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Question de morale
Le spectacle des réactions d’une partie de la classe politique et de certains médias qui nous a été offert début avril, sur le jugement dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement national, a de quoi donner le vertige aux enseignantes et enseignants chargés de l’enseignement moral et civique (EMC) de l’école élémentaire au lycée.
Peut-on encore prétendre enseigner les valeurs de la République quand des élus de la République remettent en cause des décisions de justice ?
Évidemment oui, et même, raison de plus ! Pour ne pas laisser les enfants seuls face à ce défilé d’attaques contre l’État de droit qui fonde pourtant la démocratie, et pour ne pas renoncer à une éducation à la citoyenneté et à une formation de l’esprit critique que l’on peut considérer de plus en plus indispensables.
Enseigner les valeurs de la République, donc, et même en utilisant le contexte comme matériau pédagogique. Il y a là matière à construire des séquences pédagogiques, des discussions à visée démocratique, des séances d’éducation aux médias et à l’information, des débats philosophiques, etc.
Car l’une des questions soulevées par l’EMC est celle des valeurs à enseigner. En 2015, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale promulguant ce nouvel enseignement définissait un « socle de valeurs communes », avec la liste suivante : « la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect de la personne, l’égalité entre les femmes et les hommes, la tolérance et l’absence de toute forme de discrimination ».
Or, si l’on peut s’entendre sur cette liste, il sera avec certitude plus difficile de s’entendre sur la hiérarchie entre ces valeurs en situation. Faut-il faire primer l’égalité sur la liberté ou la liberté sur l’égalité dans nos comportements et jugements ? Les réactions politiques et médiatiques évoquées plus haut peuvent offrir de belles études de cas aux élèves pour identifier au nom de quelle valeur républicaine telle ou telle opinion sur l’affaire est exprimée – à moins que ce ne soit juste au nom de l’intérêt électoraliste.
Gageons que ces débats entre élèves seront un peu plus élevés que le débat public !
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