Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !
Le module « action communication » EMI-sciences
Le module expérimental présenté dans cet article tend à la fois à développer un travail transdisciplinaire et à développer une appétence scientifique chez les élèves sélectionnés. Il s’agit d’une réflexion globale sur des hypothèses scientifiques et sur la place des médias dans la diffusion de leurs travaux.
Le module expérimental « action communication » existe au collège Claude-Bernard depuis 2008, à l’initiative de deux enseignants, Alain-Stéphane Recq, professeur de sciences de la vie et de la Terre et coordonnateur Unesco, et Natacha Marchand, professeure documentaliste, certifiée complémentaire en cinéma audiovisuel et personne ressource TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) de l’établissement. Gaël Migliaccio, professeur de physique-chimie et également personne ressource TICE, a rejoint le groupe en 2013. Il nous paraissait opportun de mettre en commun nos compétences respectives dans une pédagogie transdisciplinaire et d’ouvrir la voie vers un nouveau processus d’apprentissage, avec deux objectifs impondérables : l’éducation aux médias et à l’information et la science. Par ailleurs, afin d’élargir au maximum et de donner davantage de sens au savoir à transmettre dans notre établissement, d’autres disciplines s’associent systématiquement à notre module.
Chaque année, seize à vingt élèves de 4e particulièrement motivés postulent avec une lettre de motivation en fin de 5e et s’engagent pour une durée de deux ans, soit 100 heures de travail au total auxquelles s’ajoutent des journées de tournage, pour répondre à la problématique du projet et atteindre l’objectif. Le groupe réduit est essentiel pour l’organisation du module et nous privilégions systématiquement un élève dans sa capacité à travailler avec les autres, et faisons abstraction de son niveau scolaire. En 2016, il est devenu une option de complément en plus des vingt-six heures de cours.
Agir et communiquer, rendre les élèves acteurs de leur apprentissage, entrainer à une réflexion critique permettant progressivement une autonomie du jugement de l’élève, travailler sur une problématique et surtout sur un projet réel tout en contribuant de manière active au renforcement des buts et des principes établis par la charte du réseau Unesco, avec des partenaires locaux, nationaux ou internationaux différents à chaque session permettant d’immerger les élèves au cœur du sujet, telles sont nos priorités.
Pour cela, le module s’organise durant les deux années selon quatre phases.
Une première phase d’exploration collective consiste, dès la rentrée, à poser le cadre, comprendre les objectifs et établir un premier schéma heuristique qui servira de support. Parallèlement, les élèves sont formés d’un point de vue théorique aux médias. À la source de tout projet de communication, l’élève doit tenir compte des spécificités de chaque média. Qu’est-ce que communiquer, qu’est-ce qu’une information, ses composantes ? Pour quels médias opter : presse écrite, multimédia, télévision, radio ? Comment décrypter un document audio, visuel, audiovisuel ou multimédia ? L’analyse est incontournable et fait, par ailleurs, l’objet, pour les œuvres cinématographiques, musicales ou picturales, d’un sujet à présenter en histoire des arts. Elle permet de donner une culture générale poussée sur les grammaires de l’image (photographique, vidéographique, graphique) et de mener une réflexion sur la mise en scène de l’image et sa scénarisation.
Une deuxième phase d’expérimentation individuelle ou collective consiste à enrichir le schéma heuristique par une première étape de recherche documentaire et proposer un plan d’action qui sera validé collectivement.
La troisième étape de réalisation individuelle ou collective, consiste à diviser la classe en groupes dans lesquels les élèves vont se positionner. Un groupe de journalistes et de rédacteurs, en collaboration avec les animateurs plateau ou les acteurs, sélectionnés par casting, va particulièrement s’investir dans la recherche documentaire affinée et l’écriture d’articles, interviews, courriels, découpages séquentiels, scénarios ou l’évènementiel. Ils vont devenir peu à peu de vrais spécialistes de la gestion et du partage de l’information, de l’écriture collaborative. Nous entendons développer dans cette mission la vision d’une communication éthique, fondée sur le respect du message à transmettre comme sur les valeurs de solidarité et de citoyenneté. D’autres élèves vont s’investir particulièrement dans la publication assistée par ordinateur et le web design, le but étant de pouvoir réaliser par soi-même des mises en page, manipuler des photos et fabriquer des logos ou des infographies sur des logiciels spécifiques. Des spécialistes du son, de l’image fixe et animée vont, tout au long des deux années, se concentrer sur la réalisation des vidéos ou des photographies, en maitrisant à la fois les savoir-faire journalistique et technique ou le schéma narratif d’un film type fiction. Ils sont initiés aux techniques de prise de vue, de montage, d’effets spéciaux et de diffusion sur le web.
En « action communication », nous allons toujours sur le terrain pour étudier et établir une banque de données composée de textes, sons, images fixes et animées, un moyen pour nous, enseignants, de les faire manipuler, de transmettre des savoirs avec du concret et de les laisser se l’approprier collectivement, tout en respectant les droits d’usage. Nous sommes également, d’un point de vue juridique, propriétaires de nos documents, que nous partageons sous licence Creative Commons. Enfin, un groupe d’élèves va se focaliser sur les décors, les accessoires et le maquillage. La souplesse est de rigueur, un élève peut se positionner dans plusieurs fonctions et changer volontairement de poste à tout moment. La dernière phase consiste à communiquer le projet final car la couverture médiatique, c’est-à-dire presse écrite, audiovisuelle, radio, internet, est l’une des conditions du succès de l’opération. Même si l’usage du web fait évoluer la manière dont l’information circule auprès d’un large public, nous mettons toujours un point d’honneur à aller plus loin dans notre démarche et partager nos actions auprès des institutions, des partenaires, des parents et des médias locaux.
Depuis quelques années, on enregistre une baisse importante de l’intérêt des jeunes pour les sciences dans notre territoire. Cette baisse est marquée pour nos élèves de 3e, qui ne sont que 25 % à suivre une filière scientifique au lycée.
Le module expérimental « action communication » vise donc à renforcer l’intérêt des élèves pour ces disciplines au collège avec une politique de mixité filles-garçons, susciter leur curiosité autour d’un projet scientifique collectif et mobiliser leur capacité à trouver du plaisir dans la découverte et l’expérimentation à travers la réalisation d’une campagne de communication où s’entremêlent documentaire et fiction. Depuis 2015, les élèves s’investissent dans un nouveau projet intitulé Quasar 2.0. Les deux années de projet vont leur permettre de comprendre le sens de la démarche d’investigation, de se tenir au courant des dernières actualités de la science, de confronter des points de vue scientifiques, de concevoir et réaliser une émission télévisée scientifique et thématique composée d’un plateau TV, de reportages, d’interviews, d’adapter cinématographiquement des nouvelles de science-fiction et d’entreprendre des partenariats locaux et nationaux dont l’INSA (Institut national des sciences appliquées) de Rouen, Frédéric Deslias, artiste multimédia, ou Jack Feret, un auteur de science-fiction.
La démarche repose donc sur la création d’un site internet permettant de diffuser une webTV et les ressources numériques associées à chaque thème abordé : intelligence artificielle, éthique et biologie, espace, et d’associer tous les projets antérieurs réalisés par l’ « action communication ».
Le premier plateau de cette webTV aborde l’intelligence artificielle, un thème d’actualité qui nous amène à nous interroger et qui fait débat tant pour les scientifiques, les sociologues, les économistes, les historiens, les philosophes, les artistes et nous-mêmes : Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ? Les hommes rêvent-ils de robots qui les remplaceraient ? La création de l’intelligence artificielle est-elle le plus grand évènement de l’histoire de l’homme, c’est-à-dire le dernier avant le grand Armageddon cybernétique ? Sommes-nous condamnés à devenir des cyborgs ? Où en est aujourd’hui la recherche sur l’intelligence artificielle ?
Pour y répondre, les élèves travaillent actuellement sur la définition de l’intelligence artificielle, tout en abordant de grands scientifiques incontournables tels qu’Alan Turing ou Stephen Hawking. Ils traitent des sujets d’actualité de tout ordre (scientifique, économique, logistique, artistique, ludique) pour comprendre son évolution. Ils conçoivent l’adaptation d’une nouvelle de science-fiction de Fredric Brown), mettent en place un plateau TV avec des interviews donnant des points de vue différents ciblés sur la science, la littérature et l’art.
La présentation du module sur le site de l’établissement : http://claudebernard-legrandquevilly.arsene76.fr/matieres-enseignees/action-communication/