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À quoi doit servir le baccalauréat? A-t-on vraiment interrogé le sens et l’utilité de cette machine monstrueuse, de ce rite peut-être pas adapté à l’école du XXIe siècle ? Doit-il servir à certifier le niveau des jeunes en fin d’études secondaires ou à préparer leur poursuite d’études dans le supérieur? Le ministre de l’Éducation nationale ne l’a pas dit, mais on peut se demander si l’anticipation de certaines épreuves n’a pas pour objectif d’asseoir l’orientation, voire d’instaurer la sélection, vers le supérieur sur la base des résultats.

Car le changement le plus notable, si l’on en croit les annonces, portera sur l’avancement d’une partie des épreuves finales durant l’année de terminale et la création d’épreuves anticipées intermédiaires en première. Des épreuves qui seront au total plus étalées mais surtout plus nombreuses qu’aujourd’hui.
Au passage, bien sûr, cela permet de réduire le « cout » du bac, en allégeant l’organisation du mois de juin, ce qui peut être une bonne chose si cela permet de récupérer du temps au bénéfice des lycéens, par exemple en organisant autrement les emplois du temps en fin d’année.

Pour le CRAP-Cahiers pédagogiques, viser à ce que le plus grand nombre de jeunes ait le baccalauréat nécessite que les élèves soient accompagnés, aussi bien dans la préparation de leur orientation et de leurs choix de spécialisation que dans la préparation des épreuves et de la poursuite d’études.

Pour le moment, des clarifications restent nécessaires. Que sera le nouvel enseignement d’ « humanités numériques et scientifiques » ? Qui l’assurera ? Qui assurera l’heure et demie hebdomadaire consacrée à l’orientation ?
Nous approuvons l’instauration d’une épreuve orale, mais elle nécessite une préparation des élèves très en amont et donc des formations à l’apprentissage de l’oral pour les enseignants. Auront-elles lieu ?
L’interdisciplinarité et le travail de groupes doivent être encouragés dans le cadre de cet oral : le seront-ils ?
Passer deux années à enchaîner les partiels empêchera-t-il les élèves de bachoter ? Les plonger dans ce qui pourrait devenir une tension permanente ne serait pas bénéfique à la construction de connaissances et de compétences solides.
Les arbitrages qui seront rendus dans la mise en place ce nouveau bac seront-ils guidés par le souci d’une école plus juste et d’un examen qui ne soit pas une mécanique discriminante ?

Sans la mise en place d’épreuves repensées, mieux adaptées aux spécificités des différentes disciplines elles-mêmes revisitées dans leurs contenus et leurs pratiques (vers plus de créativité notamment), il n’y aura pas de véritable modernisation du baccalauréat et du lycée. La bonne solution serait sans doute de se libérer du poids des notes, d’abandonner la logique laxiste de « compensation » entre les disciplines et d’évaluer par compétences, pour savoir précisément ce que maitrisent les élèves.