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J’ai reçu hier matin dans ma boite aux lettres un courrier de SOS Éducation, accompagné d’un questionnaire. J’ai aussitôt souhaité en faire profiter les lecteurs des Cahiers pédagogiques.

Commençons par le texte introductif (cinq pages quand même !) qui s’ouvre sur une citation de Marie, censée être institutrice (et pas professeur des écoles) en ZEP ( !?) « dans l’Académie de Créteil où 58% des enfants arrivent en 6e en  état d’illettrisme profond ». D’où sortent ces pourcentages ? Que signifie «illettrisme profond» ? Et, bien sûr, merveilleuse Marie, au printemps, tous ses élèves savent lire. Bravo donc à Marie qui applique, malgré ses collègues et sa hiérarchie, la lecture « à partir d’une méthode rigoureusement syllabique » (me voilà rassuré : il ne s’agit pas de méthodes syllabiques peu rigoureuses). Une précision encore : « elle est institutrice de CP dans une école rongée par l’illettrisme ». Diable, l’illettrisme dès le début de l’école élémentaire ! Le niveau a tellement baissé qu’on va bientôt voir naitre des bébés illettrés !

C’est la faute à tous les idéologues dénoncés dans ce texte, soit dans l’ordre : FCPE, syndicat SNUIpp-FSU, UNEF, UNL, Philippe Meirieu, idéologues d’extrême gauche, «pédagogistes» aux commandes depuis mai 68. Heureusement que, tel Zorro, le ministre Blanquer est arrivé. Mais il faut le soutenir: « La bonne volonté de Jean-Michel Blanquer est incontestable. Mais, vous le voyez, ces agitateurs subventionnés résistent de toute leur force. »

Puis, après ce texte, vient le questionnaire qui est un modèle à travailler avec des étudiants pour comprendre tout ce qu’il convient d’éviter méthodologiquement (outre le texte introductif qui permet de bien faire comprendre au lecteur comment il doit répondre). Les questions sont, bien sûr, un tantinet orientées. Question 1 : « Avant de lire cette lettre, étiez-vous conscient de la gravité de la crise qui frappe les écoles en France ? ». Question 7 : « Pensez-vous que l’école doit se concentrer sur sa mission de transmettre le savoir, et refuser les idéologies douteuses (« genre », etc.) ?» Mais, à chaque fois, le lecteur a le choix : il peut cocher soit « oui », soit « non ».

Sauf pour la dernière question où il n’y a que la case « oui  » : « Seriez-vous d’accord pour verser une petite contribution financière aujourd’hui pour nous aider à faire connaître votre point de vue et promouvoir une réforme de fond du système éducatif français ? Si oui, cochez la case ci-dessous.» Le « oui  » est d’ailleurs accompagné d’un texte digne d’un lanceur d’alerte, dont je ne mentionne que les deux premières phrases : « Oui, je reconnais que la faillite de l’Éducation nationale est une tragédie pour nos enfants. J’ai conscience que des centaines de milliers d’élèves ne reçoivent plus une instruction suffisante pour s’intégrer dans la société dans les années qui viennent. »

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Claude Viannac
Enseignant