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Au coeur de la formation (4/5)

L’ESEN en cinq tableaux :

**La logistique (1/5)
**Témoignages et formation des chefs d’établissements, formation des inspecteurs (2/5)
**La formation des personnels scolaires, l’innovation pédagogique et le numérique (3/5)
**International et partenariats, enseignement supérieur et recherche et deux témoignages de chefs d’établissements stagiaires (4/5)
**Le centre de ressources, le secrétariat de direction et le directeur de l’école (5/5)

Avec Jean-Claude Chapu qui se présente alors, entre le vent de l’extérieur : « Certains appellent le département des relations internationales et des partenariats, dont je suis responsable, le ministère des affaires étrangères… ». Jean-Claude Chapu s’en amuse…

Jean-Claude Chapu

Jean-Claude Chapu

Et l’on sent cette fonction taillée sur mesure pour lui : il a précédemment travaillé en ambassade et connu des expériences marquantes humainement en Algérie ou encore en Haïti, où il a contribué à remettre des structures en place en organisant des formations par validation d’acquis d’expérience.

Sa fonction à l’ESENESR l’amène à monter des partenariats de tous ordres. Tout d’abord des partenariats locaux avec notamment le CNED, Canopé ou le CNAM ; interministériels, dans le RESP, le réseau des écoles du service public ; partenariats avec des structures comme l’IFÉ qui participe à la réflexion autour de la formation des enseignants, mais aussi avec des associations comme la Ligue de l’enseignement ou avec des établissements culturels, Universcience, le muséum d’histoire naturelle.

Ensuite, c’est la partie internationale que doit gérer Jean-Claude Chapu : « Nous avons besoin d’ouverture pour une connaissance comparée des systèmes éducatifs. D’où une présence internationale dans les formations des chefs d’établissement et des inspecteurs : accueil de collègues de pays étrangers ; départs de nos stagiaires à l’étranger, dans des colloques ou pour des visites d’établissements, dans le cadre de la mobilité des cadres à l’étranger, en Europe notamment. »

Une mission de coopération internationale sur la gouvernance et le pilotage a cours, une délégation lituanienne est venue à l’ESENESR pour découvrir le pilotage ; une autre, du Liban, a travaillé sur l’évaluation. Le Kosovo a sollicité un accompagnement pour mettre en place un corps d’inspecteurs dans l’enseignement fondamental.

La fonction de Jean-Claude Chapu demande de se construire un énorme réseau, local et international, et d’avoir la volonté de travailler avec les autres, de convaincre, d’aller à la rencontre de publics très éloignés, très différents. « Il est nécessaire aussi de faire preuve d’une grande rigueur dans tous les domaines, parce que les sollicitations et les démarches vont vraiment dans tous les sens et sans arrêt. A la fin, tout doit s’organiser et devenir lisible. Alors, on voit apparaître les richesses de ce poste… ».

C’est un trio qui me présente le département des formations de l’enseignement supérieur et de la recherche : Nicole Pellegrin, chef du département, Sonia Leverd, qui arrive du ministère des affaires étrangères et Marianne Souchon, maitre de conférences. Ce département, je sens Nicole Pellegrin y être particulièrement attachée, particulièrement contente aussi d’en montrer toutes les facettes, les plus visibles et les autres, qu’elle connait bien : « Ce département est en phase de construction d’une image et d’une légitimité. »

Marianne Souchon, Nicole Pellegrin et Sonia Leverd

Marianne Souchon, Nicole Pellegrin et Sonia Leverd

Pendant toute la rencontre, les trois responsables sauront y contribuer…
Un tiers des formations est centré sur le management stratégique et s’adresse au haut encadrement de l’enseignement supérieur et de la recherche mais également de l’éducation nationale. Les deux autres tiers sont plutôt orientés vers le management opérationnel et les priorités ministérielles. Il s’agit de développer des compétences métiers essentielles aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche et relevant des domaines financier, des ressources humaines et du patrimoine. La formation porte alors sur l’accompagnement à l’entrée en fonction des cadres mais également sur des compétences plus techniques, en lien avec les problématiques du secteur. Il s’agit également d’accompagner par la formation la mise en place de certaines réformes voire d’offrir des formations diplômantes, sous la forme d’un master ou d’un diplôme d’université. L’affaire n’est pas mince puisqu’il s’agit de 4000 journées stagiaires à organiser.

Le cabinet de la ministre a souhaité que l’ESENESR soit impliquée dans l’accompagnement de la mise en place des ESPÉ. « C’est le cas désormais, avec une volonté marquée d’équipes de formateurs variées, qui ne soient pas constituées uniquement d’universitaires mais qui tiennent compte des équipes académiques. Le dialogue entre les acteurs se tisse peu à peu », précise Nicole Pellegrin.
Une approche de la formation est marquante : la formation-action. Marianne Souchon présente l’exemple d’un module “équilibre financier”, construit sur du présentiel et du distanciel, dans lequel ont travaillé les services financiers, des ressources humaines, des vice-présidents et des directeurs généraux de services de quatre équipes universitaires de direction. « Plusieurs phases pour ce travail : une phase préparatoire de collectes de données financières, une partie de formation en résidence, un accompagnement à distance un mois plus tard, après que chaque équipe ait approfondi un point. Et enfin un retour d’analyse sur les données, en équipe élargie. » Forme marquante donc, insistant sur le travail en équipe, sur l’implication des participants et sur le pragmatisme avec la production d’un livrable directement opérationnel pour les stagiaires ou les équipes universitaires.

Le département des formations de l’enseignement supérieur et de la recherche semble prêt à suivre de le développement de cette modalité de formation mobilisant des approches transversales.

boris_vivo.jpgParcourir les lieux donne l’occasion de parler avec des chefs d‘établissement stagiaires. Boris Vivo, par exemple. Il était professeur d’EPS et chargé de mission au CARDIE de Lyon. Ce qui l’a amené ici ? «Avoir fait un pas en dehors des classes m’a donné envie d’en faire un autre et de passer le concours. Ici à l’ESENESR, on fait la connaissance d’autres lauréats, on échange beaucoup. On sent chez tout le monde une impulsion intérieure à ce moment de changement : on n’est plus prof, on est entre deux.» Et lui, quel chef d’établissement aimerait-il être ? « Ce que j’aimerais, c’est apporter du dynamisme, transmettre la méthodologie de projet que j’ai apprise au CARDIE. Et surtout faire avancer l’école vers moins d’inégalités. Je crois fort en cela en tout cas ! »

Nicolas Olivier Moreau

Nicolas Olivier Moreau

Le parcours de Nicolas Olivier Moreau, un autre nouveau chef d’établissement, est assez étonnant. Il a été professeur des écoles 16 ans, il a enseigné trois ans aux Etats-Unis, a été conseiller pédagogique pour l’ASH. « C’est là que j’ai mis le premier pied dans le secondaire, à y faire de la formation. C’est aussi ce qui m’a donné envie de devenir professeur des écoles, dans une école d’application. » Devenu faisant-fonction de chef d’établissement, il s’est inscrit au Master de formation de formateur et a passé le concours de CE et celui d’IEN. Et les a réussi tous les deux… « J’ai choisi de rester en établissement, d’être dans l’accompagnement.» Ce qui ressort de son parcours, c’est sans doute sa connaissance de tant d’acteurs culturellement différents, qui renforce son désir de cohérence entre les paroles et les actes, notamment pour la prise en compte des élèves les plus fragiles. « L’important pour moi, c’est de faire vivre la liberté, l’égalité et la fraternité. De tout faire pour agir et réfléchir en continuant à approfondir pour ne jamais tomber dans des lieux communs.»

Et je continue mon chemin : direction le centre de ressources.
(A suivre)

Christine Vallin