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Les mots-clés des nouveaux programmes

En lien et cohérence avec les attendus du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture, l’enseignement du français met l’accent sur l’aspect communicationnel et les échanges verbaux tout au long de la scolarité. (de 20 occurrences en cycle 2 à 63 en cycle 4). Le débat en classe, qui nécessite de savoir argumenter, (se) justifier, expliquer… augmente de façon exponentielle d’un cycle à l’autre, même si les occurrences sont en gros équivalentes entre cycles 3 et4. Cela renvoie à l’apprentissage du statut d’élève où il faut apprendre à travailler ensemble mais aussi gagner en habileté et en assurance pour devenir des acteurs responsables dans le monde de plus en plus complexe dans lequel nous vivons. (« expliquer » : 14 fois en cycle 3, 32 fois en cycle 4)

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Les fonctions exécutives, qui occupent une place prépondérante dans tous les apprentissages, sont déjà très prégnantes au cycle 2 à travers les verbes raisonner, réfléchir, analyser… mais aussi à travers le concept de créativité. (28 fois en cycle 4, contre 12 en cycle 2) Créer ne se réfère pas qu’au domaine artistique mais à une multitude de domaines, y compris lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes de la vie quotidienne. Cette capacité à résoudre des problèmes, à réaliser des projets en formulant des buts, à mettre un plan en action, à prendre des décisions, augmente au fur et à mesure de la scolarité de l’élève, dans la logique de développer des compétences adaptatives à la complexité du monde en perpétuel changement.

En ce qui concerne le domaine de la perception, les verbes observer, identifier, repérer et explorer sont cités de nombreuses fois, surtout au cycle 3, cycle de consolidation. Sans doute est-ce pour insister sur l’apprentissage à adopter une posture d’observateur, assortie d’une approche « rationnelle » du monde. Par voie de conséquence, le verbe décrire, qui se réfère au domaine du langage mais aussi à la capacité à exposer des éléments observables avec objectivité, est cité une trentaine de fois dans les trois cycles.

Mobilisation des connaissances

Socle de tout apprentissage, la mémoire est davantage déclinée en termes d’appropriation que de restitution, ce qui met en exergue les mécanismes actifs qui utilisent les indices de l’encodage. Co-extensive de la mémoire, l’attention est exprimée sous la forme de mobilisation des connaissances, des expériences et des outils. On repère donc, qu’à travers ces programmes, il ne s’agit pas seulement d’appliquer des connaissances mais de les adapter et de les généraliser.

L’utilisation des outils numériques comme supports de communication et d’apprentissage est bien évidemment recommandée, plus particulièrement au cycle 3, sans doute identifié comme étant le moment stratégique de leur apprentissage.

Le mot culture, présent dans l’intitulé du Socle commun pour la première fois, est fréquemment nommé dans les trois cycles. Il se réfère aux connaissances acquises dans une multitude de domaines : littérature, philosophie, sciences, art, histoire, géographie… mais invite également à l’exercice du jugement et à l’éclairage que doit avoir l’Homme sur lui-même et sur le monde pour lui permettre de progresser.

Pédagogie de projet

Si la «pédagogie de projet» est présente depuis plusieurs décennies à l’école maternelle, «l’apprentissage par projet» apparait explicitement et de façon graduelle dans ces programmes au cours des cycles 2, 3 et 4. Cela met en évidence la nécessaire continuité recommandée tout au long de la scolarité d’un élève. Le mot «projet» : pour chaque cycle : 27, 42, 54 occurrences.

Au regard des valeurs sous-tendues par les mots les plus exprimés dans ces programmes, l’apprentissage par projet synthétise l’ensemble des attendus de l’Ecole. Un processus systématique d’acquisition et de transfert de connaissances au cours duquel l’apprenant anticipe, planifie et réalise, dans un temps déterminé, seul ou avec des pairs et sous la supervision d’un enseignant, une activité observable qui résulte, dans un contexte pédagogique, en un produit fini évaluable.

Enfin, le verbe comprendre, exprimé 124 fois au cycle 4 (!) ne se limite pas seulement aux contenus disciplinaires et didactiques mais aussi à la maîtrise de compétences métacognitives permettant à l’élève de développer une conscience de ses démarches au cours de l’exécution de tâches dans lesquelles il est engagé. Cela rejoint le domaine 2 du socle commun : « Méthodes et outils pour apprendre », qui a pour objectif de permettre à tous les élèves d’apprendre à apprendre afin de réussir dans leurs études et de se former tout au long de la vie.

Bénédicte Dubois
responsable du Pôle éducation inclusive, IFP Nord Pas de Calais

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