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L’éducation aux médias, un objet enfin identifié ?

emilie-kochert.jpgNous sommes inondés d’informations. L’actualité a même remplacé l’information dans une culture du buzz où souvent on ne prend pas le temps de vérifier ce qu’on voit ou entend. Les évènements de l’année 2015 ont mis en lumière la difficulté pour les élèves de repérer les vraies informations des mensonges qui circulent tout aussi librement sur internet. Est-il simple de déceler le vrai du faux ou de sélectionner l’information quand elle se noie dans le divertissement ? Éduquer aux médias et à l’information, apprendre à analyser et à critiquer l’information, sans pour autant aboutir à une défiance généralisée vis-à-vis de la presse, relève des missions des enseignants.

En 2013, la loi de refondation de l’école annonçait une « éducation renouvelée aux médias, à l’information et à l’usage responsable d’internet et des réseaux sociaux dispensée de l’école primaire au lycée », avec une place importante accordée au numérique. Il s’agit de permettre aux élèves de comprendre l’information qui leur parvient, de s’y intéresser et de mieux connaitre ainsi le monde qui les entoure, d’investir les outils numériques pertinents, et de devenir ainsi capables de déceler « l’infaux ». L’enjeu est certes cognitif, mais les médias sont aussi un mode de socialisation des jeunes parallèle à ceux proposés par l’école et les familles.

L’éducation aux médias et à l’information (ÉMI) comporte de nombreuses facettes. Le présent dossier s’est concentré sur l’aspect analyse de l’information. Parti pris assumé, car l’information et notamment les images circulent très rapidement et il faut donner les moyens de les comprendre, surtout quand elles soutiennent un discours parfois complotiste. C’est à nous, enseignants, de leur faire découvrir comment on fabrique l’information et comment fonctionnent les médias, pour leur permettre de s’orienter dans ce dédale si tourbillonnant qu’il n’autorise ni recul ni esprit critique si on n’y est pas formé.

C’est une de nos missions précisée dans les programmes, mais c’est aussi un enjeu de société, comme le montrent les premiers auteurs du dossier. L’un des enjeux de l’ÉMI est bien la formation de futurs citoyens capables de savoir s’informer autant que savoir être informés. Leur apprendre à croiser les informations, analyser les photographies, etc., c’est ambitieux mais nécessaire. Il faut donc leur permettre de commencer tôt. Que tous aient accès à cette éducation, la vraie fracture est là. Entre ceux qui maitrisent les codes et les autres.

Ensuite, si chacun d’entre nous, enseignants, de la maternelle au lycée, a un rôle essentiel à jouer, l’un des principaux avantages de l’éducation aux médias et à l’information, c’est son caractère à la fois transdisciplinaire et disciplinaire. Ainsi, il est parfaitement possible de travailler des compétences propres au français et, en même temps, des compétences transversales. Chaque enseignant doit donc y prendre part avec l’avantage, dans le secondaire, de pouvoir le faire avec les professeurs documentalistes, formés à l’information-documentation. On retrouve donc des séances clés en main et des aides à la mise en œuvre d’abord transdisciplinaires puis disciplinaires, pour tous les niveaux de la maternelle au lycée. Il est aussi urgent que les référentiels des premiers cycles soient publiés et ne se concentrent pas uniquement sur l’enseignement moral et civique (EMC).

Cette demande institutionnelle de travailler sur l’éducation aux médias et à l’information implique de mettre en place une formation d’envergure Cette dernière ne peut oublier les inquiétudes de certains enseignants qui peuvent se sentir dépassés par l’ampleur de la tâche ou par la rapidité de cette information qui ne nous laisse plus le recul nécessaire à l’analyse. Des outils existent et se développent pour nous y aider, certains sont proposés dans ce dossier.

Émilie Kochert
Professeure d’histoire-géographie EMC à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)