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Je cherche, donc j’apprends

Et si le but de l’école était d’abord de faire germer l’envie de savoir, de cultiver la curiosité et d’outiller la recherche des réponses aux questions qu’on se pose ? C’est un bel enjeu de transformation de nos pratiques actuelles. Car l’air de rien, chercher à faire de nos élèves des graines de curieux, c’est d’abord faire un travail sur soi : c’est changer notre propre rapport au savoir et c’est aussi accepter d’aller vers l’inconnu, en partant de questions et non de réponses. Difficile d’espérer rendre les élèves plus curieux si on ne l’est pas soi-même !

Lorsqu’on observe de très jeunes enfants, on constate souvent qu’à leur entrée à l’école maternelle, ils sont vivants, curieux, pleins d’imagination et avides de connaître.
Pendant un certain temps, ils gardent ces traits merveilleux et, petit à petit, ils deviennent passifs en même temps que ces qualités s’estompent.
[…] Les aptitudes intellectuelles et l’énergie de l’enfant ne semblent pas avoir été altérées par les cinq ou six premières années de sa vie passées dans sa famille.
Ce n’est sans doute pas là que l’on trouvera les causes de cette perte de curiosité et d’imagination. Il faut plus vraisemblablement les chercher dans l’école elle-même. »

Mathew Lipman

Comment rendre nos élèves plus avides d’emprunter les chemins de la connaissance ? Comment les outiller dans leurs recherches, afin qu’ils apprennent à trouver des réponses à leurs propres questions ? Quelle posture adopter, en tant qu’enseignant, pour provoquer l’envie de savoir ou d’apprendre au lieu de l’éteindre malgré nous ? Autant de questions auxquelles se sont attelés une vingtaine d’enseignants, dans le cadre d’un module de formation proposé par le Centre d’études supérieures de pédagogie du Hainaut.

Un chantier d’écriture réflexive

La démarche de formation invite les participants à remettre en chantier leurs pratiques de classe dans un domaine particulier (ici, celui de la curiosité et de la recherche), afin de transformer – un tant soit peu – ce qui arrive à leurs élèves. Elle repose sur l’idée qu’écrire ses propres pratiques permet de les partager « à distance » et, ce faisant, de porter un regard réflexif sur le quotidien de sa classe et sur les transformations que chacun peut y apporter pour changer l’école.

Questionner ses pratiques pour les mettre en chantier

Tout a donc commencé par un temps de questionnement sur la curiosité et la recherche des élèves, en partant des constats de ce que chacun pouvait réaliser dans sa classe et de l’état des lieux de ses pratiques existantes.

  • L’école est-elle vraiment un éteignoir de la curiosité, comme le sous-entend le philosophe et pédagogue américain Matthew Lipman ? Et si oui, en est-elle la seule responsable ?
  • Dès lors, comment susciter / réveiller cette curiosité endormie ?
  • Les enfants ne sont pas tous curieux ; et s’ils le sont, ils ne le sont pas vis-à-vis des mêmes choses. Comment gérer cela dans une classe de vingt élèves ?
  • Les enfants en difficulté à l’école sont aussi souvent peu curieux et résistants à l’idée de se mettre en recherche. Comment les motiver ?
  • Tous les enfants ne bénéficient pas des mêmes ressources culturelles dans leur environnement familial. Inviter les élèves à rechercher des réponses à leurs questions puis à présenter le fruit de leurs recherches en classe (sous la forme d’exposés, de conférences d’élèves, etc.), cela ne renforce-t-il pas les inégalités sociales ?
  • Être curieux, c’est oser s’aventurer sur les chemins de l’inattendu. N’est-ce pas contradictoire avec l’existence d’un programme préétabli de connaissances à acquérir ?

Voilà quelques-unes des questions que nous nous sommes posées à l’entame de ce chantier d’écriture réflexive. Elles ont constitué le point de départ d’un travail de questionnement de nos pratiques et, ce faisant, en ont suscité d’autres.

Paroles d’experts

Nous avons soumis toutes nos interrogations à un panel d’experts qui ont accepté de prendre du temps pour y apporter leurs propres réponses.

Leurs contributions sont réunies dans la brochure téléchargeable ci-dessous. Leurs regards croisés nous ont aidés à nous engager sur de nouvelles voies dans nos pratiques de classe au quotidien et à étayer nos choix.

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Christian Watthez
Maître-assistant au département pédagogique de la HELHa (Haute École de Louvain en Hainaut) à Leuze-en-Hainaut (Belgique)


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