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Il faut se planter pour grandir…
Il y en a des raisons de « se planter » ! Il y a celui (ou celle) qui comprend la consigne de travers, celui (ou celle) qui mélange le cours de maths avec le cours de SVT (Sciences de la vie et de la Terre) et qui ne sait plus très bien ce que veut dire le mot « milieu », celui (ou celle) qui n’a pas assez de vocabulaire pour comprendre de quoi on parle, celui (ou celle) qui est persuadé qu’il n’y arrivera pas parce que toutes façons il est nul en histoire, etc. Et la plupart du temps, on a du mal à savoir ce qu’il s’est passé exactement au moment de l’erreur…
Et côté prof, on a beau savoir qu’on fait des chutes quand on apprend à marcher, on ne sait pas toujours très bien quoi faire de l’erreur en cours : la corriger, certes, mais parfois, c’est peut-être mieux de la considérer comme un effet collatéral de la prise de risque et d’avancer sans s’appesantir ; l’analyser, c’est bien aussi, mais sans oublier son impact émotionnel, et parfois, il est tout aussi important de commencer par la dédramatiser. En ayant à l’esprit que le rapport à l’erreur des élèves à besoin particulier peut être très déroutant…
Dans diverses disciplines
Dans le propos introductif de Jean-Michel Zakhartchouk, des pistes surgissent très vite pour faire des erreurs des leviers d’apprentissage, pistes plus ou moins évidentes selon les personnes : utiliser le vidéoprojecteur, travailler le codage avec les élèves, distinguer entre le lecteur et le correcteur de la copie, pratiquer la coévaluation, mais aussi, tout simplement, instaurer la possibilité systématique de refaire son travail…
Trois collègues ont ensuite présenté leur travail. Sandra Miranda, professeure de Lettres en lycée, nous a expliqué comment elle est passée d’une posture intrusive dans la correction des copies à une posture distanciée, appuyée sur la pratique des ateliers d’écriture et la lecture de Dominique Bucheton. Elle regrette toutefois que son dispositif de réécriture et correction en plusieurs étapes ne puisse être utilisé de manière satisfaisante avec les épreuves très normées du bac et dans le peu de temps que laissent désormais les nouveaux programmes pour pratiquer l’écriture d’invention.
Virginie Shipley, professeure de SVT en collège, nous a présenté une recherche en cours sur l’écriture en sciences et en lettres. À partir du roman Calpurnia de Jacqueline Kelly, des élèves de 4e ont travaillé dans la durée et par des réécritures savamment orchestrées, sur la différence entre un texte scientifique et un texte littéraire. Ils ont pris conscience qu’être scientifique, ce n’est pas seulement faire une expérience et comprendre un phénomène, c’est aussi savoir l’écrire de façon scientifique.
Cécile de Hosson, chercheuse en didactique de la physique, a réfléchi sur le statut des réponses des élèves en le mettant en rapport avec l’histoire des idées. En effet, il peut arriver que des réponses qualifiées d’erreurs ressemblent étonnamment à des modèles explicatifs d’époques anciennes, qui ont eux-mêmes servi à l’établissement de nos connaissances actuelles.
La discussion qui s’en est suivi a pris diverses directions.
En ce qui nous concerne, nous avons retenu que quand les élèves utilisent des notions erronées dans l’invention d’une bande dessinée scientifique, ce n’est pas forcément qu’ils n’ont pas compris les notions en question, mais plutôt que les codes de la bande dessinée et de la narration ont pris le pas sur le savoir scientifique.
Ou encore, ce petit dialogue de classe :
« La physique dit le vrai à un instant donné.
– Mais madame ! si c’est provisoire, c’est pas vrai !
– Dans ce cas, la licorne n’est pas provisoire, mais est-elle vraie ? »
Agnès Berthe