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Parrain et marraine

Couverture du Petit Cahier n° 31 : « Faire des sciences avec La main à la pâte »

Extraits d’entretiens avec Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences et membre de l’Académie des technologies, et avec Laure Saint-Raymond, professeure à l’Institut des hautes études scientifiques et membre de l’Académie des sciences, parrain et marraine des 30 ans de La main à la pâte.
Étienne Klein, photo Virginie Bonnefon.

Étienne Klein, photo Virginie Bonnefon.

Pourquoi est-ce si important de former les élèves à la pratique et aux méthodes scientifiques dès le plus jeune âge ?

Étienne Klein : D’abord parce que c’est passionnant. Ensuite, parce que cela apprend à penser contre soi-même, à comprendre comment les préjugés, l’intuition, le « ressenti », le « bon sens », qui sont de plus en plus glorifiés, peuvent nous tromper. Ensuite, parce que l’arrivée massive du numérique a changé notre rapport à la connaissance, notamment scientifique. En quelques clics, chaque individu peut désormais créer son propre « chez-soi idéologique », c’est-à-dire une communauté numérique à laquelle n’appartiennent que des gens qui sont d’accord entre eux et avec lui. Grâce à des algorithmes qui repèrent ce qui pourrait lui plaire, il se voit proposer des articles ou des sites qui agiront comme biais de confirmation de ses propres idées. Demandez par exemple à Google : « Est-ce que la Terre est plate ? » Dans un monde à peu près normal, Google devrait vous répondre : « Non, elle est ronde, et voici comment nous l’avons su au cours de l’histoire des idées. » Mais au lieu de faire cela, Google vous dirige vers des sites « platistes », comme s’il s’agissait de vous accompagner en suivant les inclinaisons de votre questionnement. Il est donc très important que l’école enseigne que toutes les idées ne sont pas justes, que tous les énoncés ne sont pas justes, que toutes les croyances ne sont pas vraies.

Pour lire la version intégrale de cet entretien, cliquez ici

 


Laure-Saint-Raymond. Photo Chris Peus-IHES

Laure-Saint-Raymond. Photo Chris Peus-IHES.

On sait les difficultés des élèves français en mathématiques, et une certaine désaffection pour les sciences. Comment y remédier selon vous ? Le recentrement sur les « fondamentaux » est-elle la bonne clé ?

Laure Saint-Raymond : Se recentrer sur les « fondamentaux » consiste souvent à réduire le champ de ce qui est important, et vouloir à tout prix « faire boire un âne qui n’a pas soif ». Bien sûr, il y a des bases à maitriser, mais je ne suis pas sûre que ce soit la bonne voie.

La première condition pour que l’enseignement soit vraiment efficace, c’est qu’en face, il y ait une soif d’apprendre. Il y a des méthodes peut-être moins directes mais où l’élève devient acteur, en étant curieux. L’école anesthésie souvent cette curiosité. Les sciences, c’est d’abord une affaire de curiosité, d’envie de comprendre ce qu’il y a autour de soi.

Est-ce que la coupure entre sciences et arts n’est pas dommageable et regrettable ? Vous-même avez une pratique musicale.

L’art est un formidable moyen de faire le pont entre la démarche intellectuelle et l’approche sensible : il permet de faire émerger et d’exprimer ce qui nous habite intérieurement. Mais, même dans l’enseignement de l’art, on censure souvent ce qui vient de l’enfant. On a fait de l’école un système dans lequel l’élève doit rentrer, et pas dans lequel l’essentiel est de le faire grandir. C’est le vrai problème.

Dans le processus de recherche, il y a aussi des points communs entre sciences et art. Le mathématicien n’est pas seulement un être rationnel qui doit ranger son imagination au placard. C’est tout le contraire, on ne fait de la bonne science que si l’on est créatif. Par ailleurs, de mon point de vue, il y a aussi un aspect esthétique, mais c’est sans doute plus difficile à appréhender pour qui n’est pas familier avec les maths.

Pour lire la version intégrale de cet entretien, cliquez ici


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