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Un défi scientifique en cycle 4

Je cherche chaque année à réaliser des projets différents avec les classes de 3e sur la thématique de l’impact de l’Homme sur son environnement. Mon but est de leur proposer un sujet d’oral du DNB (diplôme national du brevet) inclus dans le parcours citoyen, ainsi que de développer leurs compétences autour de la démarche scientifique et du travail en groupe.
Dans ce but, j’ai mené plusieurs projets en lien avec les Savanturiers-L’école de la recherche. Et cette année, j’ai opté pour un de leurs « défis » autour de l’alimentation durable. L’avantage des défis proposés par les Savanturiers, c’est la possibilité de travailler toutes les phases de la démarche scientifique sans que cela ne soit trop long.
Chaque défi comprend une petite vidéo introductive du chercheur ayant participé à sa création, afin d’introduire auprès des élèves une observation et une problématique émergeant de cette observation. Ensuite, pour les enseignants, des étapes sont indiquées avec un ensemble de connaissances et compétences associées au défi. Sont également fournis les protocoles expérimentaux que nous réaliserons avec les élèves.
Je me suis approprié les ressources et ai fourni aux élèves, sous la forme habituelle, des informations complémentaires à travers des documents sélectionnés à partir de la bibliographie du défi ou sur des sites également proposés. Pour ma part, j’ai choisi de passer le plus possible par des infographies ou des informations chiffrées sous forme de graphiques et tableaux, car cela correspondait au moment où je souhaitais que les élèves travaillent sur ce point.
Nous avons débuté le défi par l’observation de la consommation grandissante de protéines végétales dans la population, à travers des publicités prônant un régime « flexitarien » et avec des articles indiquant que l’alimentation végétarienne était une des solutions pour faire baisser la production mondiale de CO2. Cette baisse sera ensuite reliée avec l’effet de serre et les modifications climatiques en découlant abordées dans des chapitres précédents.
Nous avons également, comme tout scientifique, fixé quelques règles : rester neutre, rester factuel et ouvrir les discussions. En précisant que nous ne réaliserions pas un choix final et définitif pour les populations et que nous ne donnerions pas d’avis personnels ou de recommandations ou prescriptions dans nos rédactions.
Cela a ensuite permis aux élèves de travailler par petits groupes sur des comparaisons de notions nutritionnelles et organoleptiques de différentes sources de protéines : bœuf, poulet, soja, pois ou galettes végétales industrielles.
Ainsi, nous avons observé les quantités de glucides, lipides et protéines de chaque aliment, grâce à des sites donnant accès à ces données puis pour le gout, l’odeur, la texture, la jutosité ou la couleur des aliments : les élèves se basent sur leurs souvenirs ou des recherches informatiques guidées.
Puis, les élèves ont utilisé un kit contenant des cartes et des supports réalisés par les Savanturiers afin de rendre compte des ressources et des impacts des aliments étudiés. Ces éléments ont bien plu aux différents groupes et ont permis de faire avancer des réflexions autour des quantités d’eau utilisées dans l’agriculture ou encore de l’importance du transport avant qu’un aliment n’arrive dans une assiette. Enfin, nous avons observé le bilan carbone des différentes protéines.
Enfin, les groupes d’élèves ont réalisé une conclusion sur les différents éléments travaillés avec les trois mêmes règles scientifiques qu’au départ.
Le travail de groupe se complique pour cette conclusion, car même si la règle édictée au départ inclut de produire un avis objectif complet, la notion d’objectivité est encore mal maitrisée en 3e, et cela demande de construire un véritable accord entre les élèves, et beaucoup de compétences transversales.
Lorsque je réaliserai un nouveau défi l’an prochain, je ferai en sorte que cette conclusion soit plus individuelle et de permettre aux élèves d’être subjectifs, afin d’éviter ces difficultés qui ont parfois bloqué les groupes.
Les élèves et l’enseignant apprécient
Dans l’ensemble, les élèves ont apprécié et parmi les 123 élèves de 3e de mon établissement, environ une vingtaine a choisi de présenter ce projet à l’oral du DNB.
De mon côté, je prévois de mener un nouveau un défi sur cette thématique l’an prochain, en choisissant une problématique différente.
Ce que j’apprécie le plus dans ces défis, c’est que les activités et leur déroulé sont induits par le défi et par la démarche scientifique que les élèves suivent, sans que je perde la liberté pédagogique dans le choix des documents, de la présentation des activités et leur évaluation.
De plus, le principe d’une restitution du travail des groupes sous forme de carte est très pratique, car cela me permet d’en prendre connaissances visuellement, sans avoir besoin de questionner les groupes sur leurs recherches, et de me concentrer avec eux sur des éléments qu’ils auraient pu mal comprendre ou qu’ils n’auraient pas encore cherché.
Enseignant de SVT au collège Jean-Monnet de Lyon
Une rentrée en sciences
Pour la rentrée 2025, les Savanturiers-L’école de la recherche proposent aux enseignants et enseignantes d’ouvrir l’année scolaire en immersion dans la recherche, de la maternelle au lycée, avec dix défis scientifiques issus des travaux de dix chercheurs et chercheuses.Chaque défi scientifique comprend une vidéo de chercheur avec une problématique de recherche ; un support pédagogique et scientifique pour les enseignants et un canevas de poster de conférence pour la restitution par les élèves.
Cela représente trois à cinq heures d’exploration scientifique en classe à réaliser en septembre 2025, avec un webinaire pour les enseignants le 27 aout.
Liste des dix défis et des chercheurs ou chercheuses :
• Camilla Danielski, Instituto Astrofísica Andalucía (IAA) : De quoi se compose l’atmosphère des exoplanètes ?
• Laure de Saint-Raymond, ENS-Lyon : Comment se représenter les très (très) grands nombres ?
• Kilian Rouge, Julia Péré, Gabriele Dabbaghian, Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) – CNRS – AgroParisTech – École nationale des ponts et chaussées (ENPC) – Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) – École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : Quels niveaux de vie sont soutenables pour 2050 ? Modélisation.
• Eulalie Saisset, Sciences po & Cired : Comment estimer l’artificialisation d’une commune ?
• Clément Boyer, Cired – Dauphine PSL : Comment déterminer la qualité d’un sol (en comptant ses vers de terre) ?
• Mélusine Boon Falleur, CRIS – Sciences po : Comment savoir ce qui marche vraiment pour lutter contre le changement climatique ?
• Roland Lehoucq, CEA : Comment livrer un colis sur la lune sans l’endommager ?
• Claire de March, Institut de chimie des substances naturelles – CNRS : Les aliments ont-ils le même goût tout le temps, pour tout le monde ?
• Djihad Hadjadj, Institut Cochin – université Paris Cité : Pourquoi toutes les cellules de notre corps ne se ressemblent pas ?
• Justine Faure et Lucile Montagne, Institut Agro – INRAE : Comment réduire la distance parcourue par notre nourriture ?
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