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«Les élèves apportent leur propre connaissance de la langue.»

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Hélène Eveleigh et Soizic Guérin-Cauet

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De quelles langues parle-t-on dans ce dossier ?

Soizic Guérin-Cauet : Dans le dossier il y a bien sûr les trois langues vivantes étrangères les plus enseignées en France : l’anglais, l’espagnol et l’allemand, mais aussi le breton, l’occitan, l’arabe, l’italien, le français langue seconde (ou de scolarisation) et même quelques mots de lituanien.

Hélène Eveleigh : Nous avons essayé d’équilibrer les contributions, même si, logiquement, l’anglais domine, sans pour autant être présenté comme la langue de la mondialisation. Nous tenions aussi à ne pas enfermer le dossier dans les querelles, très médiatisées, concernant notamment la réforme du collège et des classes bilangues, sans pour autant évacuer les questions d’actualité.

Pourquoi faut-il enseigner les langues ?

S. G.-C. : D’abord parce que le monde se rétrécit, que nos élèves seront amenés à voyager professionnellement ou personnellement, davantage que nous l’avons fait. Mais aussi et surtout pour s’ouvrir aux autres, pour former des citoyens à même de mieux saisir qui ils sont dans l’altérité. Parce que l’ouverture culturelle et la compréhension sont gages de tolérance.

H. E. : La réflexion sur le plurilinguisme me semble particulièrement d’actualité : quand les élèves d’une classe connaissent et parlent chez eux une grande variété de langues, c’est une richesse qui doit rejaillir sur l’apprentissage des langues enseignées à l’école. Cette diversité doit être considérée comme un atout et non un handicap, l’apprentissage se nourrissant de la comparaison des langues et des cultures.

Qu’y a-t-il de nouveau dans l’enseignement des langues aujourd’hui ?

S. G.-C. : Les TICE, indéniablement. Il y a encore 20 ans, voire 10 ans, les langues restaient dans la classe, le modèle était celui du prof ou de la cassette audio du manuel. A présent, la langue et la culture qu’elle transmet sont partout. On peut dialoguer en direct avec un partenaire à l’étranger, on peut avoir des infos en langue cible instantanément, et puis l’enseignant peut rentrer chez lui avec les vingt-cinq fichiers audio des élèves qui se seront entrainés au dialogue, par exemple. Par ailleurs, cet accès est possible en dehors de la classe et on constate que les élèves apportent leur propre connaissance de la langue à travers les jeux vidéos, les séries télé, etc. Il faut parfois corriger, mais le prof n’est plus la seule référence. C’est valable pour toutes les disciplines sans doute, mais cela prend une dimension particulière en langues.

Avec les TICE, en accord avec les nouvelles directives qui mettent l’accent sur l’oral (nouvelles épreuves du bac en 2013), la langue est plus vivante.

Il y a aussi le développement de la certification complémentaire DNL, avec cette idée que la langue est un outil au service de contenus disciplinaires qui, jusqu’à présent, étaient l’objet d’un autre cours. Au sein des sections européennes ou de langues orientales, des sections bachibac et abibac, qui existent encore en lycée, les élèves approfondissent leurs savoirs en histoire, en maths, en technologie ou en marketing dans une langue et une culture différente. Ça, c’est une véritable richesse, aussi bien pour les élèves que pour les enseignants qui modifient leurs pratiques dans l’interdisciplinarité.

Une surprise, un regret, un intérêt, une satisfaction particuliers ?

S. G.-C. : Nous avons été impressionnées par la quantité des contributions, cela prouve que le sujet est bien vivant et que ce dossier était attendu. Beaucoup d’anglais, c’est logique, mais il ne fallait pas que cela masque la diversité des langues enseignées en France. Ce fut parfois plus compliqué d’avoir d’autres langues, comme l’arabe par exemple.

J’ai été très intéressée par les différentes pratiques exposées, je crois que c’est ce qu’attendent aussi les collègues. Feuille de route, multimédia, projets interdisciplinaires, j’aimerais tout mettre en œuvre !

Un regret ? Des auteurs que nous avons sollicités et n’ont pu répondre faute de temps, mais surtout ne pas avoir pu rencontrer tous les auteurs pour discuter longuement avec eux de leurs pratiques et idées sur le métier !

H. E. : N’étant pas spécialiste de la question, j’ai beaucoup appris en rassemblant les contributions et j’ai été frappée par la variété des pratiques, la créativité des enseignants et de leurs élèves, notamment avec l’utilisation du numérique à des fins d’échanges et d’ouverture aux autres cultures. Les projets interdisciplinaires (avec les EPI en collège mais pas seulement) me semblent une approche très intéressante pour donner sens à l’enseignement des langues, de même que les approches par l’image, le théâtre ou la mise en jeu.

Un regret ? Avoir dû refuser des propositions tardives, qui continuaient d’arriver quand nous avions déjà rassemblé la quantité de textes maximum pour le dossier.

Propos recueillis par Cécile Blanchard