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Pour une école de la mixité sociale et de la réussite de tous les élèves

L’école de la République ne tient pas ses promesses. L’absence de mixité sociale, au sein des établissements, des voies de formation voire des classes, conduit à participer à une forme de tri social dès le plus jeune âge. L’origine sociale joue ainsi un rôle central dans les parcours scolaires des élèves. Les inégalités de départ sont reproduites, légitimées et amplifiées par l’école.

De même, l’absence de motivation et d’implication des élèves, trop souvent perçue uniquement comme la cause des difficultés d’apprentissage, est, en réalité, le révélateur de la difficulté des élèves à donner un sens à des situations d’apprentissages le plus souvent organisées autour d’une « transmission » descendante du savoir, de l’enseignant vers l’élève.

Les coûts humains et économiques de cette situation sont terribles. Un élève sur six, soit 140 000 jeunes, quitte chaque année le système éducatif sans diplôme permettant une poursuite d’étude ou une insertion professionnelle.

Une réelle refondation de l’école doit se donner pour objectifs de permettre à tous les élèves qui lui sont confiés d’obtenir un diplôme, de favoriser leur épanouissement et de les préparer à exercer pleinement leur citoyenneté.

Cela nécessite que les pratiques pédagogiques soient, davantage qu’elles ne le sont actuellement, axées sur le travail collaboratif et l’implication effective des élèves à des activités qui font sens pour eux afin de créer les conditions d’une réelle transmission et appropriation des savoirs.

L’école doit, en outre, donner plus de place à l’expression et au développement de la créativité des élèves.

D’autre part, l’apprentissage d’une citoyenneté active suppose que les élèves soient considérés comme des citoyens en devenir. A cet titre, ils doivent être pleinement et réellement associés à la vie lycéenne et la démocratie d’établissement.

L’école, lieu d’apprentissage de la vie en société, se doit d’instaurer un climat d’écoute, de confiance, et de coopération, reposant notamment sur une communication apaisée.

Elle doit, enfin, être davantage un lieu de mixité sociale, un lieu de découverte et de respect des autres dans leur diversité.

Ainsi, l’école doit fournir un cadre qui permette à chaque élève d’y trouver une source d’épanouissement et d’émancipation. Les initiatives et les expériences menées de longue date dans plusieurs établissements ou classes ont démontré tout leur intérêt et mériteraient d’être soutenues et étendues.

Ce nouvel élan ne pourra être donné sans l’implication de tous, et notamment des acteurs du monde éducatif, à qui il convient de donner l’envie et les moyens de remplir la mission qui leur est confiée. Aussi, un effort considérable doit être fait en matière de formation et d’accompagnement des personnels. Sans un tel effort, la refondation risque de n’être qu’un mot.

Pour soutenir cet appel et peser dans le débat public sur l’école, signez la pétition en ligne

(Ce texte a été publié sous forme de tribune le 16/02/15 par le journal Libération,
il est consultable ici)

Premiers signataires :

Sylvain BOURMEAU (journaliste et professeur associé), CRAP (Cercle de Recherche et d’Action Pédagogiques), Sylvain DAVID (enseignant), Laurence DE COCK (enseignante), François DUBET (sociologue), Eric FASSIN (sociologue), FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves), FESPI (Fédération des Etablissements Scolaires Publics Innovants), Philippe FREMEAUX (Président de la SCOP Alternatives Economiques), André GIORDAN (professeur émérite en sciences de l’éducation), Charles HADJI (professeur émérite en sciences de l’éducation), Jean HOUSSAYE (professeur émérite en sciences de l’éducation), Gisèle JEAN (Vice-Présidente de l’Institut de Recherches de la FSU, ancienne directrice d’IUFM), Claude LELIEVRE (historien de l’éducation), Gérard MEDIONI (responsable de mouvement d’éducation nouvelle), Philippe MEIRIEU (professeur en sciences de l’éducation), Laurent MUCCHIELLI (sociologue), Sophie RABHI-BOUQUET (La Ferme des enfants/Le Hameau des Buis), UNL (Union Nationale Lycéenne), Antonella VERDIANI (Présidente du Printemps de l’Education)