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Graines de sciences n° 9 pour enseignants et parents

Cette revue participe de la culture scientifique commune, sous l’égide de la « Main à la pâte » qui en reçoit les droits d’auteurs. Six thèmes sont traités par six auteurs, après des échanges préalables entre formateurs et scientifiques ; ainsi vingt-six enseignants ont participé à la préparation de ce numéro. Les concepts, parfois difficiles, sont énoncés et expliqués avec un grand nombre de détails et de bons schémas colorés.
Les thèmes appartiennent à des sciences très diverses et sont reliés à des préoccupations de notre vie commune : cela va de la biodiversité, les mécanismes de l’évolution, le nanomonde, pour les plus urgents… au récit de la domestication de la lumière (du feu à la DEL, en passant par la lampe à filament). Car la science n’est pas conçue dans cet ouvrage, comme exercice intellectuel de l’homme qui serait séparé de tous les autres aspects de sa vie et notamment de la vie politique. Chaque sujet est suivi d’une bibliographie, de sites, et parfois de l’adresse d’associations. Voyons quelques articles de plus près.
Véronique Barriel nous conte les difficultés de trouver l’origine de l’homme. Il faut des siècles pour que cette question quitte la seule philosophie et entre dans la science. L’homme voudrait être isolé dans une catégorie à part ! Les classifications se suivent, parfois très étranges : en 1758, Linné place ensemble l’homme, les grands singes, et… les chauves-souris ! La filiation des espèces entre elles fait l’objet d’une hiérarchie rigoureuse des catégories (branche, famille, genre…). Cette hiérarchie suggère la nécessité d’une ou plusieurs espèces entre les chimpanzés et les hommes ou bien d’un ancêtre de l’homme dont on ne trouve pas de traces. On ne sait pas où placer l’homme de Néandertal… Les questions sont multiples.
Le changement climatique, nous dit Gwladys Mathieu, crée des déséquilibres systémiques. Deux exemples : les abeilles méditerranéennes s’éveillent de plus en plus tôt au printemps et pas les fleurs. D’où, une période de famine et une participation décalée à la pollinisation. Des palmiers d’Asie introduits en Europe au XVIIIe siècle (espèce invasive) s’installent dans le sud de la Suisse et font de l’ombre, au sens propre, aux espèces locales et les gênent. Le Centre de recherche sur les écosystèmes d’altitude (Crea) a conçu un programme d’observation populaire Phénoclim auquel on peut participer.
Les mécanismes de l’évolution nous montre le fonctionnement concret de l’hérédité dans l’espace géographique. Des espèces se créent aussi par l’isolement et Darwin s’est inspiré des techniques des paysans pour créer des races.
Dans Science et fiction Roland Lehoucq fait remarquer que les physiciens choisissent de donner des mots ordinaires à leurs concepts (force, trou noir…) ce qui renforce leur ancrage dans notre quotidien, avec une tendance à réduire le caractère spécifique du concept. À l’inverse, les biologistes utilisent le latin et créent un nom savant même pour la vache ou la laitue. Lehoucq nous livre quelques commentaires scientifiques à propos de récits connus : Tintin sur la Lune ne pourrait pas supporter la lumière solaire à travers des verres ordinaires, il lui faudrait des films d’or…
L’intérêt fondamental de cette revue réside dans le fait qu’elle ne simplifie pas. Chacun de ces articles rend bien compte de la complexité des phénomènes, c’est-à-dire du grand nombre de variables et de leurs multiples interactions entre elles. C’est une présentation abrégée de ces relations, ce n’est pas la réduction du nombre des variables. C’est ce qui en fait un ouvrage précieux pour les enseignants et parents d’enfants cycle 3 et début collège.

Aurélien Péréol