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«Plus d’égalité, plus de qualité»
Vendredi 10 juillet, Najat Vallaud-Belkacem buvait du petit lait dans l’enceinte de l’OCDE en entendant le secrétaire général de l’organisation internationale, le mexicain Angel Gurria faire l’éloge de ses efforts réformateurs, de son courage politique et de la pertinence de ses choix.
Tout y passe : l’interdisciplinarité qui permet de développer de nouvelles compétences indispensables dans le monde de demain, l’accompagnement pour tous qui personnalise davantage l’enseignement, la suppression des dispositifs élitistes et ségrégatifs, l’autonomie accrue des établissements…
Et Angel Gurria d’insister : tout ce qui est fait pour plus d’égalité, pour faire réussir davantage d’élèves et pour réduire les écarts, tout cela n’est absolument pas du « nivellement par le bas », mais permet d’augmenter la qualité globale des systèmes éducatifs. Et de citer des pays qui sont allés dans cette direction ces dernières années et qui ont en même temps amélioré leurs résultats aux épreuves PISA, comme l’Allemagne et la Pologne. Parmi les mesures que prône l’OCDE et que l’on peut trouver dans une note publiée sur son site, on relèvera l’importance de mettre les enseignants les plus expérimentés devant les élèves les plus en difficulté, ce qui se fait en général dans les pays performants.
Parmi les chantiers à ouvrir, celui de la condition enseignante, à l’heure où l’enquête TALIS montre qu’en France, la coopération entre professionnels est plus faible qu’ailleurs (2 sur 10, contre 5 en moyenne dans l’OCDE, pour aller observer les cours d’un collègue). Et aussi ,du coup, celui de l’évaluation du travail des enseignants, dans une optique formative. Mais la ministre aura peut-être été peu encouragée à le faire, en entendant l’ambassadrice du Chili évoquer la grève très longue des enseignants (un mois) sur cette question de l’évaluation des enseignants !
«Mais quoi, tout cela prouve bien que la ministre applique la politique « néo-libérale » de l’OCDE, on l’avait bien dit !»
On sent poindre cette accusation habituelle, mais ceux qui la profèrent lisent-ils bien les textes proposés par l’organisation concernant l’éducation ? On voit mal où se trouve le « libéralisme » dans ces propositions qui insistent par exemple sur des allocations de ressources plus grandes en faveur des établissements moins favorisés (rejoignant la volonté affichée du ministre, mais pas forcément les souhaits de la majorité des usagers !) ou encore sur le caractère très positif de la scolarisation précoce, dont les effets sont durables, nous dit Angel Gurria. Gageons cependant que cela ne désarmera pas ceux qui ont décrété que de toutes façons, les politiques éducatives prônées par l’OCDE sont forcément « ultra-libérales »…
A l’inverse, ceux qui brandissent les évaluations PISA pour justifier une politique contraire aux réformes en cours pourraient peut-être réfléchir sur ce soutien très marqué, voire enthousiaste…
Jean-Michel Zakhartchouk