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Remise de la pétition « Évitons la catastrophe » : pas moins d’école, mais une meilleure école pour les enfants

Après avoir dû insister à diverses reprises pour obtenir un rendez-vous auprès du ministère, nous avons été finalement reçus par le chef du bureau des écoles de la Degesco le vendredi 17 octobre pour lui remettre la pétition et ses 6987 signatures. On ne peut que déplorer que, sinon le ministre lui-même, en tout cas un membre de son cabinet, n’ait pas jugé le sujet de notre pétition, la qualité et le nombre de ses pétitionnaires suffisants pour nous recevoir.

On nous a d’abord brièvement renvoyé à la « demande sociale » de libérer le samedi matin pour justifier la mesure : sauf qu’à notre connaissance, aucune « demande sociale » ne portait sur la réduction du temps d’école. Le ministère se défend aujourd’hui d’avoir voulu imposer la semaine de quatre jours, et par conséquent des journées lourdement chargées, en indiquant que la possibilité de travailler le mercredi matin est prévue par le décret : mais il est bien obligé de reconnaître que c’est ce qui est finalement mis en place dans la majorité des cas. Les travaux sur l’aménagement du temps scolaire sont parfaitement connus, y compris rue de Grenelle, et force est de constater que la mesure décidée n’aide en rien à leur prise en compte dans le fonctionnement des écoles. Et il est trop facile de renvoyer la question à « l’autonomie des équipes », dans une fausse alternative entre autoritarisme d’en haut et laisser-faire d’en bas.

On nous a affirmé qu’il y aurait un bilan de la mise en application de la mesure (dont on ne peut qu’espérer qu’il sera public), mais c’est pour dire aussitôt qu’il est hors de question de revenir sur son principe ! La question de la durée du temps scolaire, de son aménagement dans la journée, dans la semaine et dans l’année restent entièrement posées. Il reste indispensable de faire connaître les travaux sur l’aménagement scolaire, d’organiser les modalités de leur prise en compte dans le fonctionnement des écoles en y associant sérieusement tous les partenaires, en particulier les parents et les collectivités locales. Ce n’est certainement pas de moins d’école, mais d’une meilleure école dans les élèves ont besoin aujourd’hui.

Le CRAP-Cahiers pédagogiques continuera à suivre attentivement toutes ces questions, nous nous efforcerons en particulier de continuer à diffuser les travaux de recherche sur les rythmes scolaires, sans nous résigner à l’école au rabais que nous propose le ministère. Nous soutiendrons également toute initiative d’ampleur comme un colloque national, ou des États généraux du temps scolaire, qui viserait à reconsidérer sérieusement la question du temps de l’apprentissage. Nous remercions tous ceux qui ont répondu à notre appel et les invitons à poursuivre l’action avec nous pour faire obstacle aux « catastrophes ».

Antoine Prost, professeur des Universités
Hubert Montagner, ancien directeur de recherches à l’INSERM
Le bureau du CRAP-Cahiers pédagogiques