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En revenant de Nantes

Nantes, 7 décembre 2016. Les adhérents du CRAP-Cahiers pédagogiques de l’académie ont organisé une conférence avec Daniel Favre, dont le dernier ouvrage est livre du mois dans ce numéro. Récit enthousiaste par l’une des organisatrices de l’évènement.

Nous en parlions depuis quelques semaines, c’était notre pari de débutants au CRAP Pays de la Loire, un groupe qui reprend ses activités depuis une grosse année seulement : organiser une conférence de Daniel Favre avec Canopé (Réseau de création et d’accompagnement pédagogiques), l’OCCE (Office central de la coopération à l’école) et l’ESPÉ (école supérieure du professorat et de l’éducation) de Nantes. Nous avons profité de la venue de l’ancien neurobiologiste devenu spécialiste des questions d’éducation, déjà invité par le SGEN-CFDT le lendemain.

Nous étions tous très contents et très nombreux ce mercredi 7 décembre, deux heures avant le début de la conférence. En guise de mise en bouche, Daniel Favre a partagé notre buffet libanais, puis nous nous sommes lancés à l’assaut des flashcodes sur les tickets d’entrée des participants. Je crois que c’est Anne qui a gagné le plus grand nombre de flashs. Un vrai démarchage dans le hall d’entrée de Canopé, à la fois ludique et efficace !

Nous avons compté 318 inscriptions pour 320 places. Preuve que le sujet intéresse : « Comment transformer la violence des élèves ? » Des enseignants, beaucoup, mais aussi des étudiants et des parents d’élèves. Des têtes connues, qu’on n’est pas peu fiers d’avoir motivées, et des nouveaux aussi. L’amphi est bien rempli.

ÇA COMMENCE

Gwen a introduit le débat en parlant du fil rouge du CRAP Pays de Loire pour cette année, « apprendre à ne pas être d’accord », et en présentant notre invité. Puis Daniel Favre a commencé. On a beaucoup appris, on s’est beaucoup rassurés parfois, en entendant que la science répondait à nos intuitions. On s’est étonnés, on a ri, on s’est interrogés.

On a appris que la violence est une réponse par défaut, liée au manque de sécurité et de réussite. C’est souvent la seule identité que l’élève se reconnait et c’est déjà ça à ses yeux.

On sait maintenant que la motivation à agir, à apprendre de chacun, oscille entre le besoin de confort, d’écoute, de réassurance, et celui de l’innovation, du risque, du chemin vers l’inconnu et la découverte, entre « j’aime qu’on me cocoone » et « eurêka, j’ai trouvé ça tout seul ! ».

Mais il nous a dit aussi que parfois, la motivation prend un autre chemin. Parce que ni la sécurité ni la réussite ne sont au rendez-vous. Et alors ça dérape : on va se rassurer autrement, on va gagner autrement. Addictions, violence.

Daniel Favre ne s’est pas contenté d’expliquer les origines, il a aussi proposé des pistes pour en sortir, résultat de son travail depuis vingt ans.

FAIRE BAISSER LA PRESSION

Si on rassure les élèves en ne les soumettant pas à la pression des contrôles et des évaluations, si on leur fait toucher du doigt le plaisir de réussir, si on refuse de leur servir de punchingball rassurant, si on les considère comme des êtres en devenir et non des vases à remplir, si on leur transmet des méthodes pour se questionner et non des certitudes, alors on va leur permettre d’avancer.

À la fin, dans l’auditoire, il y a eu des questions bien sûr, sur la violence extérieure dont les élèves sont victimes, sur le système scolaire peu prompt à changer, sur la différence entre colère et violence. Certes, on est rentrés un peu frustrés d’en rester là, mais pour certains d’entre nous, remotivés, le cerveau en ébullition, simplement heureux.

À la sortie, les gens ont trainé un peu, continuant entre eux ou avec nous la discussion. Notre table de presse et celle de Canopé ont eu du succès et nous avons de nouveaux inscrits sur notre liste de diffusion régionale. Cela nous réjouit, nous engage. En préparation, déjà, un prochain rendez-vous fin janvier sur la discussion à visée démocratique et philosophique (DVDP).

Parce que notre pari est réussi. Merci Daniel Favre pour la qualité de la présentation. Et vivement la prochaine battle de flashcodes !

Soizic Guérin-Cauet
Professeure d’anglais en lycée, correspondante du CRAP-Cahiers pédagogiques en Pays de la Loire