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« Il faut maintenant que l’audace dépasse la prudence. »

Votre avant-propos s’intitule : « L’école du socle commun : slogan creux ou chantier d’avenir ? » Alors, qu’en pensez-vous, ce dossier terminé ?

jmz-nb.jpgJean-Michel Zakhartchouk : A lire ce qui nous a été envoyé quant aux expériences novatrices sur la mise en place de la continuité école-collège, on a envie d’être optimiste, mais on sait aussi que ça ne reflète que très imparfaitement la réalité moyenne…

francis-blanquart.jpgFrancis Blanquart : L’année prochaine on pourra fêter le dixième anniversaire de la loi d’orientation sur le socle commun, on sait que les changements prennent beaucoup de temps, mais la citation « Festina lente : Hâte toi lentement » n’a été que trop usitée, il faut maintenant que l’audace dépasse la prudence.

celine-walkowiak.jpgCéline Walkowiak : J’espère que ce n’est pas un slogan creux. Le mot « chantier » me semble particulièrement bien choisi. Il y a une opportunité évidente pour la communauté éducative dans son ensemble pour interroger en équipe les pratiques existantes et tenter de nouvelles formes d’enseignement et d’accompagnement du parcours des élèves. C’est une opportunité à ne surtout pas laisser passer.

Quelles expériences vous ont particulièrement marqués ou parues riches ?

J.-M. Z. : Encore une fois, aller voir du côté du collège Clisthène à Bordeaux fait du bien : la manière dont se passe cet échange autour des sciences me parait exemplaire.

F. B. : Moi, c’est la rencontre avec l’équipe du collège Rabelais de Mons-en-Baroeul qui m’a beaucoup séduit et a confirmé que la pugnacité de quelques-uns et le dynamisme d’un travail d’équipe étaient des clés incontournables pour la réussite des élèves.

C. W. : Pour ma part, j’ai été très impressionnée par le récit que font Frédérique Cauchi-Bianci et Patrice Lemoine de l’expérience de Toulon. La lecture de cette contribution a dynamisé ma propre réflexion d’enseignante de français sur cette « entrée en littérature » dont il est question dans l’article. C’est une expérience de liaison que j’aurais aimé vivre de l’intérieur. Et un autre texte, celui de Michel Develay, « Comprendre la vie », parce qu’il ouvre des perspectives nouvelles enthousiasmantes.

Qu’est-ce qui vous parait pouvoir favoriser le développement de cette école du socle émergente ?

J.-M. Z. : D’abord un peu de volonté politique « en haut ». Les équipes qui innovent, expérimentent, ne doivent pas se sentir marginales. On doit aller jusqu’au bout de ce qui a été engagé, souvent trop timidement.
Ensuite, tout ce qui est formation commune, dont la partie « à distance » par le numérique ne peut venir qu’en complément de travaux collectifs, sur le terrain.
Enfin, la responsabilité des chefs d’établissements de collèges est écrasante si on veut que ça marche…

F. B. : La formation des enseignants est essentielle, les formations en commun dans les établissements nous paraissent donner des résultats intéressants.
Le travail coopératif est une façon de mieux faire le travail, cela permet de développer une cohérence pédagogique indispensable pour compenser un contrat social qui a beaucoup changé.

C. W. : Je pense qu’il faut communiquer sur les enjeux de cette école du socle. Montrer aux enseignants du premier et du second degré les intérêts pédagogiques d’un travail collaboratif qui accompagne plus finement les parcours des élèves, la richesse de la mutualisation des pratiques, la nécessité de se construire une culture pédagogique commune dans les établissements et réseaux d’établissements. Parce que c’est tout cela, l’école du socle, et encore une fois, pas qu’un livret à cocher et à se transmettre de cycles en cycles.