Les élèves y apprennent mieux, les inégalités sont plus faibles, les enseignants sont plus satisfaits de leur métier, les élèves ont un rapport moins angoissé à l’apprentissage. » Qu’est-ce qui a amené à cette situation ? Comment s’en inspirer pour la France ?

 

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La France enfin première de la classe

Marilyne Baumard, éditions Fayard
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Partant de l’enquête PISA (celle de 2009, le livre étant paru à la veille de PISA 2012), Marilyne Baumard se demande comment on pourrait faire pour « inverser la courbe » du déclin de notre école, surtout en matière d’inégalités. Une des manières serait de prendre en compte davantage ce que nous disent diverses études internationales, diverses expérimentations qui auraient fait leurs preuves. L’auteure, au départ, nous explique comment est né PISA et ajoute que l’important est aussi de disposer de plusieurs sources évaluatives, ce qu’oublient les « pisaphobes » qui négligent les résultats concordants pour la France de Pirls (Programme international de recherche en lecture scolaire en CM1) ou de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Puis, elle nous propose un voyage au pays des chercheurs, outre-Atlantique, mais aussi dans le laboratoire de Stanislas Dehaene, et des expérimentateurs, par exemple du dispositif Parler (Parler, apprendre, réfléchir, lire ensemble pour réussir), avec également un détour vers l’Asie pour nous aider à comprendre les performances étonnantes de certains pays en mathématiques. Même si elle reste prudente, l’auteure utilise souvent le mot « preuves » et s’engage parfois un peu loin dans la validation de recherches qui restent encore objet de discussion. Reste un livre dont on louera l’honnêteté, qui invite à lire de plus près les auteurs cités, les rapports, et une vision somme toute optimiste de l’école, puisque ce qui ressort, c’est que les marges de manœuvre sont importantes et qu’on est loin d’avoir « tout essayé ».

 

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Panser l’erreur à l’école. De l’erreur au dysfonctionnement

Yves Reuter, Presses Universitaires du Septentrion
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Pour Yves Reuter, il faut accepter l’erreur comme un état transitoire de l’apprentissage. On apprend en effet en reliant des connaissances nouvelles à son système de représentations. Parmi ces représentations, certaines seront des appuis à l’ancrage de nouveaux savoirs, d’autres des obstacles. Et c’est en franchissant les représentations-obstacles qu’on passera des paliers et règlera un ensemble de problèmes qui en découlent. Yves Reuter invite les enseignants à décrire et faire décrire le plus précisément les erreurs, à faire parler ou écrire, sous des formes multiples, les élèves sur les difficultés qu’ils ont rencontrées, à tenir des cahiers d’incidents, à faire des narrations de recherche, des entretiens individuels ou collectifs d’explicitation et à organiser des situations de réflexion ou de débat.
Pas de fiches-méthodes toutes faites dans ce livre donc, mais une formidable croyance dans l’intelligence des acteurs de la classe, pour trouver les solutions qui leur seront propres. L’ouvrage d’Yves Reuter participe à la création de ce nouvel imaginaire du métier d’enseignant induit par la refondation de l’école. Un pari sur la complexité des situations, sur l’intelligence et l’expertise des acteurs de terrain, sur la discussion pédagogique entre les maitres et les élèves.