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Plus que jamais, développer les compétences en lecture !

Alors qu’on se focalise sur la mauvaise orthographe des jeunes français ou sur leurs faibles connaissances historiques, ou encore qu’on se lamente sur le fait qu’aujourd’hui « les jeunes ne lisent plus » (sous-entendu des romans et autres œuvres de fiction), on laisse un peu de côté les compétences qui sont fondamentales dans la société d’aujourd’hui, et en particulier la maîtrise de ce qu’on appelle « littéracie », parce qu’on n’a pas trouvé mieux pour traduire une expression anglaise qui signifie au fond : comprendre les écrits de façon à pouvoir les mettre en relation avec ce qu’on sait et pouvoir agir à partir de ces écrits.

Le chercheur Franck Ganier, dans le numéro des Cahiers pédagogiques consacré à la compréhension des consignes, notait que les textes contenant des « instructions » au sens large étaient ceux auxquels les individus étaient les plus exposés, sans que se soit engagé un travail de compréhension à la hauteur de leur fréquence. Dans le socle commun revu et corrigé, va-t-on mettre une priorité à ces compétences de lecture qui concernent aussi bien les écrits papier que le numérique ?

La récente étude de l’OCDE sur les compétences en lecture, écriture et calcul de personnes de 16 à 65 ans de 17 pays développés (PIAC) apporte de l’eau à notre moulin. On constate qu’en moyenne, un adulte sur cinq ne maitrise pas le minimum nécessaire à tout citoyen d’aujourd’hui et un sur quatre si on prend les mêmes compétences devant le numérique. Et on trouve beaucoup de ces personnes parmi les sans emploi.

Mais deux observations sont essentielles :

  • les écarts entre les pays sont importants. Ainsi les jeunes sortant de l’enseignement secondaire en Finlande et aux Pays Bas font aussi bien que les jeunes diplômés du supérieur anglais ou italien. Et la France se trouve mal classée, loin des pays nordiques ou du Japon par exemple.
  • mais, les compétences des jeunes de 25 à 34 ans sont bien plus élevées que celles de la génération 55-65, aussi bien en France qu’en Finlande. Plutôt un bon point pour notre système éducatif et un démenti à l’idée reçue que « c’était mieux avant ! ». Reste que ces compétences sont bien insuffisantes et on peut craindre qu’elles ne soient pas assez solides chez beaucoup de jeunes pour se maintenir et se renforcer tout le long de la vie, contrairement à l’Allemagne par exemple.

On remarque aussi que dans nombre de pays, la capacité à être à l’aise avec le numérique reste bien en-deçà des exigences professionnelles et citoyennes. Plus de 40 % de la population adulte des Pays-Bas, de Finlande et de Suède éprouve de grandes difficultés à résoudre des problèmes dans des environnements technologiques, tandis que près d’un adulte sur cinq ne possède aucune expérience en informatique en Espagne ou en Italie.

Restons prudents

On sait que ce genre d’études prête après publication à de nombreuses interprétations et qu’il faut rester prudent lorsqu’on veut en tirer des leçons.

Mais il nous semble en tout cas ressortir que nous n’avons pas à nous réjouir des résultats globaux des français, toutes générations confondues, qu’il serait bon d’arrêter les polémiques stériles sur « les compétences » quand il devient urgent que celles-ci puissent être maitrisées par un bien plus grand nombre de nos concitoyens, pour l’avenir de notre pays, et en particulier celles liées au numérique. Et le prochain dossier des Cahiers pédagogiques (n°508 : « Apprendre à chercher, chercher pour apprendre », à paraitre fin octobre) sera particulièrement bienvenu comme élément de réflexion et surtout source d’idées pour des pratiques diverses d’apprentissage de cette indispensable « littéracie ».

À lire également, la présentation de l’enquête par le Café pédagogique.