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On voudrait ne pas y croire !
Ce matin, premier jour du nouveau confinement scolaire, une saturation des plateformes d’environnement numériques de travail a considérablement perturbé l’enseignement à distance, comme cela avait été le cas en mars 2020 aux premiers jours du premier confinement.
Les établissements sont fermés, ils n’ouvrent leurs portes qu’aux enfants des personnels de « première ligne » qui ne peuvent rester chez eux seuls, quelques enseignants volontaires sont là pour s’occuper d’eux. Mais pour la grande majorité, les cours continuent, à distance et tout est prêt !
Bref, « on est prêt » pour cette nouvelle aventure, qui va forcément bien fonctionner puisque nous avons eu le temps de nous préparer depuis un an, avec l’expérience des nombreuses classes fonctionnant en distanciel ou en hybride, ces nouvelles modalités pédagogiques. Après une préparation rapide des enseignants qui ont cette fois encore réagi à une injonction de dernière minute, alors que chacun s’apprêtait à se connecter pour la première fois, qui à une classe virtuelle, qui à sa messagerie, son pearltree… Rien, absolument rien! Que ce soit pour les professionnels ou pour les élèves, le vide intersidéral de l’internet qui ne fonctionne pas et laisse chacun devant des messages quasi subliminaux.
« Erreur 404 – accès momentanément indisponible – À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : pour permettre à chacun d’accéder à son réseau éducatif dans de bonnes conditions, nous avons limité le temps des sessions […] ». Les messages d’erreur se multiplient sur les écrans d’enseignants désabusés, un rien irrités, messages quelques fois contradictoires avec le discours improvisé plein de mots du ministre, en substance : « Ce n’est pas de notre faute, ce sont des outils liés aux régions, ce sont des opérateurs privés qui en sont responsables, c’est à cause d’un serveur qui a brûlé il y a quelques semaines, à cause de hackers… » Improvisation, irresponsabilité.
Pourtant, dès 7h18, ce matin, le site de France Inter l’annonçait : « À partir de mardi 6 avril, les établissements scolaires sont fermés en France, pour freiner la progression de la Covid-19. Pour les professeurs, c’est le retour des cours à distance. Mais les enseignants se sentent un peu mieux préparés que pendant le premier confinement du printemps 2020. »
Alors, quoi ? Finalement, encore une fois, nous n’étions pas prêts ?
C’est cette fois une autre petite musique pénible qui monte encore aux oreilles des enseignants excédés : 600 millions d’euros.
600 millions d’euros, c’est le montant des crédits non dépensés en 2020 et reportés à 2021 dans l’Éducation nationale, l’argent rendu, en pleine pandémie, au moment du «quoiqu’il en coûte», des milliards donnés à certaines sociétés privées. Combien de postes d’enseignants économisés en pleine crise ? combien d’outils informatiques non achetés pour des élèves qui en sont dépourvus ? Combien de journées de formations aux nouvelles modalités d’enseignement à distance ?
L’article que nous écrivions Sylvain Connac, Jean-Michel Zakhartchouk et moi-même en janvier dernier sur ce même site, «Nous ne sommes pas prêts», prend malheureusement une valeur prémonitoire.
À qui la faute ?
Jean-Charles Léon
Professeur de musique en Seine-et-Marne
À lire également sur notre site:
Réflexions sur les outils de l’enseignement à distance, par Emmanuel Maugard
Une situation sans précédent ? par Julien Cahon
(Petit) abécédaire pour questionner la continuité pédagogique, par Cécile Morzadec et Laurent Reynaud
Nous ne sommes pas prêts ! par Sylvain Connac, Jean-Charles Léon et Jean-Michel Zakhartchouk