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Un voyage imaginaire en salle d’arts plastiques

Les lundis midi, la salle d’arts plastiques du collège Stéphane-Hessel de Saint-Germain-sur-Morin, en Seine-et-Marne, se transforme en un bouillonnant atelier d’arts plastiques. Le temps d’une petite heure, les élèves font un voyage artistique avec Geoffrey Palluel.

Geoffrey Palluel est un voyageur parti découvrir le monde pendant un an et avec lequel les élèves vont correspondre. Réfléchir sur la notion de voyage, rendre compte de l’ailleurs, figurer avec des images fixes les espaces changeants et tout cela sans mettre un pied hors du collège sont les seules contraintes que l’atelier se donne. Geoffrey nous parlera des pays qu’il traverse, les élèves lui répondront par leurs productions plastiques.

UN VOYAGE PAR PROCURATION

Pour que Geoffrey marque son chemin, les élèves commencent par réaliser un drapeau qui l’accompagnera dans toutes ses étapes. Il en prend possession au collège, la veille de son départ, en janvier 2016. De nombreuses questions lui sont alors posées : à quoi vont ressembler les lieux qu’il visitera ? Peut-on les imaginer depuis l’atelier ?, etc.

Il ne s’agira pas de copier les villes mais d’en inventer d’autres, des lieux utopiques sortis tout droit de l’imagination des adolescents et inspirés de cet ailleurs. Trouver des équivalents plastiques, réfléchir à la perception des choses, être de plus en plus curieux des endroits que nous montre Geoffrey par ses photographies et ses vidéos maintiendra l’atelier en état de création ; une sorte d’éveil entre les rêves et la réalité tangible. N’est-ce pas là le travail de l’artiste, questionner le monde dans lequel il vit ?

Lentement, de semaine en semaine, les lieux émergent, les objets prennent forme. Léa et Louna, réalisant leur ville, écrivent : « Nous avons réalisé notre ville imaginaire en pensant à notre passion pour la mer. Nous avons voulu donner l’impression d’une ville sous l’eau pour que les spectateurs puissent réfléchir à l’idée de respirer sous l’eau, ça serait différent et magnifique avec toutes ces couleurs naturelles. Nous avons reproduit la beauté de l’océan, enfin nous avons essayé. L’idée que tout un village puisse admirer la poésie de l’eau est une chance. »

Comme une promenade artistique, une idée en entraine une autre. Geoffrey nous parle de sa manière de voyager, les longs trajets en bus, en moto sur les plus beaux sites d’Asie. Il faut que les élèves se déplacent également, mais dans la salle, un pas de côté qui questionne leur façon de penser : comment bouger ? qu’est-ce qu’un moyen de transport ? Ils rêvent en grand cette fois, et de volumineuses sculptures mi-animales, mi-moyen de locomotion surgissent dans la salle.

ICI ET AILLEURS, EN MÊME TEMPS

Un peu comme un souffle qui circule entre le collège et l’ailleurs, le travail d’atelier permet aux élèves d’opérer des déplacements et d’ouvrir des zones de rencontres entre pratique et réflexion. Aux déplacements de Geoffrey répondent leurs mouvements, dans la salle, mouvements qui ouvrent nécessairement des espaces imaginaires qu’il faudra remplir, dans lesquels l’adolescent pourra expérimenter, créer.

Julie El Mir
Professeure d’arts plastiques, Saint-Germain-sur-Morin (77)