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Le soufflé ne doit pas retomber !

Après plus d’un an de confinement, déconfinement, reconfinement, couvre-feu, restrictions, tout le monde n’a qu’une envie : sortir, dans tous les sens du terme! Et ça tombe bien, c’est ce que propose de faire notre dossier « Apprendre dehors », sortir avec les élèves, les enfants, pour apprendre dehors. Présentation du dossier par ses coordonnateurs.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de coordonner ce dossier ?

Jean-Michel Zakhartchouk : J’ai découvert pendant le confinement l’intérêt grandissant pour les formes d’ « écoles en plein air » et notamment lors de l’écriture de l’ouvrage Construire ensemble l’école d’après, où  nous avons recueilli plusieurs témoignages de ce qui apparaissait alors comme un contrepoint singulier au confinement forcé. J’ai eu envie qu’aux Cahiers, on approfondisse le sujet, qui, en plus, s’inscrit dans notre préoccupation prioritaire pour le défi écologique, et en ce sens ce numéro prolonge celui de mars 2020 sur cette thématique.

Aurélie Zwang :  Je suis engagée dans une recherche-action participative avec des acteurs expérimentant des pratiques d’école dehors (« Grandir avec la nature », coordonné par le FRENE) et j’ai du coup accepté bien volontiers la proposition qui m’a été faite de coordonner le dossier, ce qui m’a permis de réfléchir davantage au sujet qui n’est pas encore pleinement travaillé scientifiquement en France.

Faire classe dehors, est-ce un effet de mode, une opportunité sanitaire, ou plus que cela ?

AZ : Cela fait partie de questions pédagogiques abordées depuis longtemps, notamment par l’éducation nouvelle, il y a toute une dimension historique un peu méconnue. On peut renvoyer aux articles évoquant cette histoire longue dans le dossier. Mais bien sûr, la situation sanitaire joue dans l’engouement actuel. En fait, c’est une opportunité pour expérimenter davantage afin que cela s’inscrive durablement dans les pratiques.

JMZ : Ce qui est peut-être nouveau, c’est aussi la dimension urbaine (voir par exemple les articles évoquant des expériences à Paris, Lyon ou Grenoble). Et l’idée que peuvent se côtoyer des expériences fortes et régulières et des essais plus modestes, mais qui peuvent aussi donner envie de prolonger ensuite.

Précisément, que trouveront dans ce dossier les enseignants qui veulent se lancer dans l’école dehors ?

AZ : On trouve des expériences variées qui permettront peut-être de « s’autoriser à », mais aussi de nombreux regards réflexifs. Il y a de nombreuses pistes concrètes qui peuvent inspirer, donner des idées. Chacun adaptera en fonction de ses contraintes institutionnelles, géographiques…

JMZ : Y compris dans le secondaire, qui reste encore le parent pauvre.

Qu’est-ce qui vous a marqués dans les contributions reçues ?

AZ : J’ai trouvé très intéressante la notion de médiation par la nature. J’ai bien aimé aussi les développements artistiques, poétiques, sonores ainsi quei les références à l’architecture. Cela m’a ouvert des perspectives.

JMZ : L’Histoire m’a passionné, par exemple l’article sur le scoutisme, trop méconnu ou vu à travers des clichés. J’ai été aussi impressionné par le nombre de propositions d’articles, venant de toute la France et de pays francophones. Il a fallu se limiter mais on aurait pu avoir un dossier bien plus épais, avec peut-être un développement plus important des pratiques de mouvements d’éducation populaire. Mais le sujet n’est pas épuisé.

D’autre part, dans les articles qu’on peut lire sur le sujet dans les médias, on oppose trop souvent le dedans et le dehors, alors que dans le dossier, on trouve souvent l’articulation des deux (le temps de préparation, le temps d’exploitation, le lien avec les savoirs scolaires et pas seulement le développement de compétences psycho-sociales)

AZ : Oui, les enseignants trouveront cet aspect d’articulation qui va les intéresser, je pense. On n’a pas choisi par hasard le titre « apprendre dehors ». Et dans les échos de lecteurs que j’ai pu recueillir, ce qui semble ressortir, c’est la diversité des approches. Il y en a presque pour tous les besoins et appétits. Ce qui est important c’est que le « soufflé » ne retombe pas…

Propos recueillis par Cécile Blanchard


Sur la librairie:

Apprendre dehors

Coordonné par Aurélie Zwang et Jean-Michel Zakhartchouk

Après les confinements successifs, l’intérêt pour les pratiques d’éducation en plein air est grandissant. Inscrites dans l’histoire de la pédagogie, elles sont non seulement mises en œuvre à l’école, de façon régulière ou lors de sorties de terrain plus ponctuelles, mais aussi dans le périscolaire. Il s’agit dans ce dossier d’interroger ce qui s’apprend de spécifique dehors.

Voir le sommaire du numéro.