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RESPIRE : une bouffée d’air pour l’innovation
On dit que le site RESPIRE réseau d’échange de savoirs professionnels, est le « facebook » de l’innovation ? Vous qui en êtes le concepteur qu’en pensez-vous ?
Les gens font ce parallèle. C’est vrai que Respire est un réseau social dans le sens où il met en contact des gens qui ont un ou des intérêts communs. Dans RESPIRE les relations sont professionnelles. Ce sont des équipes, des personnes qui partagent des projets et des valeurs. Le fonctionnement de RESPIRE est calqué sur le modèle ego-centré des grands réseaux publics : mon profil, mes contacts, mes documents, mes groupes, etc. On y a ajouté une dimension collaborative qu’on ne trouve pas sur « Facebook » où l’échange ne passe que par l’information. RESPIRE est à la convergence de deux grands types de plateforme : les plates-formes de travail collaboratif d’une part, les réseaux sociaux d’autre part. On a cherché à prendre le meilleur des deux mondes. Au début on cachait ce parallèle avec « facebook » ; mais l’usage des réseaux sociaux s’étant développé, on n’hésite plus à le dire. Cela suscite deux réactions : soit ça rassure, soit ça rend suspicieux et éloigne la confiance. Si RESPIRE est le « facebook » de l’Innovation c’est flatteur. Mais je pense que cela peut aller au-delà.
Qui êtes-vous ? D’où vient RESPIRE ? Quel est votre commanditaire ?
Je suis professeur d’histoire-géographie et détaché à la mission TICE et au CRDP de l’Académie de Versailles. Ainsi je suis chargé de développer les usages du web en tant qu’outil de travail et plus particulièrement en tant qu’outil de pilotage et de management pour les chefs d’établissement et inspecteurs. Mon « dada », ce sont les communautés virtuelles et leur construction qui permettent à des gens de travailler ou se former en communauté.
RESPIRE est une demande de la DRDIE (Département Direction Recherche Innova Expérimentation de la DEGESCO). Bénédicte Robert, responsable avec François Muller sont venus nous proposer un partenariat, dans la perspective des journées de l’Innovation de mars dernier. Leur besoin était de mobiliser autour de ces journées mais aussi de construire et pérenniser une dynamique de tous les acteurs engagés dans l’innovation, la recherche et l’expérimentation pédagogique. Nous leur avons montré une plateforme d’échange et de travail pour les cadres de l’académie. Ils ont souhaité avoir des fonctionnalités identiques pour les enseignants. Ainsi RESPIRE a ouvert ses portes le 5 janvier 2012.
Que peut-on trouver sur RESPIRE qui puissent participer à la construction de compétences professionnelles ?
Très vite je me suis aperçu que RESPIRE intéressait des équipes pas forcement inscrites dans les dispositifs Innovations que proposent les CARDIE. Cela répondait à un besoin. Des équipes enseignants se sont approprié le réseau pour échanger sur des sujets aussi divers que l’orientation, la sécurité routière, le handicap, les TICE, etc. Et ainsi faire connaître ce qu’elles faisaient et proposer à d’autres, qu’ils n’auraient pu rencontrer autrement, de se joindre à eux. D’autres groupes sont constitués que de personnes, plus ou moins solitaires dans leur établissement. « OT : Accrochage scolaire, accompagnement à l’orientation », « Sans note 20/20», « Huggy les bons tuyaux » sont des groupes qui permettent l’échange des réflexions, des descriptions de pratiques ou d’astuces sur la pédagogie. Chaque groupe est en soi une communauté, de pratique ou d’intérêt, ouverte ou fermée, mais qui fait tomber les frontières des établissements ou des académies.
RESPIRE évolue et fait apparaître de plus en plus des co-constructions de projets. Reste à chacun de les mettre en œuvre in situ. Surtout de les piloter. Si il n’y a pas de pilotage et d’animation d’équipe, ces réseaux n’apportent pas de plus value.
Comment s’y prendre pour entrer sur le site et s’y inscrire?
Il vous faut, muni de votre adresse de courriel académique, aller sur le site et créer un compte (identifiant et mot de passe). Le premier conseil que je donne est d’ensuite créer son profil professionnel, avec ses centres d’intérêt. Je peux enseigner les maths mais ne rechercher que les collègues ou groupes, qui comme moi, s’intéressent à la lutte contre la violence ou au traitement des handicaps. On sait maintenant, avec les réseaux sociaux, qu’il est indispensable d’avancer avec son identité réelle et un minimum de description de soi si l’on veut faire fructifier ses liens de travail et de collaboration. L’une des vertus des réseaux sociaux, c’est d’avoir mis fin au débat sur l’identité et l’anonymat sur Internet, au moins dans un contexte professionnel.
Vous ne craignez pas que RESPIRE soit comme d’autres plateformes d’échange, qu’elle ne s’essouffle et meure ? Quel avenir lui réservez-vous ?
Je suis le développeur de RESPIRE et ce n’est pas tant la technique qui m’intéresse que ses usages et ses potentialités.
En l’espace de moins d’un an, RESPIRE a évolué. Aujourd’hui 3400 membres et un peu plus de 200 groupes. Cela donne envie de parfaire ! Je travaille à lui donner des fonctionnalités supplémentaires : améliorer le partage vidéo, le partage de liens, peaufiner les communications synchrones en intégrant d’autres réseaux, par exemple twitter dont les usages pédagogiques se répandent, ou intégrer un « chat » plus performant. Après avoir attiré le premier cercle des « ticophiles » RESPIRE se massifie et l’effort doit être porté sur l’accompagnement et l’assistance de ses utilisateurs.
Par ailleurs un réseau comme celui-ci doit être animé. François Muller y passe beaucoup de temps pour susciter débats et réflexion, relancer, pour préparer les journées de l’Innovation 2013 de mars prochain, pour proposer aux groupes des références et des outils.
RESPIRE est le seul réseau social institutionnel dans l’éducation.
Propos recueillis par Roxane Caty-Leslé