Février 1981. La campagne électorale pour l’élection présidentielle bat son plein. En attendant, les débats de fond continuent. Le numéro 191 des Cahiers pédagogiques présente deux dossiers indépendants. Le premier s’intitule « Dans nos classes, aujourd’hui, des malentendants, des non-voyants », il est coordonné par Cécile Delannoy. Le second a pour titre « Du contrat thérapeutique au contrat pédagogique », il est coordonné par Jean-Marie Bézard, thérapeute à la Maison du jour, un hôpital de jour dans le cadre du secteur de psychiatrie infanto-juvénile. Le premier dossier interroge et critique la loi de 1975 « gestion des enfants handicapés » dont la pièce maitresse, les « Commissions départementales de l’éducation spéciale », est dénoncée comme un instrument de ségrégation. Le dossier se poursuit avec une série de témoignages d’élèves et d’enseignants qui donnent à réfléchir sur l’intégration scolaire. Le second dossier présente le travail de l’équipe de la Maison du jour et le concept de « contrat », illustré à travers plusieurs récits poignants. Chemin faisant, le dossier interroge à son tour le rôle des institutions, école, hôpital, C.D.E.S. Le lecteur d’aujourd’hui n’est guère choqué de la complémentarité entre ces deux dossiers. Pourtant, leurs publications conjointes est le fruit d’un hasard. En interrogeant ce hasard, dans un dernier article, les deux coordonnateurs questionnent avec force les non-dits, les implicites, les violences de la catégorie « handicap » autant que les choix éditoriaux de la revue.
Yannick Mével